mercredi 24 avril 2024

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R.U.S.T. T1 : BlackList de Blengino et Nesskain

RUST T1 BlackList chez Delcourt pour chronique 7BD
Série:
R.U.S.T.



Titre
: Tome 1, Black List



Auteur :
Blengino (scénario), Nesskain (dessin)



Editeur :
Delcourt



Collection
: Neopolis



Année :
2015



Pages
: 144



Prix
: 17,95€









Résumé :



Nous
sommes en 2100 après JC ou en 25 après le White Strike, selon votre
calendrier. Un petit groupe de commandos tentent de récupérer un
robot géant, ou plus précisément quelque chose dans le robot
géant. Et pour cela, ils sont prêts à risquer leurs vies,
puisqu’ils sont menacés d’une mystérieuse interception et reçoivent
même l’ordre de rebrousser chemin. Mais ils ne vont pas s’arrêter
pour autant, c’est sans doute à cela qu’on reconnaît les héros.
Par contre, ce qu’il vont trouver dans les entrailles de ce robot ne
va pas leur faire plaisir et va avoir comme conséquence de rendre la
Black List inévitable pour sauver l’humanité…









Mon
avis :



Je
suis un peu entre deux chaises – oui, j’aime l’équilibre – . J’ai
aimé l’idée de fond de l’histoire et j’ai hâte d’en découvrir la
suite ! Je trouve l’annonce « on va confier la sauvegarde de
l’humanité à une bande de psychopathes » un peu… un peu
mensongère. Des psychopathes, il y en a un. Après, tueur à gage,
drogué, folle relèvent d’un autre domaine que la psychopathie.
Cette scène d’accroche, où un groupe de commandos va chercher à
explorer le robot, fonctionne très bien. Mais parfois, il y a des
choses un peu exagérées. Ou c’est du second degré. Je n’ai pas
réussi à trancher. Par exemple, la réplique qui entrera dans la
légende : « Il y a 138% de chances que vous soyez
interceptés » m’a fait beaucoup rire. Toute l’analyse
scientifique du début m’a plus rebuté qu’emporté. Mais je me suis
accroché et j’ai eu raison, car au global, j’ai une impression plus
positive que négative.



Un
des problèmes de fond de cette histoire est un classique souvent
traité « Peut-on faire n’importe quoi sous prétexte de sauver
l’humanité, et sacrifier sciemment des vies humaines, sans leur
accord » par exemple dans Watchmen. Mais il est abordé ici
sous l’angle original de Angel. Ce personnage, anti-héros au
possible, taré pris de crise de folies meurtrières, se révèle
être un des derniers espoirs de l’humanité. Alors, donne-t-on au
psychopathe ce qu’il désire, des victimes, pour le convaincre de
nous aider, ou trouve-ton une autre solution ? Et y a-t-il une autre
solution ?



C’est
autour de ce dilemme que se construit l’histoire. Bon, mais sans plus
de détails, tout ceci va vous paraître un peu nébuleux. Alors, une
fois n’est pas coutume, je vais vous DEVOILER une partie de
l’intrigue – SPOILER, comme on dit aujourd’hui -. Attention, si
vous voulez garder l’esprit libre pour vous plonger vierge dans RUST,
passez ces paragraphes.




La
terre a été envahie par des créatures extra-terrestres
mi-organiques mi-mécaniques mi-on ne sait pas trop quoi. L’humanité,
décimée, s’est réfugiée sous terre et est menacée d’extinction.
Ils ne sont plus qu’un demi milliard d’habitants ! Sur toute la
terre, hein, pas qu’aux Etats-Unis… ;^)



Heureusement,
malgré le manque de ressources et le fait de devoir vivre caché
sous terre, l’humanité a pu construire des robot géants ! Oui, ils
ont construit de très grandes caves sous les parkings. Robots, pas
sûr. Il s’agit plus d’entités semi-organiques, pilotés par des
pilotes qui fusionnent biologiquement avec le robot pour le contrôler
comme un corps géant. Le pilote doit donc avoir un ADN compatible
avec le robot, ce qui ne concerne qu’une personne sur cinquante
millions. Si vous faites le calcul rapide, pour 500 millions
d’habitant, ça fait dix personnes ! Coup dur. Or, le dernier pilote
vient de mourir ! Double coup dur. Et c’est là que sort la BlackList
! La liste de fêlés en tout genre, qui sont aussi compatibles, soit
cinq personnes au total. Dans le lot, un psychopathe, Angel et
également un tueur à gage, un drogué, une fanatique religieuse et
un terroriste pyromane. Le compte est bon.



Pour
ma part, si j’avais été au gouvernement, j’aurais juste laissé le
psychopathe dans son asile pour prendre le tueur à gage, le drogué
-après cure de désintox, hein – et le terroriste pour commencer !
En gardant le pire pour la fin. Mais bon, je suis pas dans le
gouvernement donc voilà.



Allez,
fin du SPOILER, la vérité ne vous sera plus DEVOILEE ici. On
reprend le cours de la chronique pour tous, sans gâcher la surprise
de personne.






Donc,
il y a quand même certains éléments de la narration qui
m’intriguent et que je trouvent un peu tirés par les cheveux. Au fur
et à mesure de la lecture, on se rappelle les probables
prédécesseurs et inspirateurs de R.U.S.T. – on repense avec émotion à
Makross et à l’Attaque des Titans -, mais R.U.S.T. parvient à se
différencier par son intrigue noire, où tout d’un coup, la vie perd
énormément de sa valeur, par ses personnages qu’on pressent
intéressants et qui vont probablement se développer dans les tomes
suivants et surtout par des rebondissements qui ont l’amabilité de
vous surprendre. Le cliffhanger de la fin de ce premier tome est fort
intéressant. Car si on n’apprend rien sur les envahisseurs, on en
découvre plus sur autre chose… Je ne dirai rien, le paragraphe
spoiler est terminé.



Scientifique
blasé, psychopathe en vadrouille, envahisseur rappelant un peu
quelques grands anciens, vous savez, ceux de Lovecraft, qui
apparaissent un jour, écrasent un peu tout autour et s’en vont après
avoir rendus fous tous ceux qui les ont vus. Et tout ça sans qu’on
comprenne vraiment leur raisons ! Des éléments forts mais auxquels
il manque encore un petit souffle pour vraiment décoller. Comme ce
moment où l’un des R.U. – Robots Unit, c’est comme ça que sont
nommés les Robots semi-biologiques – doit se rendre dans une zone
où il faut quelques minutes pour repositionner les satellites et
établir des communications. Comme l’humanité a envie de gâcher ces
R.U;, au lieu de lui dire d’attendre quelques minutes avant d’aller
dans la zone, ben, on l’envoie tout de suite en lui disant qu’on va
juste perdre le contact quelques minutes. C’est malin, ça ! A moins
que j’ai mal compris la problématique…



En
fait, pour ma part, j’étais plus intrigué par comment les
commandos/savants vont gérer Angel que par savoir si on va se
débarrasser des envahisseurs ou non.




Page de RUST T1 de Bengino et Nesskain chez Delcourt pour chornique 7BD




Mais
pour vous attirer encore plus dans cette histoire, il y a les dessins
de Nesskain ! Tirant vers le réalisme, tout en donnant une touche
comic à ses personnages, Nesskain sait nous rendre cette histoire
crédible. Ces personnages sont expressifs, mais je regrette qu’Angel
ne soit pas plus angoissant. Son portrait le plus réussi est sans
aucun doute celui de la couverture, où on sent l’homme qui sait que
son heure va venir et attend, sûr de sa supériorité, inquiétant
pour ceux qui le regarde. Les décors sont réalistes et les espaces
naturels, comme le désert, ont quelque chose d’onirique, de
mystérieux, qui marche vraiment bien. Les envahisseurs sont tout ce
qu’il y a de plus surprenant. Tous différents, tous étranges, aucun
ne peut vous faire deviner à quoi va ressembler le suivant. Une
vraie réussite. Et les robots ont aussi un design original.
Différents les uns des autres mais à l’inverse des aliens, on sent
une ligne qui les unit dans leur conception. Là aussi, ça
fonctionne bien.



Les
couleurs sont travaillées. On est donc dans une intrigue sombre,
noire, pesante, et pourtant, les teintes claires sont toujours
présentes. La force de ce choix et de son utilisation, c’est que ces
couleurs vives ne rendent pas l’histoire moins sombre, bien au
contraire. Par contraste, la clarté des images vous renvoie la
noirceur du récit.



Malgré
le format petit de cette BD, le découpage est ample, laissant la
place à de grandes cases. Il favorise ainsi une mise en avant de
l’action, limitant les dialogues pour permettre des belles scènes
muettes qui visuellement sont réussies.



L’histoire,
coupée en chapitres, trouve ainsi son espace entre de beaux dessins
pleine page et des planches composées de deux à quatre bandes de
une à trois cases.



Le
cadrage en met plein la vue et sait intriguer en mettant en avant au
bon moment les éléments nouveaux de l’histoire. Robots géants sous
la pluie battante, regards sournois, têtes hallucinées ou monstres
surgissant des profondeurs de la terre !






R.U.S.T.
est annoncé en trois tomes, une bonne nouvelle ! Une mini-série,
qui ne va pas prendre le risque de délayer son histoire pour durer.
Et c’est tant mieux pour nous, lecteurs. Malgré la taille
conséquente d’un volume – comptez 144 pages, mine de rien -, les
deux autres sortiront en 2016 ! L’un au premier semestre et l’autre
au second. Du coup, on se doute que les auteurs ont vraiment dû se
donner à fond pour tenir de tels délais. Ce qui pourrait expliquer
ces éléments de l’histoire un peu bancal relevés plus haut.






Mais
je ne bouderai pas et serai bien curieux de connaître la suite et
même la fin de ce récit. J’espère que l’aspect noir présenté
dans ce premier tome sera conservé jusqu’au bout, et qu’Angel
l’anti-héros ne passera pas par une rédemption ultime pour devenir
un véritable héros. Après tout, « Noir c’est noir »,
et c’est que que j’aime dans cette BD !




Et
pour finir en beauté, la Bande-Annonce :












Zéda
recruté pour devenir pilote de méchas semi-organiques ?






"LA ROUILLE" strip de Zéda pour chronique 7BD sur RUST T1 blacklist




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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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