samedi 20 avril 2024

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Rêves syncopés de Laurent Bonneau et Mathilde Ramadier

Editions Dargaud
Titre : Rêves Syncopés
Dessin : Laurent Bonneau
Scénario : Mathilde Ramadier
Editeur : Dargaud
Résumé :  

Cette
BD est un témoignage. Un grand personnage nous parle de son sujet
favoris : la naissance de la culture musicale électronique
techno jusqu’à son expansion vertigineuse en à peine une dizaine
d’année… 
Laurent Garnier, célèbre DJ underground, nous explique comment il a vécu cette
mouvance novatrice.  Il nous décrit donc sa carrière (
De Manchester à Berlin en passant par Paris et Detroit), ses rencontres, ses sensations, ses convictions, ses sources, ses
expériences, ses anecdotes etc…, le tout avec entrain et une passion
toujours aussi constante.

 La bande annonce par Laurent Garnier Himself !


Mon avis :


Cette œuvre est une expérience graphique adaptée au thème en question. Une BD
bizarre mais en même temps très agréable et intéressante. On tombe parfois
dans du kitsch et/ou du psychédélique mais toujours graphiquement très
travaillé, un vrai bonheur pour les yeux. Laurent Bonneau est un
véritable artiste au-delà de la ligne claire, le design est en
premier plan.

laurent Bonneau et Mathilde Ramadier, Dargaud
Planche 36

 Le dessin, les couleurs, le style, la mise en scène :


Le
dessin de Laurent Bonneau est de toute beauté, très élaboré,
puissant, dynamique, donnant cette impression de mouvement.
Il colle à merveille avec le sujet techno,  le mariage avec la
musique s’opère donc parfaitement. Ce dessin nous transcende dans
cet univers rythmé, les gens dansent, le dessin danse et nous fait
planer, voire rêver. Nous sommes plongés dans la musique, dans ces
salles de danse… on croirait que la musique sort du dessin. 

C’est
magique. 
 

Les
couleurs sont vives et fugaces, entraînantes et
apaisantes à la fois, tantôt chaudes et tantôt froides suivant la
cadence de la mélodie du découpage et du scénario. J’ai beaucoup
apprécié aussi les bulles de couleurs lors des dialogues, que l’on
associe évidemment aux couleurs des vêtements des interlocuteurs.

Le
style est à la fois moderne et rétro, très design et réaliste. 

Les
portraits sont d’une justes
et carrément bluffants. J’adore
le portrait de Jeff Mills par exemple… 
 

Les
mises en scène des cases sont bien agencées, alternant donc
portraits, vues d’ensemble, gros plans, détails, flous etc…

Dargaud
Planche 9

Le scénario, le découpage :

Le
scénario part d’une base classique : une interview de Laurent
Garnier. (A noter, chose assez rare, que la scénariste est
l’interviewe
use, et donc qu’elle est dessinée par le dessinateur…)
Mais la magie de tout bon scénario 
fait effet, on finit par oublier
l’interview classique pour 
se plonger corps et âmes dans le fond
de la BD et avoir envie de danser et d’écouter la musique sujette
de l’œuvre. 

 


Cette
interview se transforme donc en une véritable aventure, un
documentaire captivant aux multiples références musicales et de leurs
origines, comme l’
Acid House ou le Disco, mais aussi le
matériel légendaire 
comme la TB-303 de ROLAND, les Technics MK2, les lieux : Manchester, Detroit, Paris, Berlin, Chicago, et les artistes :  Jeff Mills, Moritz von Oswald, Scan X etc…



Laurent Garnier nous expose ses réflexions sur cette
culture, et le besoin de susciter des émotions au travers de son
travail. Les textes de Mathilde Ramadier nous transmettent ainsi ses
pensées à merveille. Le résultat est surprenant, graphique,
fantastique, nouveau, transcendant.



Le découpage, quant à lui est carré, très
dynamique. La cadence est rapide comme le tempo musical Techno. Les
multitudes de vignettes nous tiennent réveillé, en haleine et on en
demande ainsi toujours plus… Ce découpage suit une véritable
mélodie, par moments très rythmée avec bon nombre de vignettes,
puis un ralenti en revenant sur les scènes d’interview, pour
repartir finalement en une montée en puissance classique, et cela se
répète, comme dans tout bon morceau de House suivant sa fameuse
sinusoïde cyclique…



Les auteurs nous agrémentent aussi l’œuvre de
quelques pages de biographie sur les artistes ayant marqué cette
mouvance. C’est un petit intermède particulièrement
appréciable.



Dargaud
Planche 6

Il n’y a pas à dire, ce livre est original et exceptionnel.

Les auteurs et la maison d’édition ont relevé le
défi de tenter une telle expérience bizarroïde et on peut dire que
le pari est réussi. L’ensemble est très cohérent, voire plus
encore, la musique se fait largement entendre à travers ce remixe de
textes, dessins et conception graphique. 

Il en ressort beaucoup d’émotions positives et un
formidable documentaire hommage sur cette culture qui fut trop
longtemps obscure.

Ciao, 
Yann 
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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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