Mais voilà que Paul est appelé au service militaire. Hélas la première guerre mondiale éclate pendant sa conscription.
Paul se retrouve donc mobilisé en première ligne dans les affreuses tranchées. Il y découvre les atrocités de la guerre notamment lorsque, voulant secourir un de ses amis, celui-ci meure brutalement sous ces yeux.
Depuis ce jour, Paul ne pense qu’à une chose : échapper au front.
Il commence donc par se mutiler mais cela ne suffira pas…
La solution restante est donc la désertion, mais celle-ci est passible de la cour martial et du peloton d’exécution si l’armée le découvre.
Paul se résigne finalement à déserter, et aider par Louise, il vivra finalement enfermé dans une petite chambre d’hôtel pendant quelques mois.
Mais il finit par s’y sentir à l’étroit.
Paul n’en peut plus, il doit sortir !
Et c’est lors de l’une de ses occupations peu communes (essayer les robes de sa femme) que l’idée va germer. Paul va se transformer en femme pour retrouver ainsi le grand air.
Suzanne est née !
Ainsi commence l’aventure fascinante, étonnante et tragique, aux mœurs souvent viciées de Louise et Suzanne.
Mon avis :
Virgili et Danièle Voldman « La garçonne et l’assassin », paru chez
Payot en 2011.
Ainsi l’histoire relatée est basée sur des faits réels
et dramatiques, inspirée d’archives sur des échos criminels de l’entre-deux
guerre.
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Extrait de la planche 14 |
Le livre, la couverture :
Le dessin est superbe et précis, jouant sur un ensemble de techniques remarquablement bien maîtrisées (le classique effet de perspective, gros plan, mais aussi les estompes etc….)
Le trait fin, souple et épuré est tout simplement d’une élégance rare !
Les petites touches de rouge écarlate sont évocatrices du drame final, et ceci dès les premières gouttes. De plus elles ravivent à merveille, mais avec parcimonie, ces illustrations d’antan !
Les scènes nocturnes boulonnaises sont particulièrement travaillées, grossières mais tellement élégamment faites que la grossièreté ne parait plus, et cela devient limite noble et respectable.
Chloé Cruchaudet use aussi beaucoup de son talent de suggestion (ou presque…) !! Bravo l’artiste, belle technique !!
D’un autre côté, les mises en scène des étapes de guerre sont aussi particulièrement violentes et psychologiquement difficiles ! Une belle manière de montrer et justifier le choix fait par Paul.
Ce qui m’a particulièrement attiré sur ce récit, c’est qu’il soit inspiré de faits réels, basés sur des enquêtes criminelles de l’entre deux guerre.
Comme je l’ai précisé en introduction, ce récit est librement interprété selon la source « La garçonne et l’assassin », roman historique et biographique écrit par Danièle Voldman et Fabrice Virgili.
Roman que je n’ai pas lu, mais que je ne manquerai pas de consulter dans les années à venir…
L’histoire est formidablement illustrée par l’auteure, elle a su aborder délicatement tous les durs aspects psychologiques vécus par les deux protagonistes principaux avec :
Cet homme devient un écorché vif prêt à exploser.
– De l’autre côté, Louise Landy qui, par amour, va subir les exigences violentes et les mœurs dégradantes de son mari alors inactif, portant à elle seule le destin de son couple en restant sur ces gardes perpétuellement (même après-guerre) pour ne pas maladroitement dénoncer son mari.
10 ans de situation tragi-comique d’un couple vraiment hors-normes…
L’un des deux finira par craquer.
Le découpage quant à lui est presque parfait. Le nombre de vignettes par pages ne dépasse guère le chiffre 6, variant ainsi d’une pleine page, en passant par 3 à 4 vignettes.
Les cases n’étant pas délimitées, cela donne un effet de liberté et d’espace très confortable.
Les contours et/ou les fonds d’images presque flous et estompés n’ont pas leur pareil pour rappeler ces vielles photographies ou cartes postales des années 30-50.
Les pleines pages sont magnifiques, certaines vignettes sur le Paris de ces vieilles années sont splendides aussi. On y trouve tout le travail de recherche de l’auteure.
J’ai été conquis par cette BD. Le récit est passionnant, drôle, dur et dramatique à la fois.
Chloé Cruchaudet nous y a démontré la grandeur de son talent artistique, et je suis sûr qu’elle nous réserve encore bien des surprises.
Ce livre est devenu pour moi, un incontournable du 9eme art.
Ciao,
Yann