samedi 20 avril 2024

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Les plate-formes de BD en ligne ont débarqué en force en 2019 !

La BD numérique, où la lire ? 

En ligne.

D’accord, mais comment la trouver ? On erre de site en site, chaque auteur a son blog, son site, il existe des annuaires, portails mais rien de spécifique à la BD nativement numérique ou alors… quelques plate-formes dédiées, mais elles ont leur particularités. Qui webtoon, qui turbomédia, mais ça n’aide pas à regrouper ni à recouper l’information.

Et cette année, voilà que de nouvelles plate-formes surgissent, pour le meilleur et pour le pire ! Alors que va-t-il se passer ?

En effet, chacune a ses avantages, ses inconvénients (selon votre point de vue), comment choisir ? D’une part en tant qu’auteur certes, mais d’autre part, en tant que simple lecteur, comment vous y retrouver ? Ouvrir un compte sur chaque plate-forme et suivre tout partout ? C’est compliqué et vous risquez de ne plus savoir où donner de la tête ou d’être noyé sous les notifications.

D’autant que toutes les plate-formes ne vous proposeront pas les mêmes choses et du coup, pas les mêmes BD, pas les mêmes services. Donc, tout cela n’arrange pas le petit auteur qui veut diffuser ni le vaillant lecteur qui combat pour chercher où lire sa BD en ligne.

Je vous propose donc de faire un petit tour d’horizon, grâce au festival d’Angoulême qui proposait plusieurs conférences sur le numérique, dont certaines axées sur la présentation de plate-formes en place ou bientôt en place.

J’ai découvert pour vous :

– Webtoon Factory, la plate-forme de Webtoon de Dupuis,
– Mutoon, ou Mütune, l’Application de BD numérique,
– Gaiar, la plate-forme basée sur la blockchain,

et j’ajouterai à ces annonces en fanfare deux autres plate-formes plus discrètes mais tout aussi intéressantes (voire plus) :
– Mandrill comics,
– BayDay

Rappelons quand même avant de commencer, l’existence de deux autres plate-formes diffusant de manière payante de la BD numérique :

Delitoon, axé webtoon coréen (comprenez BD en scrolling vertical réalisée par des auteurs coréens), montée par Didier Borg, ancien de Casterman (plus précisément KSTR) ! 

Allskreen, orienté Turbomédia (comprenez BD en diaporama), plate-forme montée entre autres par Hervé Le’Creach et Frédéric Detez de la Dreve (fondateurs également du site Les Auteurs Numériques, où vous pouvez lire du turbomédia mais gratuitement). 

Voilà voilà.

Et pour le gratuit ? Ben comme on vient de le citer, je le place en premier : les auteurs numériques
et aussi Turbointeractiv 
Ces deux sites ne proposent que du turbomédia.
D’autres sont orientés Webtoon, comme Lean webtoon et Tapas ,
Et pour le manga :
Mangadraft  Mais il s’agit là de BD manga, non d’oeuvres de créations nativement numériques comme les précédentes.
Oui, je veux dire par là qu’il s’agit de planches que l’on pourrait publier tel quel au format papier. Ce qui n’est pas le cas de tous les sites précédents.

Et alors là, des sites qui diffusent des BD au format planches, numérisées ou créées numériquement, payant ou gratuit, il y en a pléthore et kyrielle.

Mais en-dehors de celles citées orientées BD nativement numériques, il y a toutes ces plate-formes que j’oublie plus tous les auteurs qui publient juste sur leur site ou leur blog et qui cherche leur public.
Je vous avais prévenu que c’était compliqué ces histoires.
Bon, ne perdons plus une ligne, et rentrons dans le vif du sujet :

WebToon Factory

WebToon Factory, avec pour directeur Julien Louis, et Dupuis derrière, c’est un peu le rouleau compresseur qui débarque.

Julien Louis, de la Webtoonn Factory
Julien Louis en pleine présentation de la Webtoon FActory

Julien Louis était venu à Angoulême accompagné de deux auteurs recrutés sur d’autres plate-formes (Lean Webtoon pour ne pas la nommer) : Le scénariste Matteo Ferrazzi et la dessinatrice Arianna Kotopopi.

Le scénariste Matteo Ferrazzi et la dessinatrice Arianna Kotopopi de la webtoonn Factory
Arianna Kotopopi  et Matteo Ferrazzi de la webtoonn Factory

Etait aussi présent un partenaire institutionnel du projet : David Beauvallet du pôle image Magelis.
Mais revenons aux sources. Qui dit Webtoon Factory dit Webtoon. Et donc, « Dis papa, c’est quoi un Webtoon ? ».

Un webtoon, pour moi, c’est une BD numérique réalisée à la verticale pour être lue en scrolling vertical. Sur votre smartphone, vous faites défiler les images avec le doigt.

Cela existe depuis longtemps (2003 en Corée du Sud) et en France, c’est Delitoon qui a été la première plate-forme spécialisée dans ce format, accessible gratuitement au départ et présentant des oeuvres internationales.
Puis elle est devenu payante orientée vers des oeuvres uniquement coréennes.
Et surtout, elle fut la première à en sortir un modèle économique qui tourne, semble-t-il.
Est-ce cela qui a donné des idées à Dupuis ? Je n’en sais rien.

Le Webtoon implique une narration différente de la double page habituelle du papier.

Fabien Vehlmann et l’équipe du professeur Cyclope en ont publiés dans certains numéros de leur magazine numérique Professeur Cyclope. Et lors d’un échange avec Fabien Vehlmann, à Angoulême (le monde est petit) il y a quelques années, nous sommes tombés d’accord sur les belles possibilités narratives et aussi les spécificités de ce format vertical par rapport à la BD papier.

Rien qu’une en passant, une BD papier, votre regard se pose sur la page entière et après vous lisez en partant de la gauche. Si bien que vous entrevoyez la dernière case de la page avant de lire le début, souvent. Impossible en Webtoon, à cause du défilement.
Donc, possibilité de surprise beaucoup plus forte.
On peut aussi jouer sur la verticalité. Comme en ont fait l’expérience Rupert et Mulot, en créant de longues cases verticales racontant une histoire courte sur un décor unique.
Plein de choses sont possibles et même certaines qu’on n’a pas encore trouvées.
Aussi, quand j’entends définir le Webtoon comme une BD à défilement vertical (tout va bien) à mi-chemin entre la série et la BD (ah bon ?), je me pose des questions.

Car voir comme une spécificité du Webtoon son côté feuilletonnant, c’est étonnant. En effet, pour moi, cet aspect fait plus partie du modèle économique mis en place par les Coréens. L’épisode permet de fidéliser le lecteur. Et puis, c’est le modèle du serial diffusé dans la presse américaine il y a presqu’un siècle. Alors quand j’entends l’idée qu’apprendre le webtoon c’est apprendre les recettes de série, du cliffhanger, car on n’est pas forcément dans ces réflexes-là en BD…
Dois-je rappeler l’histoire de la BD ? Comment les premières séries ont démarré en diffusion dans des journaux ? Certes, il y avait des strips finis mais comment oublier les séries ? Guy l’éclair, Mandrake le Magicien, Richard le téméraire et tant d’autres pour les américains ? Les premiers strips à suivre aussi avec Tintin et tout ceux avant ou après lui ? Les publications en magazine où il fallait que le lecteur revienne la semaine suivante ou le mois prochain pour lire la suite de son histoire ? Et Spirou ? Le magazine de Dupuis, n’est pas le dernier à offrir ce type de recette. Alors comment penser que les auteurs ne savent pas gérer cela et qu’ils découvrent le feuilletonnant ?

La narration verticale, là, oui, nous avons des choses à apprendre. Et je pense que c’est là qu’il faut insister.
Heureusement, cet aspect-là fait aussi partie des choses que WebToon Factory veut montrer et enseigner aux auteurs.
Mais ces auteurs, d’ailleurs, comment peuvent-ils publier sur Webtoon Factory ?

Les auteurs sont recrutés de deux manières, soit ils sont débauchés sur d’autres sites, comme je l’ai dit plus haut, soit ils postulent par leur propre moyen. En se rendant sur le site de WebtoonFactory sur la page creator .
Il vous faudra prévoir, si vous voulez proposer quelque chose,
– un synopsis de quatre à cinq lignes,
– une note d’intention,
– le character design de vos personnages,
– le déroulé de ce qui va se passer sur les dix premiers épisodes.

Dix épisodes ? Oui, car sur la Webtoon Factory, les saisons sont de vingt-quatre épisodes, un épisode faisant de quarante à soixante cases, soit prévoir quarante mille pixels de long.
Donc, c’est du boulot.
Bon, et si vous êtes pris, comment ça se passe ?
Et bien, vous développez un épisode pilote de votre série en rough avec les dialogues.
Vous pourrez échanger avec un script doctor de la maison pour vous aider à affiner votre scénario, pour l’adapter au mieux au Webtoon et pour apprendre l’utilisation des cliffhangers et comment les mettre en place.
Et après, soit tout va bien pour votre BD numérique, vous signerez un contrat d’édition classique avec Dupuis. Vous leur donnez l’exclusivité de l’exploitation de votre œuvre. Et vous êtes rémunéré par une avance sur droit d’un montant inconnu (de moi en tout cas). Les droits sont calculés non pas sur les recettes hors taxe mais sur le pourcentage du revenu net.
Et si la BD rencontre un succès sur le net, hé bien, il y aura possibilité de passer au papier.
On sait juste que les pourcentages de droits d’auteur sont plus élevé que sur le papier. Sachant qu’ils sont de six à dix pour cent (dans les cas de bonne négociation) en papier.

Si vous n’êtes que dessinateur ou scénariste, vous pouvez postuler également. Et vous travaillerez en binôme avec un autre artiste.

Et sinon, tous les genres sont acceptés, il ne s’agit pas de retrouver uniquement ce qui est fait dans le magazine Spirou à l’écran. Dixit Julien Louis.
Voilà pour les auteurs, en gros.

Et pour le lecteur, comment ça se passe ?
Simple, vous arrivez sur le site, vous pouvez accéder aux trois premiers épisodes d’une série gratuitement. Et après, si vous souhaitez en lire plus, il vous en coûtera 39 centimes par épisode.
Enfin, il vous en coûtera des « coins », monnaie virtuelle utilisée sur le site.

Le lecteur pourra être de langue française ou anglaise, car les webtoons seront traduits par EuropComix, traducteur officiel du groupe Média auquel appartient Dupuis.
Quant à la consultation sur portable, elle peut se faire via la WebApp Webtoon factory. Et sur le site via votre ordinateur préféré.

Mais d’où ça sort, ce site ?
La bonne question ! Cela remonte aux quatre-vingt ans de Spirou. Il fallait faire quelque chose pour marquer le coup, et puis jouer sur les avancées technologiques. Et là est arrivée l’idée de la Webtoon Factory, cela permettait aussi de retrouver le côté épisodique du magazine.

L’idée c’est une chose, mais la concrétisation, c’en est une autre. Il a fallu deux ans de travail et une centaine de milliers d’euros pour créer la plate-forme.

David Beauvallet du pole image Magelis à la présentation de la Webtoon Factory
David Beauvallet du pole image Magelis à la présentation de la Webtoon Factory

Le CNL (Centre National du Livre) a beaucoup aidé et le Pôle Image Magelis s’investit dans le partenariat. En effet, David Beauvallet rappelle qu’il y a plus de trois cent auteurs de BD à Angoulême. La Webtoon factory est l’occasion de les mettre dans un cadre où ils peuvent avoir des retours professionnels sur leur projet et aussi où ils peuvent s’atteler à un récit de longue haleine.
Car il ne faut pas se leurrer, il y a un aspect marathon pour produire un épisode toutes les semaines.

Qu’en conclure ?

Selon moi, il y a du pour et du contre.
Il faut voir les clauses du contrat, comme il faut le faire pour toute signature de contrat.
Mais en-dehors du contrat, 24 épisodes par an, ça peut faire un épisode tous les quinze jours de quarante à soixante cases. Ca fait quand même vingt à trente cases par semaine.

Autrement dit, à moins d’avoir un style télégraphique, vous n’aurez pas beaucoup de temps pour faire autre chose. Il faut donc que l’avance sur recette vous rémunère décemment pour tenir. Sachant que les trois premiers épisodes sont gratuits, c’est donc cent-vingt à cent-quatre-vingt cases à produire avant que le lecteur dépense un sou.

Je peux aussi comprendre l’exclusivité, importante pour Dupuis qui mise sur un artiste. Ce n’est pas pour le voir aller publier la même histoire ailleurs. Mais du coup, tous vos œufs sont dans le même panier (vu que vous aurez peu de temps pour produire autre chose).

Mais si un lecteur paye quarante centimes par épisode (pour arrondir et faciliter les calculs) et que vous touchez quinze pour cent (c’est plus que dix pour cent et ça facilite aussi les calculs), vous gagnez donc six centimes par épisode vendu. Il faut donc vendre quinze épisodes pour gagner un peu plus d’un euro.
Ou que quinze personnes achètent votre épisode.
Ça confirme qu’avant que votre série prenne et vous rapporte un peu d’argent, il faut vraiment que l’avance sur droit soit à la hauteur et vous permette de tenir.

Par contre, que les BD soient consultable sur portable et ordinateur, ça, c’est bien.
Voilà pour WebToon Factory. Penchons maintenant sur une autre plate-forme :

Mütune, ou Mütoon, la plate-forme pensée pour les auteurs (d’après ses concepteurs) !

Cette plate-forme est né du constat de ses deux créateurs :

20% des plus de quinze ans ont déjà lu de la BD numérique. (J’ai oublié de leur demander les sources de cette statistique),

Delitoon compte plus de cinq cent mille abonnés. (ah ben tiens, y a peut-être un lien avec la précédente)

Ayant constaté les projets ambitieux et couteux tels que Phallaina avec ses cinq ans de production et ses deux cent mille euros au compteur, et l’absence de visibilité qu’ont eu des projets comme la version turbomédia du « Grand méchant Renard » de Benjamin Renner, sans oublier le fait que les Web-BD sorties dans leur coin, comme One Punch Man, sont rachetées et réadaptées pour le grand public (graphiquement parlant), Boris Zaïontchkovsky et Philippe Bertin ont décidé de lancer Mutune.

Boris Zaïontchkovsky et Philippe Bertin de Mutune
Philippe Bertin et Boris Zaïontchkovsky de Mutune

Cette plate-forme d’accès gratuite pour les auteurs et les lecteurs va permettre plusieurs choses.

Regardons d’abord du côté des auteurs :
Les auteurs pourront rencontrer d’autres auteurs, pour échanger ou demander de l’aide pour leur scénario ou leur dessin, ils pourront créer en toute liberté (enfin, ça, c’est déjà le cas quand vous êtes tout seul à votre table à dessin), ils pourront monétiser leur travail tout en gardant leurs droit d’auteurs (ah, le point clé).

Du côté du lecteur, il aura accès à tout un tas d’œuvres (celle des auteurs) gratuites ou payantes (au choix des auteurs).
La plate-forme se veut internationale, (plusieurs langues comme le Français, l’Anglais, l’Espagnol et le Portugais) et fait office de réseau social pour permettre aux auteurs de communiquer sur leur travaux et aux lecteurs d’échanger avec leurs auteurs favoris et d’être informés des sorties à venir.
Le tout repose sur le flux-tendu et le libre-arbitre.

Qu’est-ce qui est sous-entendu par là ?
Pour le flux tendu, ça concerne l’auteur ! Tout simplement, l’auteur produit du feuilletonnant, sa BD devra se décomposer en plusieurs chapitres, et chaque semaine, un nouveau chapitre sort tandis que le précédent devient gratuit.

Pour le libre-arbitre, ça concerne le lecteur ! Il a le choix. Il peut attendre chaque semaine l’accès gratuit au chapitre précédent ou bien il peut payer pour voir l’ensemble des chapitres. Sur ce qu’il paye, Mutune prend dix à quinze pour cent de marge et les quatre-vingt-dix /quatre vingt-cinq pour cent restants vont à l’auteur.

L’auteur peut aussi vendre des produits dérivés. Affiches, dédicaces, impressions signées, T-shirt imprimés. Chaque produit dérivé doit être vendu pour un prix minimum de cinquante euros. Avec la même marge pour Mutune que pour les BD, dix à quinze pour cent. Par contre, si Mutune produit le produit dérivé, alors sa marge augmentera. Ce qui se comprend.
Mais ce qui soulève un problème que s’empresse de signaler Benjamin Cerdan, comptable et membre de l’AdaBD, présent dans la salle : Pour que les goodies puissent être vendus, et pour que l’auteur n’ait pas à se créer un nouveau statut pour pouvoir vendre des objets dérivés, il faut mettre en place un contrat de rétrocession. Car un auteur, normalement au statut d’auteur-artiste, vend ses travaux sur facture et notes d’auteur (je vous la fais courte).
Mais ces goodies ne peuvent être vendus sous ce statut d’auteur-artiste (la vie serait trop facile sinon).

Boris et Philippe répondent que ce n’est pas encore à l’ordre du jour. C’est à l’auteur de gérer son statut juridique et fiscal. Et puis, ce serait compliqué à mettre en place, et puis, les auteurs n’ont pas envie de lire des papiers à n’en plus finir.
Ce à quoi Benjamin répond que de toute façon, l’auteur devra lire des CGU sur le site de Mutune et que le contrat de rétrocession n’est pas si compliqué que cela.
Mais Boris Zaiontchkovsky et son collègue n’ont pas été convaincu et ont changé de sujet.
Alors que moi, j’ai été bien convaincu du problème !
Premier frein à l’emploi de cette plate-forme.

Mais il faut préciser que vous aurez le même problème (incompatibilité du statut d’auteur artiste avec des revenus internet) si vous faites du crowdfunding pour financer votre BD sur Ulule ou ailleurs, par exemple, voire si vous demandez pour vos sorties mensuelles de planches en ligne du tipping sur Patreon ou autre. Donc, il ne faut pas voir ce souci comme uniquement lié à Mutune, mais plutôt comme une contrainte liée à la vente en ligne de produits artistiques. Mais ce problème semble avoir des solutions, comme celle proposée par Benjamin Cerdan. Qui les mettra en place ? Une piste de réponse à cette question viendra peut-être plus bas !

Ensuite, les créateurs de la plate-forme, (ayant officié eux-même comme auteur et connaissant la dure vie de ce métier) parlent des outils professionnels. Adressés aux éditeurs et producteurs.
Et là, je tique, on a trois catégories :
– les lecteurs,
– les auteurs,
– les professionnels (éditeurs et producteurs)
Inconsciemment, cette nuance implique que les auteurs ne sont pas dans la même catégorie que les professionnels.
Un auteur qui essaye de vivre de son métier est un professionnel, avec des revenus en dents-de-scie, des revenus trop bas, irréguliers, mais il se bat. Il n’y a aucune raison qu’il ne soit pas perçu comme un professionnel.
Même si cette classification, dans la tête des créateurs, n’a pas la connotation de ne pas faire des auteurs des professionnels, je trouve qu’elle induit ce petit point négatif, et c’est dommage car cela ne colle pas au discours de soutien des auteurs tenus par Boris et Philippe et peut donc lui nuire. J’espère que les deux créateurs penseront à rectifier cette manière de présenter les choses.
Le but de Mutune est aussi de centraliser le contenu en BD numérique sur une même plate-forme.
Mutune est accessible aux auteurs depuis le quatorze février et sera disponible pour tous au mois de juin (ce qui était annoncé à Angoulême en tout cas).
Elle accepte les BD au format webtoon, scrolling horizontal et turbomedia (respectivement appelé scroll, switch et pushtomov), le lecteur de BD est au format 16/9.

L'application Mutune
L’application Mutune

Et c’est une application ! Oui, une application. Vous avez bien lu.
C’est-à-dire, cher auteur pour qui ce projet a été pensé, que tu vas gentiment prendre tes cases de BD numériques, les importer dans ton portable (ou ta tablette, ça marche aussi), et t’amuser à les mettre en ligne et à tout régler via ton smartphone (ou ta tablette) !
Autant dire que ceux qui dessinent sur papier, bonjour la manipulation. Et quant à ceux qui dessinent en numérique via tablette graphique sur leur PC, bonjour la manipulation aussi.
C’est dommage car ce point me semble vraiment être un frein à ce projet et ne me paraît pas pensé pour les auteurs.

L’autre frein est le côté feuilletonnant obligatoire pour que ça fonctionne. Après tout, on n’est pas obligé de faire des séries à suivre quand on fait de la BD, non ?

Le troisième frein, est le suivant : je reviens de Google, de Google Play où j’ai tapé alternativement Mutoon, Mutune, Mutoon BD, Mutune BD, Mutune Zaiontchkovsky, j’ai aussi tapé directement Mutoon.com, Mutoon.fr, Mutune.com ou encore Mutune.fr dans la fenêtre URL (nous étions le 24 novembre quand j’ai essayé) et nulle part je ne trouve l’application ou un site explicatif. Juste des traces de la conférence donnée à Angoulême. Donc, je ne peux vous donner aucun lien pour que vous puissiez aller vous faire votre propre idée, contrairement à ce qui était annoncé.
Autant dire que ça, c’est un très mauvais point.

Un frein supplémentaire pourrait être aussi l’exclusivité. Il faut se renseigner sur ce point.

Une belle idée, un projet en cours de développement mais qui à l’heure actuelle n’est pas abouti, (même pour les auteurs) et surtout une plate-forme compliquée d’utilisation et d’accès car uniquement sous forme d’application, et pas encore accessible, contrairement à ce qui a été annoncé.
Mais ne parlons pas trop vite, dans les mois à venir, on devrait sans doute la voir fleurir.

Restons-en là pour MuToon et passons à la plate-forme suivante, Gaiar.

Gaiar, la plate-forme basée sur la blokchain

Et hop, une nouvelle plate-forme, différente des précédentes. Sinon, ce serait trop facile !

Gaiar se propose d’être une plate-forme de mise en avant des œuvres artistiques tous domaines confondus. A savoir vidéo, musique, livre, BD, et autres encore.

Il ne s’agit donc pas d’une plateforme uniquement BD; et de plus, elle n’accepte que les formats PDF. Et voire plusieurs fichiers PDF, pas de gros pavés a priori (mais cela peut encore évoluer). Donc, pas de format typiquement numérique comme le webtoon ou le turbomédia ou alors en PDF (cherchez l’erreur). Déjà, par rapport aux autres, il y a une offre plus large en terme de supports mais plus restreinte en terme de BD et même très restreinte en terme de BD nativement numérique.

Gaiar se rapproche plus d’une plateforme multimédia ouverte aussi à la BD numérisée que d’une plate-forme de diffusion de BD nativement numérique.

Mais la où Gaiar met en avant son originalité, c’est sur la protection des droits d’auteur.

Wilhelm Bérard, fondateur du projet, était accompagné d’une partie de son équipe, Dominique chargée de communication, Emmanuel Brulavoine le directeur technique et Julien le designer. Avec eux, Delphine Rieu, éditrice et auteure.

Emmanuel Brulavoine et Wilhelm Bérard de Gaiar
Emmanuel Brulavoine et Wilhelm Bérard de Gaiar

Le projet a pris cinq ans avant de voir le jour. Beaucoup de contraintes sont apparues dans la mise en place et la gestion des problèmes techniques.

Mais la plate-forme s’est ouverte et est maintenant accessible à tous. Bon, c’est la version béta au 21 novembre, mais cela peut vous donner une idée :

Application GAIAR
La démonstrationn de Gaiar par l’équipe

Alors, la blockchain dans tout ça ?

Et bien, elle va permettre d’authentifier qui sont les auteurs et les ayant-droits, de contractualiser cela et de monétiser les achats en reversant aux créateurs leur quote-parts. Sur les montants perçus après déductions de la commission de Gaiar.

La plate-forme prend quinze pour cent sur les vidéos et dix pour cent sur les autres média (donc la BD), à chaque fois sur le prix HT auquel il faut rajouter la TVA.
La version béta espère voir s’ouvrir mille comptes en avril et en mai,
Puis un plan de communication viendra avec un lancement pour la fin de l’année. Noël va être Gaiar, cette année. Enfin, notons que Noël est dans un mois et que nous sommes toujours en Beta !

Gaiar a mis en place sa monnaie numérique, le Go. Avec un euro, vous pouvez acheter cent Go. Et le dépôt d’une œuvre vous coûtera… cent Go. Donc un euro. Facile à calculer. 1Go vaut un centime, finalement.
Mais concrètement, comment ça se passe ?

Dominique de GAiar et Delphine Rieu éditrice et auteure
Dominique de Gaiar et Delphine Rieu éditrice et auteure

L’équipe nous explique le procédé :

La blockchain a une valeur juridique.
Au moment de déposer votre œuvre, après vous être créé un compte sur Gaiar, bien sûr – mais pas d’inquiétude, c’est gratuit -, vous allez faire une déclaration des ayant-droits.
Si vous êtes le seul créateur, ce sera vous, si vous avez des collaborateurs, vous pouvez les nommer dans les ayant-droits en définissant le pourcentage de répartition des droits à venir. Vous pouvez aussi ajouter un bloggeur qui va parler de votre projet et lui verser un pourcentage à définir des recettes. Beaucoup de choses sont possibles, et transparentes.
Quand vous avez préparé cette liste, il faut évidemment télécharger l’œuvre à protéger sur le site de Gaiar.
Attention, vous pouvez télécharger l’œuvre sur Gaiar pour la protéger. Mais vous n’êtes pas obligé de la diffuser sur Gaiar. Vous pouvez utiliser votre compte Gaiar uniquement pour protéger vos œuvres par exemple.
Une fois cela fait, œuvre et liste ayant-droit prêtes, vous générez le contrat Blockchain. Vous récupérez un document avec une suite de chiffres et de lettres (la blockchain de votre œuvre) et tout est réglé.
Quand des gens achèteront votre œuvre sur Gaiar, ce n’est pas la plate-forme qui répartira les droits entre auteurs et participants, mais bien la blockchain.

Le choix de Gaiar s’est porté sur la blockchain publique et non privée (et là, je découvre qu’il y a donc des blockchain publiques et privées ?).

Une fois l’œuvre protégée, libre à vous, donc, de la diffuser. Sur Gaiar, vous pouvez la diffuser librement ou la faire rémunérer. Une durée de consultation est définie avec le prix. Vous gérez les conditions de partage sur les réseaux sociaux. Sachant que Gaiar a son propre lecteur embarqué (un peu comme youtube).

Wilhelm Bérard en profite pour remercier l’incubateur The Bridge, d’Avignon, Unitech Bordeaux; le conseil régional et BPI pour avoir soutenu le projet.

Le site ne propose pas de publicité, mais va tenter d’inciter les gens à rémunérer les auteurs. Au moins pour les soutenir, en donnant par exemple un minimum de un Go. Soit un centime. Ça vous laisse une marge de manœuvre pour soutenir votre auteur préféré.
Le modèle économique se rapproche de la VOD. C’est du prêt, le prix est libre ou fixé à un seuil minimum à la location.
Sachant que le contenu payant n’apparaît pas tant que l’internaute voulant le voir n’a pas payé.
Tout les fichiers déposés sont réencodés pour s’adapter au lecteur Gaiar.
La plate-forme sera aussi internationale.

Autre point, bien sûr, pour soutenir un auteur ou louer une œuvre, il faudra vous créer un compte utilisateur.

Dans le public, une question surgit : Et comment modérer les œuvres ? Comment savoir si le contenu n’est pas raciste ou autre ? L’équipe Gaiar répond qu’il n’y a pas de contrôle en amont du contenu. Elle aura lieu a posteriori pour voir si ce qui est visible sur la plate-forme est légal, et elle dépendra aussi des réactions du public, qui pourront signaler les œuvres abusives.

Gaiar se positionne uniquement comme un hébergeur et pas du tout comme une plate-forme qui va communiquer sur les œuvres. Ce travail restera donc à la charge des auteurs.

Et petit bonus, la plate-forme ne demande pas d’exclusivité.
Gaiar existe uniquement sous forme de site et pas en Application, il faut passer par un navigateur.

Et pour rendez-vous sur la page des infos, pour en savoir plus !

Un projet intéressant pour la protection des œuvres, mais moins en ce qui concerne la BD nativement numérique puisque c’est plus la BD numérisée qui sera facile à protéger.

Voilà les présentations que nous avons eues lors de ce festival d’Angoulême.

Mais 2019 a réservé d’autres surprises, et nous allons aborder maintenant les outsiders qui n’ont pas eu ou pas voulu avoir la possibilité de monter sur la scène et faire une présentation !
Et donc, commençons ce deuxième tour avec Mandrill Comics !

Mandrill Comics, la plate-forme communautaire du webcomic !

Vous pouvez découvrir cette plate-forme sur Le site de Mandrill !

Elle est en ligne, elle est prête, et des auteurs diffusent déjà dessus. Bon point déjà !

MandrillComics est un site et aussi une application fondée par Matthieu Herdegen et Jérémy Rouberty. La plate-forme est accessible depuis quelque temps déjà et au mois de mai 2019, cent vingt artistes ont rejoint Mandrill, et ont généré deux cent dix sept mille visites.

Jérémy Rouberty et Matthieu Herdegen de Mandrill Comics
Jérémy Rouberty et Matthieu Herdegen de Mandrill Comics

Un des points forts de Mandrill, pour les auteurs, est que le site dispose d’un « aspirateur ». Non, il ne fait pas le ménage chez vous si vous venez chez lui, mais il aspire votre BD du jour pour la mettre en ligne sur Mandrill. Donc, quand vous publiez votre histoire sur votre site, dans la foulée, elle apparaîtra sur Mandrill sans que vous n’ayez rien à faire.
Si vous avez déjà un site, vous n’êtes pas obligé de publier deux fois pour chaque sortie ! Alleluia !

Alors bon, l’aspirateur demande quelques perfectionnements, mais c’est un des points sur lesquels planche l’équipe pour le rendre plus efficace afin qu’il aspire bien tous les fichiers et les différents formats, sans rien oublier.
Les gifs passent aujourd’hui, les différents formats aussi (verticaux, horizontaux, carrés…) mais les histoires décomposées en plusieurs fichiers ne passent pas (enfin, seul le premier fichier passe d’où petit souci).

La plate-forme est gratuite pour les lecteurs et pour les auteurs, les auteurs restent propriétaires de leurs droits.

Et Mandrill est ouvert à toutes les formes de webcomics. Le webtoon ou le scrolling horizontal, possibilités de gifs animé ou même le webcomic en quatre cases classiques. Pour le turbomédia, ce n’est pas encore possible.
Bien sûr, il reste encore quelques soucis techniques à régler mais Mathieu Herdegen planche d’arrache-pied pour régler les problèmes et l’on peut donc s’attendre à ce que tout se résolve d’ici la fin de l’année (en tout cas, je le souhaite très fort).

Mandrill comporte des publicités. Mais si vous acceptez les pubs et cliquez sur celle près de votre comic préféré, les revenus générés sont reversés cent pour cent à l’auteur. Dans l’avenir, l’objectif de Mandrill est que ce pourcentage se répartisse à soixante-dix ou quatre-vingt pour cent pour l’auteur et donc trente à vingt pour cent pour la plate-forme.

Il y a d’autres manières de soutenir votre auteur : Le don (vous pouvez donner librement des sous pour votre auteur préféré), la marketplace (vous pouvez acheter des dessins, ou des goodies ou tout ce que vous propose votre auteur préféré).
Sur la marketplace, on peut retrouver le problème évoqué chez Mutoon. Le statut pour gérer ses revenus pour l’auteur. Mandrill prend une commission sur les échanges car il gère la transaction bancaire. C’est un contact entre auteur et acheteur.
Mais ce point du statut pour gérer les revenus reste d’actualité.

accueil du site de Mandrill
Le site de Mandrill

Actuellement, des concours sont ouverts sur la plate-forme. Et des auteurs ont déjà gagné des impressions papier de leur travaux.
Le site permet également de mettre en relation différents auteurs afin de répondre à des commandes ou pour des projets d’édition.

Mandrill est aussi présent sur Twitch où l’équipe a réalisé un premier live avec des auteurs de la plate-forme danois, espagnols et anglais.
Vous pouvez retrouver la première rencontre Twitch de Mandrill

Première émission avec ses bugs, et donc un petit problème d’écho qui rend le début difficilement compréhensible mais qui est réglé en cours d’émission.
Oui, car Mandrill vise l’international, et ça fonctionne pas mal car la jeune plate-forme comporte une majorité d’auteurs publiant en anglais et quelques français (le village d’irréductible dans le fond, on est repéré).

Mandrill s’est donné aussi une mission historique. En effet, il veut contribuer à archiver, sur le site, les webcomics de tous horizons. Permettant ainsi une mission de mémoire dans la lignée de TheWebArchive.
Vous ne pouvez plus payer l’hébergement de votre site ? Et bien postez sur Mandrill, ils garderont ainsi une trace de vos travaux, plutôt que de voir disparaître vos oeuvres avec votre site dans les gouffres du web.

L'application Mandrill Comics
L’application Mandrill !

Voilà une plate-forme qui a beaucoup de points positifs.

Il reste encore des choses à régler, comme l’aspirateur qui doit mieux fonctionner, la gestion des revenus des goodies pour les auteurs, la gestion des turbomédia, mais en tout cas, des points positifs en masse et surtout la possibilité de remonter vos avis aux créateurs afin de voir ce qu’il est possible de faire. Alors ne vous privez pas d’aller visiter et de signaler ce qui vous manque et ce qui vous plaît.

Et après Mandrill, nous allons parler d’un petit dernier qui va débarquer bientôt : Bayday !

BayDay, la plate-forme orientée auteurs !

Comme l’équipe est en train de travailler d’arrache-pied sur la mouture de cette nouvelle plate-forme, sachez que BayDay est toujours en préparation et n’arrivera pas tout de suite sur les internets. Donc, je n’ai pas encore de lien pour vous mettre en appétit.
Mais je peux vous parler un peu de BayDay ! Car j’ai eu des informations…

L’idée de ce site est venue de Thomas Astruc et Wilfrid Pain, qui travaille tous deux dans l’animation, entre autre sur la série Ladybug.

Thomas Astruc president BayDay
 Thomas AStruc, le président de BayDay.

Voulant développer et même porter des projets plus personnels dans l’univers de la BD et dans la lignée de l’adage « on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même », les deux amis ont décidé de travailler sur un projet leur permettant à eux, certes, mais aussi à d’autres auteurs ayant les mêmes envies qu’eux, et notamment beaucoup de leurs anciens collègues de l’Ecole des Gobelins, de publier leurs projets directement en ligne.

Et c’est ainsi qu’il y a quelques années, BayDay est né dans l’esprit de ses créateurs.

Le duo s’est alors tourné vers d’autres personnes, également dans l’animation, pour les aider dans ce projet fou,comme Daphné Parrot, ou encore le développeur Jonathan Gauvain.
L’équipe s’étoffe jusqu’à ce qu’il devienne nécessaire, pour pouvoir continuer, de trouver des investisseurs.
Tout le monde se retrousse les manches et finalement, BayDay réussit à convaincre des investisseurs heureux d’aider un projet dont le premier axe est de soutenir les auteurs de BD.
BayDay s’est alors monté en société il y a deux ans.
Aujourd’hui, l’équipe travaille donc à finaliser la plate-forme.
A noter qu’elle s’est étoffée. Entre autres, Sébastien Ruchet (si vous avez connu Nolife, la chaîne de télé qui déchirait tout, vous connaissez forcément ce nom) et venu au poste de directeur général.

Sébastien Ruchet DG BayDay
 Sébastien Ruchet le nouveau directeur général de BayDay

Mais revenons sur cet axe fondateur, le soutien aux auteurs. Comment cela va-t-il se traduire ?

Pour l’auteur, la création de son espace est gratuit.
Il peut y héberger ses BD, ses dessins.
L’auteur peut proposer des BD gratuitement au public ou bien les vendre. Dans le cas de la vente, les recettes sont réparties soixante-dix pour cent pour l’auteur et trente pour cent pour la plate-forme. Pour les BD gratuites, BayDay proposera des publicités, dont les recettes sont réparties, après amortissement de frais techniques, à quatre-vingt dix pour cent pour l’auteur et dix pour cent pour la plate-forme.
L’auteur reste propriétaire de ces droits et peut aller diffuser ailleurs en parallèle s’il le souhaite (sur une autre plate-forme par exemple). Il cède juste des droits de diffusion sur BayDay.
Là ou l’équipe Bayday va plus loin, c’est qu’elle va mettre en place un contrat avec les auteurs qui leur permette d’éviter les problèmes évoqués plus haut (dans le chapitre Mutoon) de statut juridiques lors des ventes en ligne.
L’équipe est donc rentrée en contact avec Benjamin Cerdan de l’AdaBD mais aussi avec le SNAC-BD, syndicat qui défend les auteurs et leurs droits. L’idée étant de maintenir les auteurs à des règlements via les AGESSA et leur statut d’artiste-auteur pour tout ce qu’ils proposent.
Ces échanges ont été fructueux puisqu’un contrat est en train de se mettre en place qui permet de satisfaire les auteurs et les institutions consultées.
La partie fiscale juridique étant réglée en bien, penchons-nous sur la suite.

Pour l’instant, la plate-forme est un site, pas d’application prévue avant l’année prochaine.
Elle a une vocation internationale et va démarrer par la langue Anglaise en plus du français.
L’idée est de ramener des auteurs étrangers vers un public français et d’aider les auteurs Français à s’exporter à l’étranger.
Sur le long-terme, la plate-forme favorise la mise en contact avec des traducteurs pour que les auteurs français puissent avoir des versions portugaises (pour le Brésil), asiatiques mais surtout anglaises pour l’instant.
BayDay démarre en France et en Grande-Bretagne.
Mais cette mise en contact des traducteurs, comment cela va-t-il se faire ?
Par une autre des spécificités de la plate-forme, la création d’un réseau social interne, type LinkedIn.
Le traducteur et l’auteur discutent ensemble et l’auteur pourrait proposer au traducteur d’avoir des droits pour la vente sur tel territoire (celui de la langue de traduction), tout cela reste bien sûr à voir entre l’auteur et le traducteur. BayDay ne mettra pas son nez dans ses échanges et arrangements internes.

Mais alors, cette plate-forme, elle arrive quand ?
Pour toi, ami auteur impatient de diffuser tes œuvres, il faudra patienter jusqu’à la mi-décembre 2019. Et pour toi, ami lecteur, il te faudra patienter jusqu’à… la même date ! Mais il te faudra bien laisser un peu de temps aux auteurs pour s’installer et mettre leurs travaux en ligne pour que tu aies du choix à l’arrivée ! Donc, patience.

Reste la question du format.
En effet, BayDay va démarrer sur les planches classiques. Donc, il s’agira au départ d’une plate-forme de diffusion de BD numérisée ou en tout cas de format planche classique.
La plate-forme prévoit deux modes de mise en ligne, le format classique, pour les planches évoquées plus haut. Et le mode augmentée, pour les oeuvres plus nativement numériques, webtoon, turbomédia, gif animés et autres possibilités.
Aujourd’hui, l’accent est mis sur le mode classiques, qui doit tourner sans encombre avant que l’équipe se penche sur le mode augmenté.
Les oeuvres de création nativement numériques seront donc prises en compte dans un deuxième temps. Et autant vous dire que je ronge mon frein pour que ce deuxième temps voit le jour très très vite et j’espère vraiment qu’il n’y aura pas d’imprévu qui fera que nous autres, auteurs orientés créations nativement numériques, nous retrouvions sur le côté.

Mais comme le dit Sébastien Ruchet, il ne faut pas brûler les étapes, mettre en place un site basique qui fonctionne, et incrémenter ensuite au fur et à mesure en fonction des besoins les plus importants les différents éléments. Les choses peuvent prendre du temps, il ne faut donc pas donner de faux espoirs ni aux auteurs, ni aux lecteurs.

Voilà pour BayDay.

J’espère que ce petit tour d’horizon vous aura donné l’eau à la bouche.

Pour conclure, alors ? 

Personnellement, j’ai deux favoris dans cette petite liste, Mandrill et BayDay. D’abord parce que toutes deux favorisent vraiment les auteurs et la relation auteur-lecteur par des réseaux. Ensuite Mandrill, avec son aspirateur, son acceptation de la BD nativement numérique et son travail sur la mémoire de la Web-BD et BayDay, avec sa gestion des droits des auteurs et son contrat spécifique, me semblent des propositions différentes mais vraiment intéressantes pour l’auteur, et aussi pour le lecteur.

Par contre, dans les moins, j’ai hâte que Mandrill résolve son problème d’aspirateur et j’ai hâte que BayDay gère la BD nativement numérique, via la mise en ligne augmentée, histoire que leur place dans cet article soit justifiée quand même !
Messieurs, la balle est dans votre camp !

Alors à bientôt pour des nouvelles de ces nouvelles plate-formes.

David

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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