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Les Futurs de Liu Cixin, les migrants du temps, la BD d’un voyage temporel

Série : Les Futurs de Liu Cixin
Titre : Les migrants du temps
Auteurs : Sylvain Runberg (scénario), Serge Pellé (dessins) adapté d’une nouvelle de Liu Cixin
Éditeur : Delcourt
Collection : Neopolis
Année : 2023
Pages : 70
Résumé d’une histoire de migration vers l’avenir :
Wu Feng est nommé ambassadeur d’une grande mission : quatre-vingt millions de personnes cryogénisées pour un voyage dans le temps, avec l’espoir de trouver un monde meilleur, dans le futur. Wu Feng va quitter sa femme pour s’embarquer dans une aventure sans précédent. Responsable de millions de vies, il devra prendre les décisions en fonction de ce qu’il va trouver. Sauf que personne ne peut prédire ce qui l’attend au moment où commence la première migration temporelle…
Le scénario d’une quête intemporelle :
A la recherche d’un monde meilleur ! Voilà le leitmotiv de cette BD. Wu Feng a les compétences pour prendre ce voyage en main. Le scénario démarre sur une bonne base, sauver quatre-vingt millions de personnes, sachant que le reste de l’humanité ne pourra jamais refaire un tel voyage, qui a utilisé d’immenses ressources énergétiques. Et d’un autre côté, c’est un peu norma ; car si toute l’humanité migre vers le futur, ben il reste qui pour préparer l’avenir ?
J’avoue que je suis resté un peu sur ma faim. Le suspense est posé de base, les migrants ne pourront effectuer que quatre sauts vers l’avant, après, ils n’auront plus d’énergie. Mais si le premier saut nous tient en haleine, – si ce n’est une inversion de page dans l’édition que j’ai reçu lors d’une fuite éperdue qui gâche un peu la narration (mais là, les auteurs n’y sont pour rien) -, les deux sauts suivants soulèvent des questions.
Les propositions de monde sont vraiment intéressantes, mais extrêmes. Je suis gêné aussi car Wu Feng semble un roc, presque jamais rongé par la peur de mal faire, alors qu’il y a quatre-vingt millions de vie en jeu. Ces arguments, souvent philosophiques plus que pratiques, soulèvent des questions pertinentes, mais tout le monde le suit sans broncher et l’aventure continue. Le troisième monde est plus violent, est presque caricatural à cause de deux personnages qui s’opposent, le bon et le mauvais, donnant une vision manichéenne des problèmes qu’une telle utopie soulève sans les creuser.
Et la fin est un happy end total, tellement optimiste qu’il m’a surpris. J’ai aimé le concept de cette histoire, mais je n’ai pas accroché à des visions du monde que je trouve parfois simpliste, alors que les précédents tomes de cette série m’avaient proposé bien mieux en terme d’ambiguïté et de réflexion. La réflexion est là, mais il n’y a plus ce côté mi-figue mi-raisin, et ça m’a beaucoup manqué.
Il m’a aussi manqué une partie émotionnelle, la mort de certains personnages m’a touché, car en quelques cases, on s’attache à eux, mais les événements sont tellement rapide, que le temps qui vient plus tard où Wu Feng propose une pensée pour eux me semble presque trop tard. Je n’ai pas retrouvé dans cette BD les hésitations, les réflexions, les surprises que me réservaient les autres tomes de la série. Malheureusement, les Migrants du temps est le dernier tome de ce cycle d’adaptation, malheureusement, car on aurait tellement aimé en avoir d’autres, et malheureusement, car celui-ci m’a un peu déçu. Je comprends la démarche de finir cette série d’adaptation sur une histoire positive qui ouvre des portes pour un avenir heureux, et je trouve que c’était une très belle idée mais cette histoire manque, à mes yeux, de profondeur.

Le dessin aux traces de crayon :
Le beau graphisme joue sur un style crayonné, les contours semblent parfois repassés de plusieurs traits, la pose des couleurs, des ombres fait intervenir des hachures mais aussi des traits de crayons qui donnent un côté rugueux au dessin. Ce que les décors viennent immédiatement contrarier. Futuristes, détaillés, imposants, précis, on se retrouve dans des mondes qui ne sont plus les nôtres et nous réservent des surprises de taille – dans tous les sens du terme -. Les couleurs symbolisent des endroits, le gris de la machine temporelle, le rouge de l’extérieur du deuxième monde, et ainsi de suite. Il s’agit plus de rendre des lieux, que des époques. C’est dans les regards des personnages que l’on peut sentir les hésitations, les silences sont plus éloquents que les constats parlés. La tempête mystérieuse qui remplit une vaste case est magnifique. Le dépaysement est assuré.
Les compositions, dont la fameuse triple page caractéristique de la série, nous offrent des vues époustouflantes sur ces mondes démesurés, et l’on se demande si ce sont bien des visions humaines que nous parcourons au fil des pages.
Conclusion d’une BD en demi-teinte:
Une BD qui termine la collection et donne une fin, pour moi, un peu moins ouverte que les précédents tomes, pour clore sur une note d’optimisme. Je suis sans doute passé à côté de quelque chose dans cette BD, à vous de vous faire votre avis et de partager votre retour.
Zéda rencontre Wu feng.
