mardi 23 avril 2024

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La croisade des Innocents, la chronique coupable !

couverture de "LA CROISADE DES INNOCENTS" de Chloé Cruchaudet chez Soleil
Titre
: La Croisade des Innocents

Auteurs :
Chloé Cruchaudet (scénario et dessins)

Éditeur :
Soleil

Collection
: Noctambule

Année :
2018

Pages
: 176





Résumé :

Un
frère et une sœur jouent ensemble dans la masure familiale. Mais le
garçon dérange le père, déclenchant une réaction violente.
L’homme hors de lui l’expose aux flammes son enfant pour lui faire
comprendre ce qui l’attend s’il recommence. Terrorisé, le fils part
se cacher dans la grange. Il est rejoint par sa sœur qui lui amène
à manger. Mais sa part ne suffit pas au jeune Colas et il se
dispute avec la petite Magrotte pour avoir la sienne, et soudain,
c’est l’accident…



Mon
avis :

L’histoire
se passe au moyen-âge. Cette entrée en matière nous présente
Colas et surtout la dureté de l’époque où les enfants n’avaient
pas du tout la même importance que de nos jours.

Colas
va se retrouver malgré lui le meneur d’un mouvement qui va prendre
une ampleur inouïe, au point de rester dans les annales de
l’histoire. Colas et un ami rencontré dans son périple, Camille,
vont se retrouver à la tête de ce qui deviendra la croisade des
enfants.



Au
travers de personnages proches de nous, ces enfants dont on comprend
les souffrances, Chloé Cruchaudet nous raconte une page d’histoire.

On
a du mal aujourd’hui à se rendre compte de l’incroyable événement
que ça devait être, ces enfants réunis en une masse immense,
traversant la France pour atteindre la mer et s’embarquer pour
Jérusalem.

Colas,
Camille, Beuve, Pilou… Ils sont nombreux, au cours de ce voyage, à
devenir familiers et attachants.

Et
l’on attend avec d’autant plus d’anxiété le dénouement de cette
histoire car on pressent rapidement que les choses ne vont faire
qu’empirer. Et ce malgré les efforts de Colas et ses amis, formant
le noyau fondateur de cette troupe.


Cette
tension qui monte, Chloé Cruchaudet sait la rendre palpable au fur
et à mesure des pages et des saisons qui découpent en chapitres ce
récit.



Loin
de leurs familles car, à l’image de Colas, tous ces enfants sont
réunis vu que la plupart n’ont plus de parents pour s’occuper d’eux.
Soit orphelins soit abandonnés. Tous ensemble, ils retissent un
tissu familial mais une famille sans adulte, ceux « à qui on
ne doit pas faire confiance ». Et le père de Colas nous a
effectivement donné, dès le début de l’histoire, l’exemple d’une
famille où la peur règne en maître.


page de "LA CROISADE DES INNOCENTS" de Chloé Cruchaudet chez Soleil
personnage stylisé et no réaliste mais gros travail sur la couleur et la gestion des ombres


Graphiquement,
le choix d’un style simple mais loin d’être simpliste, où les
personnages sont tracés d’une ligne svelte, dynamique, où les
visages sont stylisés, deux points pour les yeux et les sourcils qui
permettent de faire passer un maximum d’émotions, permet de raconter
cette épopée avec une distance discrète que le réalisme ne
permettrait pas. Mais une distance qui ne nous éloigne pas des
personnages et de leurs sentiments. Une distance qui nous fait
prendre conscience de l’horreur et des angoisses traversées sans les
asséner brutalement.

Une
distance qui permet d’éviter le pathos, l’exagération dramatique
inutile.

Les
couleurs sont limitées à une courte palette oscillant entre les
ocres et les bleus. Tout en laissant au blanc une belle part
permettant de faire ressortir un élément de décor, un objet, un
visage, une expression.


page de "LA CROISADE DES INNOCENTS" de Chloé Cruchaudet chez Soleil
Des ocres et l’absence totale de bordure de case


Les
cases dépourvues de cadre, si ce n’est la couleur qui s’arrête pour
faire naître la gouttière, laissent un espace où le récit
s’épanouit. Une certaine liberté visuelle qui contraste avec la
teneur du récit car ces enfants qui courent après cette liberté,
se retrouvent de moins en moins libres au final, emprisonnés par un
rêve absurde et la nécessité de gérer une immense flopée
d’individus affamés, sans ressources, réunis par un espoir insensé
que Colas a de plus en plus de mal à gérer.



La
croisade des innocents offre un voyage dans le temps, la découverte,
pour ceux qui ne la connaissent pas, d’une étrange et cruelle page
d’histoire et aussi la rencontre avec des enfants, formant une
famille immense et fatalement désunie.



Zéda
rencontre Colas !



"LA CROIX A DES INNOCENTS" Strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur "LA CROISADE DES INNOCENTS" de Chloé Cruchaudet chez Soleil





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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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