lundi 18 mars 2024

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La Bigaille : histoire d’une utopie culturelle collective

Naissance et vie de « La Bigaille »

Un lieu culturel et animé en pleine campagne est-il une utopie ?

Découvrez à travers cette BD comment ce rêve devient réalité par la volonté d’une communauté.

Couverture de la BD la Bigaille chez Des Ronds dans l'O

Titre : La Bigaille : histoire d’une utopie culturelle collective

Scénario & dessins : Thibaut Lambert

Editions : Des Ronds dans l’O

Année : 2022

Nombre de pages : 124

Résumé de « La Bigaille : histoire d’une utopie culturelle collective » de Thibaut Lambert :

Les campagnes sont réputées pour souvent être des déserts culturels. Partant de ce constat et dans le but de développer la vie collective et de proposer des activités diverses, un groupe de citoyen a créé une association. Ce collectif s’est donc mis à l’œuvre pour créer un bar associatif nommé « la Bigaille ». Géré par des bénévoles depuis 10 an, il propose une programmation artistique variée et attirante pour les habitants des villages et villes avoisinantes. Mais attention, qui dit association dit règles associatives à respecter, et cela de manière « intransigeante » …

Mon avis sur la bd :

« bigaille \bi.ɡaj\ féminin

  1. (Vieilli) (DésuetTermegénérique pour désigner les petitsinsectesvolants, comme les mouchesmoucheronsmoustiques, etc.
    1. Il a onze griffes de fer pour saisir le granit au fond de la mer, et plus d’ailes et plus d’antennes que la bigaille pour prendre le vent dans les nuées. — (Victor Hugo, « Cosette » dans Les Misérables, Tome II, 1862, page 130 de l’édition d’Émile Testard, 1890)
  2. (Vieilli) (Par extensionEnsemble des subalternesvaletaille.
    1. Le vieux (c’est le nom traditionnel du « grand mât », du capitaine) et la bigaille avaient d’abord assisté, l’un bénissant (le capitaine, de droit, dit la prière des morts) et l’autre pleurnichant … — (Jean Merrien, Les drames de la mer, 1961, Hachette)
  3. (Argot) Ensemble des pièces de peu de valeur.
    1. À ce moment-là, le gros était vraiment en rogne. Visiblement, ça l’embêtait de perdre. Et surtout il enrageait de perdre face à un crétin comme moi. Le géomètre gagna le coup suivant, mais le pot ne contenait que de la bigaille. — (Gianrico Carofiglio, Le passé est une terre étrangère, traduit par Odile Rousseau, 2009, Éditions Payot & Rivages, page 13 de l’édition de poche)»
Source : Wiktionnaire 

Qui n’a jamais souhaité s’investir dans l’aventure du milieu associatif avec toutes les difficultés que cela engendre ?

Thibault Lambert nous raconte admirablement cette épopée au travers de la création de ce bar associatif.

Extrait Page 43 de la bd "La Bigaille" chez Des Ronds dans l'O
Extrait Page 43 de la BD

Les bases de l’association pour gérer La Bigaille.

Structuré en quatre chapitre, cet ouvrage décrit la vie de « la bigaille » :

  • En partant du constat d’un manque et de l’idée même de la création de ce lieu (Chapitre « point de départ »),
  • Puis décrivant le chantier de création (chapitre « le chantier »),
  • Ensuite vient le fait de l’organisation pour faire vivre la structure (chapitre « l’arrêt public »),
  • Et enfin se pose la question de la pérennité du projet (chapitre « la transmission »)

Pour tous, les phases « point de départ » et « le chantier » semblent de loin les plus intéressantes et motivantes. Elles font preuve d’un enthousiasme global évident pour l’effectif engagé. Cela est dû à la nouveauté et à la création, la fierté de la réalisation de l’objectif commun souhaité.

Ensuite les phases « l’arrêt public » et « transmission » sont beaucoup plus dangereuses pour le monde associatif… Celles-ci se révèlent souvent les conflits d’intérêt, les individualités « nuisibles », les escroqueries, etc.. Elle risquent de nous faire tomber dans une routine démotivante et dé-structurante. Et cela empêche de renouveler les volontaires bénévoles pour le bien du collectif.

Ces quatre piliers formidablement bien exposés dans cette bd sont les fondations pour qu’une association tel que « La grande échelle » fonctionne et vive longtemps.

Une belle variété graphique

Thibault Lambert use d’un dessin semi-réaliste tout en nuances de noirs, blancs et gris. Le résultat est à l’opposé de la morosité que les tons choisis pourraient évoqués. L’alternance effrénée des plans et des techniques de mise en page, et de composition des dessins, est parfaitement travaillée, recherchée et maitrisée. L’ensemble est chaleureux, joyeux et vivant. L’explosion visuelle réalisée par cette succession de grandes cases avec ou sans bordures, de pleines pages ou doubles pages, de gaufriers fantaisistes (en forme de puzzle ou autres), de compositions innovantes et imagées est des plus agréables pour le lecteur.

Cette richesse et cette variété de techniques graphiques est à l’image des nombreux horizons de provenance des différents volontaires et de l’opulence de leurs idées.

Etrait page 46 de la bd "La Bigaille" chez Des Ronds dans l'O
Extrait page 46 de la BD

Les risques associatifs expliqués par « la Bigaille ».

Ce que j’apprécie dans ce livre, c’est aussi les mises en garde sur les difficultés rencontrés les plus communes du monde associatif :

  • L’escroquerie, le vol ou le détournement de l’association pour le profit d’un membre à défaut du bien collectif,
  • L’intégration et l’acceptation parfois difficile des nouveaux membres,
  • Le soutien et les relations de confiance avec les collectivités,
  • Le système D en regard des faibles moyens accordés,
  • Les volontaires pour les postes clés, etc…

Des solutions ?

Evidemment, l’auteur évoque aussi des astuces employées par les membres du collectif gérant « La Bigaille » pour palier ou remédier à certaines difficultés. Cependant parfois elles ne se font pas sans dégâts moraux, mais toujours pour le bien du groupe/de l’entité.

On en déduit que les règles doivent être claires, précises et surtout comprises et appliquées par tout le monde ! La vigilance du collectif doit être à toute épreuve.

Photo de la double page 44-45 de la BD "la Bigaille" chez Des Ronds dans l'O
Photo de la double page 44-45 de la BD

Est-ce que la BD m’a plu ?

Pour résumer, le nom du lieu est véritablement adapté. L’existence du lieu après 10 ans de vie associative prouve encore aujourd’hui que de nombreuses individualités différentes avec de petites idées bien variées, mises ensemble, réalisent une force, un tout particulièrement solide et durable : Une véritable bigaille !

Je conseille très fortement la lecture de cette BD à tout le monde mais surtout aux éternels insatisfaits des associations.

Ciao

Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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