Auteurs : Emiliano Pagani (scénario), Bruno Cannucciari (dessins)
Editeur : Soleil
Collection : Hors Collection
Année : 2018
Pages : 104
Résumé :
Dans la rue, un étrange personnage attire l’attention des gens, voire même les inquiète. Mais qui est -il ? Et où se rend-il donc ? Ailleurs, dans son appartement parisien, un homme regarde à la télé une émission sur les monstres marins. Plutôt, un homme cauchemarde devant cette émission. Emergeant difficilement, il apparaît que l’homme devant la télé est en fait… le présentateur de l’émission !
Mais on sonne à la porte. Serait-ce l’étrange personnage qui est arrivé à destination. Que va-t-il se passer maintenant ? Une rencontre qui va changer le cours de plusieurs vies…
Mon avis :
Ce récit étonnant oscille entre le fantastique et le polar. Y a-t-il quelque chose de mystérieux ou bien tout peut-il trouver une explication logique ?
Kraken vous entraînera à la suite de cet ancien présentateur télé qui tente de rendre service à une mère inquiète pour son fils.
Dans ce récit, l’histoire d’amour la plus forte est celle qui relie non pas le héros à une éventuelle jeune femme rencontrée au hasard de ses pérégrinations, mais bien celle de cette mère et de son fils un peu différent des autres, répondant au doux nom de Damien. (fan de « La Malédiction », ne vous inquiétez pas, ce Damien-là n’est pas le fils du diable).
La mère, bien que secondaire, a une présence discrète mais néanmoins forte, car elle est la mère de celui que tous rejette, Damien. Quant à Damien, lui, il rejoint le profil de l’enfant simplet auquel on s ‘attache.
Et le Kraken du titre dans tout cela ? Ne vous inquiétez pas, il est bien présent dans le récit, mais d’une manière sous-jacente. Tout le monde le craint mais personne ne l’a vu. Quant au héros, il présentait des émissions télé sur les mystères de la mer, dont le Kraken !
Ce récit, dont l’amour maternel est le moteur, car c’est lui qui amène le héros à s’impliquer, évoque la profondeur des océans pour mieux nous montrer la profondeur de l’âme humaine. La profondeur, mais aussi la noirceur… Et le dessin ajoute une couche obscure sur ce mystère.
En effet, Bruno Cannucciari dessine l’histoire de Emiliano Pagani.
Il effectue le choix de changement de style où tout d’un coup, le crayon, le pastel semble prendre le dessus sur l’encre et les couleurs. Justement les couleurs ! Parlons de ce vert marin qui hante et tâche les pages, semblant presque faire remonter à nos narines l’odeur de la mer, quelque soit l’endroit où l’action se déroule. La couverture est un bel exemple de cet emploi du vert.
Le style semi-réaliste, les cases dépourvues de cadre, cette palette graphique oscillant entre le vert, le gris, le blanc et le noir, tout cela mélangé rajoute une ambiance curieuse angoissante à ce que l’on nous raconte. Et le récit en soi est déjà bien oppressant.
Kraken est une belle réussite. Il s’agit rien de moins qu’une BD que vous prendrez plaisir à lire, et dont la résolution finale devrait quelque peu vous surprendre. Des personnages perdus face à une légende qui les dépasse, un conflit entre modernité et tradition, un amour maternel plus fort que presque tout, et quelques autres éléments cachés forment les ingrédients de la recette de cette somptueuse histoire, noire comme l’angoisse et verte comme la mer.
Zéda rencontre le Kraken !