mercredi 24 avril 2024

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Jonathan T1 : Souviens-toi, Jonathan…

Jonathan
Titre: Jonathan T1 : Souviens-toi, Jonathan…
Éditeur : Lombard
Auteur : Cosey
Année : 1982 (daté de 1975 par Cosey à la dernière planche)

Souviens-toi, Jonathan – le résumé

Un homme saute en parachute d’un petit avion au-dessus du Tibet. Qui est-il ? Que cherche-t-il ? Une seule réponse à ces deux questions: Jonathan recherche son passé, et la cause de son amnésie. Prenant son courage à deux mains et un sac à dos, il va parcourir les cols de l’Himalaya Tibétain pour retrouver son passé. Mais rien ne pouvait le préparer à une telle révélation…



« Souviens-toi Jonathan » est le premier tome des aventures de Jonathan, paru en épisodes dans le journal de Tintin à l’époque. Une histoire émouvante. Aujourd’hui, en le relisant, je me dis que la fin, les souvenirs oubliés, est prévisible, mais qu’importe. Le voyage de Jonathan, autant intérieur qu’extérieur, est magique. Nous découvrons derrière lui ce Tibet étrange, ces problèmes, ces tribus, ces nomades, cette nature inhospitalière, limite hostile.
Cosey sait en jouer, les pièges de l’Himalaya sont des obstacles pour Jonathan, mais aussi de clés qui le ramènent à ce passé tant recherché. La situation n’est ni noire ni blanche. Sous le ciel éclatant du Tibet, les nuages flottent dans l’esprit de Jonathan. Et derrière ce parcours d’obstacles, derrière cette rudesse des montagnes et du froid, se dresse une véritable humanité. Cette chaleur, cette tendresse, Jonathan les trouve chez Nancy l’infirmière, chez Themba le jeune Tibétain, et même chez Tsaring le fier guerrier Khamba.
Et quand la mémoire revient, c’est plus un drame qu’un bonheur. Et Jonathan doit faire un deuil. Le scénario, simple, nous dévoile une évidente vérité : Notre histoire est en nous. Jonathan ne retrouve pas son passé dans les montagnes de l’Himalaya, mais il l’a depuis toujours au fond de lui. Et c’est la montagne et les Tibétains qui lui ouvrent cette « porte fermée » de la mémoire.

Le dessin est en même temps simple et fouillé. Connaissant les autres tomes de la série, on aperçoit les premières empreintes de l’évolution future du style de Cosey. La simplicité est là, mais Jonathan n’a pas encore trouvé son véritable visage. Après tout, c’est symbolique, il doit se trouver lui-même pour atteindre sa véritable forme…
Les couleurs sont dans des teintes grises, ocres, sombres. Elles reflètent bien le mal du héros.
Le cadrage est très varié. Jonathan est perdu, et les cases s’enchaînent, grandes, petites, longues, étroites, suivant l’avancée du héros. Les souvenirs qui apparaissent en cases semblant se former à partir du vide. Et comment oublier cette planche où trois Khambas chevauchent vers nous !

Jonathan n’est pas l’aventurier en grande pompe, c’est un humain qui cherche, qui se cherche. Et c’est ce qui le différencie des amnésiques comme XIII. Pas de grand complot, juste des rencontres, des histoires simples, fortes, touchantes.

Et Cosey pousse l’expérience plus loin encore, avec son lecteur. Aujourd’hui, où la BD numérique se cherche et tente tout un tas d’expériences, comment oublier que Cosey a mélangé musique et BD ? En effet, à la fin du tome, des références de musique à écouter pendant l’histoire. Rappelez-vous, à chaque nouveau tome, on fonçait chez notre vieux disquaires à chercher les musiques recommandées par Cosey. Jonathan, la première BD multimédia ?
En outre, Le texte présentant Jonathan au revers de la BD « Jonathan, tel que je l’ai connu », nous place aussi à un autre niveau de lecture. Certes, cette histoire est imaginaire, fictionnée, mais ce héros, ce Jonathan, Cosey l’a connu. Bien que je trouve que les deux hommes, l’auteur et le personnage, se ressemblent énormément. Mais quelle importance. Ce petit texte rajoute une dimension supplémentaire qui dépasse le cadre de la BD. Et c’est aussi pour cela que Jonathan me touche encore plus.

Ce que Cosey nous dit, d’après moi, c’est que Jonathan existe. Cet homme au coeur tendre, détaché des choses matérielles, imparfait mais tellement humain, cet homme existe en chacun de nous. A nous de nous rappeler aujourd’hui que notre Jonathan ne nous a jamais quitté. Il est là, dans notre mémoire, à nous de le retrouver…

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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