dimanche 8 décembre 2024

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Cubitus T36 : Ne mord jamais

Titre : Cubitus T36 « Ne mord
jamais »

Auteur : Dupa

Editeur : Le Lombard

Année : 1999




Résumé :

Cubitus est un gros chien blanc, dont
le maître répond au doux nom de Sémaphore. Mais si cubitus est
drôle, joueur, inventif, il est aussi goinfre, paresseux et
rancunier. En plus, il parle ! Avec sémaphore, mais aussi avec
Sénéchal, le chat de la voisine, et puis avec tout ce qui passe, dont un
gentil petit escargot et une puce bien tenace…




Notre avis :

Cubitus continue sa carrière entamée
en 1968 dans les pages du journal de Tintin. Ce tome 36 paru en 1999 – vous avez dit Cosmos 1999 ? Pardon, je sors – 
fut l’un des derniers réalisés par la main de Dupa, son créateur.
L’histoire reste la même : une série de gags d’une page, dotés d’un
titre, mettant en scène Cubitus, Sémaphore et leur petit
univers, à quelques exceptions près. Certains albums mettent en
scène ce chien foufou pour une longue aventure ou une série
d’histoires courtes.

En tout cas, pour ce tome 36, c’est le
gag à la page qui règne. A la relecture aujourd’hui, je trouve que certains
d’entre eux tombent un peu à plant, étant trop prévisibles, soit à
cause des titres qui donnent une information clé sur la future chute, soit à
cause du gag en lui-même, qui donne une impression de déjà-vu.
Certains fonctionnent bien et souvent, ce sont ceux qui jouent sur
la corde de l’absurde, créant des situations inattendues et pleines
d’humour.

Notons aussi que Cubitus fait partie de
ces BD qui se mettent en abyme. De nombreux gags (au moins un dans ce
numéro 36) rendent le scénariste responsable de certains faits ! Et
parfois, Dupa lui-même se met en scène. C’est aussi une des formes
d’humour qui fonctionne assez bien car elle surprend toujours le lecteur.

Les personnages sont bien
caractérisés : Cubitus, Sémaphore, Sénéchal ont leurs qualités
et leurs défauts, qui les rendent humains et attachants. Le trio
Cubitus, Sémaphore et Sénéchal pourrait rappeler le trio Achille
Talon, Papa Talon et Lefuneste. Certains dialogues reprennent la
verve de Greg. Mais autant Achille est cultivé et fat, autant
Cubitus est inculte et loin d’être prétentieux. Les caractères des
personnages ne se recoupent pas, voire même s’inversent. Sénéchal
étalant parfois sa culture à un Cubitus qui veut juste savoir si le
chat a lu son dernier album !

Chez Cubitus, la nature, les animaux,
tout le monde parle et ‘exprime, ce qui contribue à créer ces
moments drôles et pleins de tendresse, surprenants et émouvants.
J’ai apprécié les échanges du chien avec ce petit escargot qui
traîne dans le jardin, ou encore avec cette puce dont il n’arrive jamais à se
débarrasser.

C’est aussi curieux de relire ces
anciens albums, (n’oublions pas, ce tome 36 date de 1999 mine de rien) car
certains gags reposent sur des événements anciens, comme celui où
Sémaphore vient annoncer l’arrivée des cartes à crédits. En
effet, l’argent et la société sont bien présents, même si c’est
de manière légère, car de nombreuses histoires reposent sur le fait qu’il
faille régler des dettes, des factures, faire des courses, trouver
de l’argent pour entretenir un chien si goinfre. Cubitus ne vit pas
dans un monde idyllique où tout va bien, mais il habite un monde
proche du nôtre, où ces préoccupations monétaires, toujours
traitées avec humour, ont pris plus d’importance avec le temps, pour
le héros comme pour nous, lecteurs.



Cubitus, graphiquement, s’inscrit dans
la ligne franco-belge – C’esdt loin de la ligne Maginot, ça, non ? Pardon, je sors -. Les personnages sont stylisés, mais très
expressifs avec leurs gros yeux. Les décors sont simplifiés. Dans
le jardin, une maison en silhouette dans le fond rappelle qu’on est à
l’extérieur. La nature représentée par des rangées de buissons
identiques. Et soudain, des passages laissent place à une floraison de
détails, le salon de Sémaphore, par exemple. En regardant bien
certaines cases, j’ai découvert avec plaisir tous ces petits éléments
absurdes qui rajoutent à l’humour de la série. Le t-shirt de
sémaphore, une maison qui projette des étoiles par sa cheminée dans le
fond, la demeure de sémaphore dont les murs changent de couleur selon
l’humeur ou les situations et puis ces moments où Cubitus demande
quelque chose à son maître, et l’interrompt alors qu’il se livre à
des activités anodines, qui prennent un drôle de sens quand on
regarde bien. Comme Sémaphore qui passe l’aspirateur… dans le
jardin !

Les couleurs sont simples et permettent
de bien situer les lieux de l’action.

Le cadrage reste classique, le plus
souvent quatre bandes de une à trois cases. Et l’originalité de la
série ne repose visiblement ni sur ses cadres, ni sur ses angles de
vues.



Cubitus eut suffisamment de succès
pour être adapté à la fin des années quatre-vingts en une série
de dessin animée par un studio… Japonais ! Baptisée « Don-don
Domeru to Ron », elle met en scène Cubitus et ses amis, avec un générique au démarrage très sympathique !




Dupa eut donc, avant son décès en
2000, le plaisir de voir les épisodes de cette série. En fut-il
satisfait ? Je l’ignore.

Cubitus, au bout d’une quarantaine
d’albums, a donné beaucoup et il n’est pas facile de se renouveler,
ce qui peut expliquer que des gags de ces derniers albums ne soient
plus très drôles ou originaux. Mais ce chien attachant,
bougon et flemmard restera toujours un sacré personnage de BD.

Aujourd’hui, la série a été reprise
par Michel Rodrigue au dessin, accompagné de différents
scénaristes. Elle s’intitule « Les Nouvelles aventures de
Cubitus » et compte déjà environ huit albums. Je n’ai pas eu
le plaisir de les lire, j’ai grandi avec l’ancienne
série dont j’ai pu voir évoluer le style de dessin, jusqu’à ce tome 36.



A mon goût, Cubitus n’est peut-être
plus la série la plus drôle que j’ai lue, mais il est agréable de
s’y replonger le temps de quelques gags. Alors si vous avez
l’occasion de découvrir la vie de pantouflard de ce bon gros chien
de maison, empruntez un tome à votre bibliothèque et tentez
l’aventure… au coin du jardin ! 
 

Zéda et le colibri rencontrent Cubitus et Sémaphore




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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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