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Au Crépuscule De La Beat Generation Le Dernier Clochard Céleste, la BD sur un mouvement incontrôlable
Titre : Au Crépuscule De La Beat Generation Le Dernier Clochard Céleste
Auteurs : Etienne Appert (scénario et dessin) adapté des romans de Gilles Farcet
Éditeur : La boîte à Bulles
Année : 2023
Pages : 240
Résumé d’une BD qui relate une rencontre capitale :
Gilles Farcet échange avec Hank dans un café. Mais bien avant cela, en septembre 1987, il croise dans la rue Allen Ginsberg, un des plus grands poètes américains, fer de lance de la contre-culture, un des trois piliers de la Beat Generation avec Jack Kerouac et William Burroughs. Après un détour dans l’histoire de la Beat Generation, Gilles Farcet vient aux Etats-Unis pour rencontrer Ginsberg et croiser par hasard un personnage hors-norme, Hank, le clochard céleste.
Le scénario d’un récit qui pulse:
Gilles Farcet a écrit deux romans autour de ces rencontres avec Ginsberg et Hank. Deux livres que Etienne Appert condense, fusionne et raconte sous forme de BD. On navigue à différentes périodes, autour de ce séjour, marqué par des rencontres avec ceux qui ont fait la Beat Generation. On suit Etienne Appert dans ce regard sur ce que le temps a apporté à ces idoles d’un mouvement contre-culturel qui a influencé ses différents successeurs, dont le Flower Power.
Ce récit passionnant vous emmène dans un new-York différent, où se mêle cette ruche autour de Ginsberg, toujours en activité et prêt à donner de son temps, et des personnages incroyables comme Hank. J’ai mieux – et même beaucoup mieux- compris ce qu’était ce mouvement Beat, les différentes idées que contenait ce mot : la pulsation, la vision, le coup. La poésie qui n’est qu’une de ses formes d’expression car le Beat, on le vit autant que possible. On recherche l’impact pour se transcender et tenter d’évoluer, de s’élever, de ressentir. Bon, là, je suppose et j’extrapole à partir de ce que j’ai ressenti, justement. Mais ce voyage dans le temps et l’espace au côté de Gilles Farcet est vraiment fascinant. Le récit se déroule et saute d’échanges avec Hank à des discussions avec Ginsberg. Cette narration pourrait n’être basée que sur la parole mais le graphisme vient remettre les choses dans l’ordre, ou plutôt, dans le désordre du Beat.
Le dessin magnifiquement halluciné :
Le trait de Etienne Appert met en scène ces personnages dans un style semi-réaliste permettant de reconnaître ces figures historiques du Beat mais à côté de cela, le jeu des compositions prend aussi le parti de casser les codes qui pourraient s’installer dans la narration. Les pages s’ouvrent, les couleurs se mélangent et parfois, c’est une ombre dérangeante qui envahit toute la page, une autre fois, ce sont les visions de Ginsberg qui explosent en mélange multicolore d’arabesques envoûtantes et d’autres fois, c’est le personnage de Gilles Farcet qui plonge au fond de lui-même.
Le choix de ne pas donner de visage à Hank, de le masquer sous cette barbe et ces cheveux blancs font ressortir le personnage. Ses choix de vie drastiques lui ont donné le recul pour parler à Gilles, sans fard ni gant.
Ce récit se conclut aussi sur des fiches de personnages. Surtout n’y voyez pas des textes didactiques ! Il s’agit de planches explosives où le dessin se mêlent au texte pour représenter, parfois symboliser, en extraire l’essence.
Jamais on n’a pris autant de plaisir à lire une fiche historique.
Conclusion d’une BD en mouvement:
Etienne Appert nous offre, avec cette adaptation, une BD au graphisme époustouflant, des myriades de couleurs se mélangent dans des compositions ouvertes, en restant au service de l’histoire de cette rencontre avec deux monuments du Beat : Allen Ginsberg et Hank, le clochard céleste. Deux extrêmes, les deux derniers feux qui ont allumé le Beat… Alors que la flamme brûle encore grâce à des artistes comme Patti Smith !
Zéda rencontre Gilles Farcet !