jeudi 28 mars 2024

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Angoulême 2018 – Rencontre avec Sonny Liew, l’auteur de « La vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye »

Avez-vous déjà entendu parler de BD
singapourienne ? Ou eu la chance de rencontrer des auteurs venus
de Singapour vous parler de leur carrière et de leur travail ? 

Et bien lors du FIBD 2018, au théâtre
d’Angoulême, j’ai eu le plaisir de découvrir l’œuvre et le
parcours de Sonny Liew, l’auteur de « la vie dessinée de
Charlie Chan Hok Chye » lors d’une rencontre animée par Paul
Gravett. A leurs côtés, un traducteur compétent et sympathique
assurait la transition entre ces deux anglophones et le public
Français de l’assistance (qui comportait également des
anglophones, précisons-le).

Cette vie dessinée de Charlie Chan a
été au départ éditée à mille exemplaires chez Epigram, à
Singapour. Puis le succès est venu avec l’incroyable récompense :
trois Eisner Awards ! Et la BD a été exportée à l’étranger. En
France, c’est Urban Graphics qui édite la version traduite dans la
langue de Molière. Cette BD raconte l’histoire de Charlie Chan
(ça, vous l’auriez deviné), vieux dessinateur de BD à Singapour.
Au long de sa longue carrière, ce sont cinquante ans d’histoire de son pays qui sont
parcourus à travers différents styles graphiques.


Paul Gravett met Sonny Liew à l’aise
et nous remontons avec eux bien plus loin que la genèse du projet,
puisque, à l’aide de photos, nous découvrons Sonny Liew…
enfant.


Sonny et sa sœur, enfants

Sonny nous raconte qu’il est né en
Malaisie et qu’à l’âge de cinq ans, avec sa sœur alors âgée
de six ans, ils ont été envoyés à Singapour pour recevoir une
meilleure éducation. Sonny précise que les photos présentées ont
été prises en Malaisie. 


Comment Paul Gravett a-t-il bien pu se procurer le premier dessin de Sonny Liew ?

Paul présente alors les premières
œuvres de Sonny… Et l’auteur d’ajouter, avec humour, que ces
planches de SF sont sans doute ses meilleurs travaux.

Un crayonné sur une feuille volante… Là aussi, on remonte à loin dans le temps

Sonny explique qu’il a toujours aimé
dessiner même s’il n’a reçu aucune formation spécifique. Sa
matière préférée était l’Anglais, et même s’il avait un
certain sens de l’abstraction, il n’avait aucune prédilection
particulière pour les mathématiques. 
Quand Paul lui demande pourquoi
Cambridge, Sonny répond qu’à la fin du lycée, lorsqu’on passe
l’équivalent du baccalauréat à Singapour, il y a possibilité
d’aller étudier à Oxford, Cambridge ou dans les meilleures écoles
des côtes ouest et est des USA. Sonny a préféré Cambridge où il
a opté pour des études de philosophie. Là, il se penche sur les
penseurs Anglais, les philosophes Français étant peu estimés outre
manche (en tout cas, à Cambridge, faut croire).

Paul soulève la question du choix de
ce cursus philosophique.

Sonny répond qu’il ne savait pas
trop quoi faire de sa vie, la philosophie devait lui apporter des
réponses. Mais au final, à défaut de réponses, il a appris à se
poser de meilleures questions. Ces études ont duré de 1993 à 1996.
Pendant ces années, il a également pratiqué avec plaisir le foot,
l’athlétisme, le hockey et, sans grand succès, précise-t-il
toujours avec humour, le canotage ! Il enchaîne sur sa deuxième
année à Cambridge, où il a réalisé sa première BD sous forme de
strips. En rentrant à Singapour, il l’a proposée à des journaux
locaux, et une de ces revues a accepté de lui acheter chaque strip
trente-cinq dollars.

 La faculté, Cambridge, les années du premier strip…


Sonny a choisi ce format de quatre
cases car il ne savait pas ce qu’il faisait, il ne connaissait pas
les codes du strip. Ses inspirations étaient Calvin et Hobbes (les
incontournables, je me permets de l’ajouter) mais il adorait aussi
les films d’horreur, d’où la présence de cette créature de
Frankenstein, qui symbolisait également la tendance du gouvernement
de Singapour à lobotomiser le cerveau…

Paul demande si Sonny a déjà
conscience à cette époque que s’exprimer librement à Singapour
était compliqué.

Sonny répond oui. D’ailleurs, après
ce premier succès, il a continué ces strips à Cambridge. Le
journal de Singapour lui a demandé d’en refaire deux.
Malheureusement, avec le rythme de ses études, il n’avait pas le
temps de reprendre ces dessins. La collaboration s’est alors arrêtée
d’un commun accord.

Une anthologie à la couverture… mémorable

Paul présente l’anthologie des
strips de Sonny, regroupés et réédités en intégrale.

Malgré l’annotation à double sens
de la page de titre (incomplete and abridged), Sonny explique qu’il
n’y a pas eu de censure sur cette anthologie. Mais il a compris
l’importance de tout contrôler sur le plan créatif. En regardant
la photo, il nous confirme que cette couverture réalisée avec un
photoshop de basse qualité ne l’a guère enchanté.

Mais faire de la BD lui a donné envie
de lire de la BD et il découvre à cette époque Daniel Clowes et
Chester Brown, auteurs indépendants qui proposent des comics
intéressants. Il décroche avec succès son diplôme de philosophie.
Et après cette expérience de strips rémunérés, Sonny est
convaincu qu’il doit dessiner des comics, ou du moins faire quelque
chose de créatif. Il travaille un an à réaliser des illustrations
pour des CD-rom éducatifs. Rappelez-vous, 1996, le CD-Rom, en ces
temps-là, c’était l’avenir !

Paul lui demande quel était l’état
de l’industrie de la BD à Singapour.

Sonny répond qu’il n’y a pas
d’économie de la BD à Singapour, il n’y a pas de formation, peu
ou pas d’exemples pour apprendre, la plupart des BD sont
auto-publiées.

Paul conclut qu’il a manqué à Sonny
de rencontrer un artiste établi expérimenté, comme… Charlie
Chan, le héros de sa BD. 
Sonny hoche la tête, ajoutant
qu’effectivement, il n’y en avait pas à l’époque.
Heureusement, sa sœur qui étudiait
aux Etats-Unis, sachant la passion de Sonny pour le dessin, est
revenue à Singapour avec une ribambelle de prospectus d’écoles
d’arts américaines. Et voilà donc Sonny qui prépare un dossier
pour finalement intégrer la Rhode Island School of Design.

 Le logo de la Rhode Island Schol of Design


Là, il a appris à peindre. La couleur
l’intéressait énormément. Il a étudié beaucoup d’arts
graphiques. On lui a proposé un stage de sculpture qu’il a décliné
pour ne pas s’éloigner de son but.

 « Bloody Ejiet », la légende appropriée.

Paul présente cette peinture à
l’huile de Sonny inspiré des Comics d’horreur de la maison EC
Comics. L’auteur s’empresse de préciser que le commentaire
(Stupid Idiot) s’adressait non à la créature dessinée mais bien
à lui-même, l’artiste, pour lui rappeler de savoir prendre une
certaine distance. 


Autoportrait en pleine action(s)

Puis Paul présente un autoportrait de
Sonny, y sentant quelque chose de Lucian Freud.

Sonny précise qu’il pensait plus à
un autre artiste qui savait faire de la SF sans tomber dans les codes
convenus. Avec humour, il ajoute qu’il ne pouvait pas payer de
modèle, donc il prenait la pose lui-même. Et s’il s’est rasé
la tête, c’était pour ne pas avoir à dessiner des cheveux. 
 Dessiner d’après photo… et recréer un autre monde !


 Sonny explique que l’école ne
cherchait pas à lui imposer un style ou à l’entraîner forcément
dans l’abstraction. Il a pu développer ses envies et travailler
sur des œuvres vraiment personnelles. D’où sans doute cette scène
plutôt SF. C’est d’ailleurs à l’école qu’il commence
Malinky Robot (paru aux éditions Paquet en France).

« Malinky robot », première BD publiée de Sonny, hors strips bien sûr…

Paul constate que son intérêt pour la
SF et pour le cartoon se retrouvent combinés ensemble dans cette
œuvre qui l’a fait connaître. 

Sonny raconte qu’il a eu comme
professeur David Mazuchelli (rappelez-vous Batman Year One, ou si ce
titre ne vous dit rien, foncez le lire), qui a été le premier à
lui expliquer comment aller dans la BD. Il parlait en cours du roman
graphique sur lequel il travaillait. On ne pouvait suivre ce cours
qu’une seule fois mais nombreux ont été ceux qui biaisaient pour
y retourner. C’est Mazzuchelli qui lui a recommandé d’aller au
Comic Con de San Diego.

Aussi, Sonny s’exécute et y
rencontre un auteur en dédicace. Le jeune artiste en formation lui
présente son book et l’homme, lassé de signer et dédicacer,
l’invite à prendre un café et lui présente quelques personnes du
monde du comics. Sonny est aux anges. Il découvre après coup que
cette main tendue était celle de Chris Claremont, un des grands
scénaristes des X-Men chez Marvel. Certes, en 2010, quand Sonny l’a
revu, Chris ne se rappelait pas de lui. Mais le geste était là !
C’était le plus important.

Paul demande si le but de Sonny était
de faire un « run » chez Marvel.

En réalité, Sonny voulait juste
trouver du travail dans la bande dessinée.

 « My Faith in Frankie », entrée de Sonny chez Vertigo


C’est là qu’il a développé un
projet de série soft pour image/vertigo, une BD faisant intervenir
la mythologie et les déesses. Il réalisait les dessins mais pas le
scénario. L’éditeur lui a expliqué que son niveau d’encrage
n’était pas au top et qu’un autre allait encrer. Sonny se
chargerait uniquement des crayonnés. Le jeune homme avait conscience
qu’il pouvait encrer une case, une page, mais pas vingt-deux pages.
Il ne l’a pas mal pris et continue d’ailleurs encore maintenant
d’améliorer son encrage. Aujourd’hui, il encre mieux même si ce
n’est pas parfait mais il compense cela en poussant son crayonné à
l’extrême et pour utiliser ensuite les couleurs numériques. Il se
garde la possibilité de recourir à cette technique. 
 Surrogates, un des projets refusés par Sonny



Sonny raconte qu’on lui a proposé un
scénario à la Blade Runner, mais qu’il a trouvé moins bien que le
film. Il a refusé de travailler sur ce projet qui devint Surrogates.
Sonny ajoute qu’un artiste doit faire des choix, accepter ou
refuser des projets.

Paul rappelle que Sonny exprimait
précédemment l’envie de garder le contrôle sur tout l’aspect
créatif. Cela a-t-il pris du temps pour y arriver ? Comme
Mazzuchelli avec Miller, a-t-il du réaliser des collaborations pour
ensuite être libre de porter un projet seul ?

Sonny raconte que cela a été très
difficile. Ça a pris beaucoup de temps. Personne ne semblait trouver
qu’il était capable de porter un projet tout seul, au dessin et à
l’écriture. Ce ne fut possible qu’avec Charlie Chan.

Et avant d’en
arriver là, il y eut plusieurs collaborations. Comme celle sur
Shadow Hero avec Gene Yuen Lang.

« Shadow Hero », une BD publiée en France chez Urban 
Avec ce super-héros d’origine
asiatique, Sonny voulait faire référence au Green Turtle,
super-héros original de Chu Hing. Ce fut le premier super-héros
chinois. C’était la volonté de Hing, raconte Sonny. Mais son
éditeur s’y était opposé, il fallait plutôt un occidental. Chu
Hing décida alors de ne jamais dessiner le héros de face sans son
masque, afin qu’on ne voit jamais vraiment son visage. 

Paul demande comment Sonny s’est
ensuite retrouvé sur Doctor Fate, grande série mainstream de DC
Comics.

 Des planches issues de Doctor Fate, chez DC

Le projet lui a été proposé par Paul
Levitz. Il voulait ressusciter le Doctor Fate sous une forme
égypto-américaine. Paul sentait que Sonny Liew était capable de
cela suite à son travail sur Shadow Hero. Cette carte d’artiste DC
était intéressante pour lui. 

Paul demande alors quand a commencé le
travail sur Charlie Chan.

Sonny répond dès la création de
Shadow Hero ! Développer Charlie Chan a pris du temps. Il y a eu des
galop d’essais. Paul montre une photo de strips.

 les vagues prémisses de Charlie Chan ?

Effectivement, pour ces strips, Sonny
explique qu’il s’agit de trois amis racontant une histoire selon leur
point de vue. Et donc, pour chacun d’eux, Sonny Liew a pris un style
graphique différent. Ce travail pour Charlie Chan, cette intégration
d’éléments différents, tout cela a été influencé par deux
auteurs majeurs pour lui : Chris Ware et Daniel Clowes.

Sur la couverture de Charlie Chan, Paul
note qu’il est indiqué « présenté par Sonny Liew » et
non « scénario de Sonny Liew ».

 Les premiers mots de Charlie Chan…

Sonny explique qu’effectivement, il a
présenté ce travail comme étant la monographie d’un grand artiste
de Singapour. Il s’est posé la question : Devait-il révéler le pot
aux roses à la fin de l’histoire ? Et finalement, il a décidé que
non. L’idée de départ était de raconter cinquante ans de
l’histoire de Singapour mais de le faire paraître comme étant autre
chose qu’un commentaire historique. Charlie Chan est donc un
personnage-façade permettant d’aborder, en toile de fond, l’histoire
de ce pays.

Pour réussir à faire cela, Sonny Liew
a redécouvert l’histoire de son pays. Singapour est régi par un
gouvernement unique depuis cinquante ans. Il y a une telle masse de
documents sur l’histoire officielle que l’on ne peut même pas penser
à douter. Mais il existe des livres sur la véritable histoire et
Sonny Liew est parvenu à les trouver. Et là, il a découvert par
exemple comment un leader syndicaliste important a été effacé de
l’histoire officielle de Singapour. Il a conclu qu’il fallait
reparler de tout cela.

D’un point de vue technique, Paul
demande comment s’est faite l’approche graphique, d’un côté
super-héros et de l’autre plutôt Mad Magazine.

Sonny Liew voulait contextualiser ces
périodes par des styles de BD précis qui permettaient aux lecteurs
de savoir sur quelles époques ils se situent, grâce aux genres
graphiques utilisés.

 Un des styles graphiques utilisés par Sonny dans Charlie Chan

Paul aimerait savoir comment Sonny
est-il parvenu à faire éditer ce projet très ambitieux. A
Singapour en plus ! 

Sonny avait cette idée de BD depuis
2010 mais il ne trouvait pas d’éditeur. Il a découvert alors qu’une
agence gouvernementale, la MDA, avait décidé de consacrer un budget
de cent cinquante mille dollars (Singapouriens) pour soutenir cinq
projets BD. Il fallait réaliser la BD en un an. Sonny fut
sélectionné par Epigram, éditeur Singapourien qui a décroché
cette subvention. Mais Sonny a mis plus d’un an a réalisé sa BD et
du coup, l’agence a retiré son fond. Sonny a rebondi et demandé à
un autre organisme une subvention et il a pu récupérer ainsi huit
mille dollars (singapouriens toujours). Sonny a pu terminer son
travail. Mais l’organisme a lu le livre et n’a pas aimé du tout le
message sous-jacent et ils ont récupéré leur mise. Ils ont même,
attitude rare, communiqué à l’encontre de cette BD ! Heureusement,
cela a créé un buzz positif pour « la Vie dessinée de
Charlie Chan Hok Chye » qui a permis de vendre plus de livres.

 Réaction du gouvernement singapourien…


Paul enchaîne en évoquant la victoire
de cette BD aux Eisner Awards, récompense prestigieuse
internationale. Cela a permis de voir la BD traduite en plusieurs
langues, Français (Chez Urban), Anglais, Italien, Brésilien,
Chinois et Taïwanais, entre autres.

Sonny fut même sélectionné parmi les
dix singapouriens de l’année. Mais il ajoute avec humour qu’il ne
gagnera pas car de toute façon, en face de lui, se trouve un
véritable aventurier, amputé des deux jambes après un accident,
devenu champion paraolympique et victime d’un cancer qui lui a coûté
un œil. 
 Quand même, 3 Eisner Awards ! Pour la même BD !


Paul demande alors quels sont les
prochains projets de Sonny.

Le jeune artiste œuvre comme
scénariste sur Young Animals chez DC. Comme dessinateur, Charlie
Chan l’a laissé vidé. Le prochain projet qu’il voudrait faire
entièrement portera sur le capitalisme. Il a envie d’en apprendre
plus à ce sujet car ses connaissances actuelles sont insuffisantes
pour traiter un tel bloc ! C’est d’ailleurs dans les méthodes
d’apprentissage et de recherche que ses études en philosophie l’ont
aidé.

Sonny Liew a œuvré sur d’autres BD que celles évoquées dans cet échange, comme Wonderland par exemple…
Paul ajoute que cela se ressent aussi
dans sa manière de traiter les sujets. Pas de colère, de diatribes,
de didactisme, et surtout pas de réponses simples. Sonny accepte
humblement le compliment. Paul enchaîne en demandant si le titre de
sa BD fait référence au détective de fiction Charlie Chan.

Sonny répond « oui et non ».
Il explique qu’en fait, la référence est adressée au film de Wayne
Wang « Charlie Chan a disparu » où, au cours de
l’enquête pour le retrouver, on entend des témoignages variés et
différents. Ce qui lui a donné l’idée des styles graphiques
changeants. Et puis cela permettait aussi de rendre compte de la
multiplicité des interprétations. Et le nom « Charlie Chan
Hok Chye » permettait d’avoir des consonances singapouriennes
dans le titre.

Paul demande si Sonny a travaillé avec
des galeries d’arts.

L’auteur explique qu’il a répondu à
une commande d’une grande galerie nationale pour travailler sur un
artiste qui lui a plu. Mais lui-même n’a pas été exposé à
Singapour. 
 Sonny Liew à l’écoute des questions du public…



S’ensuivent des échanges avec le
public dont voici quelques questions (et réponses de Sonny).


Une personne demande comment Sonny s’est retrouvé sur le projet
Shadow Hero de Gene Yuen Lang et l’explication du choix d’un
personnage Chinois.


Sonny raconte que Shadow Hero était le projet de Gene mais qu’il
prétendait ne pas avoir le style pour dessiner. Sonny, souriant,
précise qu’il soupçonnait plutôt Gene de ne pas avoir le temps de
le dessiner. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur un autre
projet et avaient le même état d’esprit. Voilà comment a démarré
leur collaboration sur Shadow Hero. Pour le personnage asiatique,
Sonny explique qu’à Singapour, il faisait partie de la majorité, il
n’y avait pas de racisme ou d’ostracisme. Son arrivée aux États-Unis
a été un choc. Il s’est retrouvé confronté au racisme ordinaire.
Il devait réagir à cela. Et c’est ainsi qu’il a décidé de mettre
en avant des personnages asiatiques, étrangers dans nombre de ses
projets, comme Shadow Hero.
 Pendant les échanges, nous pouvons entrevoir d’autres travaux de Sonny


Une autre personne demande comment a été perçue son œuvre par le
public à Singapour. Était-ce le premier livre parlant de cette
manière de Singapour à Singapour ?


Sonny précise que les autres livres édités à Singapour sur
Singapour sont souvent pro-gouvernement et très officiels. Pour les
retours, c’était simple. Il a eu des avis positifs de la part des
personnes qui sont anti-gouvernement et il n’a eu aucun retour des
officiels ou des personnes pro-gouvernement. Même s’il a été
sélectionné pour le Singapourien de l’année, il voit cela comme
une expression de l’aspect multi-facette de Singapour. Des
institutions gouvernementales sont contre son projet et veulent le
boycotter. Mais de l’autre côté, certaines institutions sont pour
et ce choix est une manière de le dire. Ces oppositions lui
plaisent. Le gouvernement est unique mais pas monolithique.


Quelqu’un d’autre demande quand Sonny Liew a connu le Manga ? A
Singapour ?


Sonny explique que le manga était traduit en Chinois à Singapour et
qu’il ne lisait pas le Chinois. Il l’a découvert assez tard dans des
traductions Anglaises en Grande-Bretagne !

C’est sur ces quelques mots que se conclut cette rencontre. Avec des
remerciements chaleureux à Sonny Liew pour sa gentillesse et son
humilité, à Paul Gravett pour ses questions intéressantes qui nous
ont fait découvrir la vie et l’oeuvre de Sonny et aussi au
traducteur, compétent, impliqué et visiblement passionné par le
travail de l’artiste.
 De gauche à droite, le traducteur, Sonny Liew et Paul Gravett
 Et pour les curieux intéressés par l’art dessiné asiatique au sens
large, sachez que Paul Gravett organise « Mangasia », une
exposition avec plus de trois cent planches originales venues du
Japon et de toute l’Asie (certaines sont, pour la première fois,
sorties de leur pays). Cet événement se tiendra en France à Nantes
au « Lieu Unique » du 30 juin au 23 septembre 2018.



Le catalogue de l’exposition (qui tourne actuellement en Europe)
était disponible sur les stands du FIBD.


L’occasion d’avoir pour la première fois une vision globale, plus
large de cet art foisonnant. 
 Sonny Liew et Paul Gravett


Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, le Festival d’Angoulême
proposait une exposition sur « la vie dessinée de Charlie Chan
Hok Chye » dans le théâtre d’Angoulême !


L’exposition consacrée à la BD « La vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye » de Sonny Liew



Alors nous nous sommes dits que c’était l’occasion de vous faire
découvrir quelques photos de cette petite exposition, qui vous
donnait envie de vous ruer sur la BD en sortant !


                        Une scénographie simple qui permet la mise en avant des dessins.



Le talent de Sonny se mesure vraiment en marchant dans l’expo et en
découvrant ces planches et peintures. J’ai eu parfois du mal à
croire que c’est le même homme qui a réalisé tous ces dessins et
qui a su prendre avec talent autant de styles différents. Imaginez :




Dessin animalier,


  dessin semi-réaliste,



dessin style comic d’action,



Dessin comique, caricatural,




dessin à la Disney (regardez bien ce canard à chapeau),




sans oublier quelques recherches graphiques, des beaux crayonnés,




et de magnifiques peinture pour amener un peu de couleur au milieu de
ces planches.

Au long de ces planches, de ces toiles, en complément de cette rencontre, j’espère que ces quelques photos et ce moment passé en compagnie de l’auteur vous auront donner envie d’en savoir un peu plus sur ce mystérieux Charlie Chan.
Que vous dire de plus ? Encore une fois, Angoulême nous a réservé
une très belle surprise avec cette rencontre et cette expo autour de
« La vie dessinée de Charlie Chan Hok Chye » de Sonny
Liew.


Bon, je vous laisse, il faut que j’aille me procurer cette BD…

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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