vendredi 19 avril 2024

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Yuko de Ryoichi Ikegami, la chronique envoutante…

Couverture de Yuko de Ryoichi Ikegami chez Delcourt Tonkam
Titre:
Yuko


Auteurs :
Ryoichi Ikegami (scénario et dessin)


Editeur :
Delcourt Tonkam


Année :
2017


Pages
: 448







Résumé :


Douze
histoires, dont neuf originales écrites par Ryoichi Ikegami et trois
adaptées de nouvelles de romanciers Japonais célèbres. Douze
histoires mettant en scène des femmes, des hommes, entraînés pour
diverses raisons dans la chaleur des plaisirs interdits. Douze
histoires flirtant avec le fantastique, l’étrange et le sensuel.
Douze histoires envoutantes à ne pas manquer ! Douze femmes que vous
n’êtes pas prêt d’oublier, premier ou second rôle.





Mon
avis :


Cette
anthologie de Ikegami, constituée de BD choisies par Ikegami
lui-même, couvre les années 1991 à 1999. Soit neuf ans. On
pourrait s’attendre à voir une évolution du style de l’auteur,
pourtant, une belle homogénéité se dégage de ce recueil.


Comme
si ces histoires se suivaient dans le temps, par leur style
graphique, certes et aussi par leur thème, leur approche, leur
narration.


Les
choix d’adaptation, qu’il s’agisse de « l’Enfer » de
Ryunosuke Atagawa, du « Donjon » de Kyoka Izumi ou encore
d’ »Un amour de Tojuro » de Yuko Kan Kikuchi, restent
dans cette ambiance un peu vénéneuse, légèrement érotique,
discrètement cruelle qui plane sur l’ensemble des histoires.




A
mes yeux, ces récits offrent une part belle à l’érotisme et aux
images suggestives, référence est faite dès la première histoire
à Seiu Ito, dont les peintures axés sur le bondage ont l’air
d’avoir marqué le vingtième siècle japonais. D’ailleurs, cette
première histoire, répondant au nom de « Elle s’appelait
Yuko », donne son titre à cette anthologie. Victimes ou
héroïnes, les femmes y tiennent une place complète. Elles se
révèlent porte vers un seuil mystérieux et parfois dangereux.

Mais
le plus marquant pour moi n’est pas tant l’érotisme suggéré au
travers des pages, mais bien cette ambiance fantastique qui ne repose
pas sur l’outrance, mais bel et bien sur la suggestion. Un
fantastique qui flirte savamment avec Poe ou Maupassant. Ce
fantastique dont on vous donne parfois une explication rationnelle,
et d’autres fois pas. Ce fantastique qui joue avec le sexe tout
autant qu’avec les âmes et qui garde toute sa force grâce à la
compacité des récits. Pas de fioriture, juste le minimum pour vous
entraîner, vous engloutir en quelques pages dans un monde étrange
dont on ne sort pas forcément intact. Ce fantastique chaud comme les
corps enlacés et froids comme la mort. Et la figure de proue de ce
fantastique, c’est la femme. Belle, toujours envoutante, mais
différente, par son caractère, par ce qu’elle cache, ou même par
ce qu’elle montre.



On
associe souvent Ikegami à ses séries cultes, comme « Crying
Freeman » et il est fort intéressant de découvrir une autre
palette de cet auteur, dont le petit cheptel de récits offerts ici
vous fera regretter de n’en avoir pas plus !
Page de Yuko de Ryoichi Ikegami chez Delcourt Tonkam
Le regard d’une femme où se dessinent, selon moi, différentes émotions…
Au
dessin, le réalisme frappant des personnages mais surtout des
décors, vous impressionnera forcément. Ce réalisme graphique qui
s’estompe quand on arrive au domaine du plaisir, où la mise en scène
se resserre sur les corps, tout en gardant la distance requise pour
éviter la pure pornographie.

On
regrette presque le format des pages, car cette BD gagnerait à
éclater en A4. En effet, certaines cases de petites tailles
décomposent savamment une action sur une demi-page. Et ce
ralentissement du temps, Ikegami sait en jouer pour poser une
atmosphère tout en silence. Alors parfois, j’ai eu du mal à m’y
retrouver, certes, mais mon impression générale est un plaisir –
on y revient toujours – net, le bonheur d’avoir découvert cette
anthologie, et le regret de ne pas m’être penché plus tôt sur cet
auteur, en tout cas, sur ce pan de son travail.

Car
le travail de dessin est à l’égal du travail d’écriture, d’une
belle qualité. Si bien que vous ne verrez pas passer les 448 pages
de ce recueil, qui impressionnent au départ.

Cette
belle couverture bleu et le regard étrange de cette femme vous donne
tout à fait le ton de ces histoires courtes. Le feu qui couve sous
la glace, le désir caché, les mystères de la femme, et surtout,
douze histoires à dévorer sans se sentir coupable.


Zéda
se perd dans le Donjon.
"LE DONJON ET LE DRAGON", strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur Yuko de Ryoichi Ikegami chez Delcourt Tonkam
David
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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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