vendredi 29 mars 2024

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L’homme de Java, l’intégrale

L'homme de Java
Titre: L’homme de Java, l’intégrale
Éditeur : Vents d’Ouest
Auteurs : Pierre-Yves Gabrion
Année : 1995


Résumé :
Le Jeune Herbert Livingstone veut en finir avec la vie, mais la vie est loin d’en avoir fini avec lui. En cette fin de dix-neuvième siècle, la vie de Herbert ressemble à une descente aux enfers, incompréhension et rejet de ses professeurs, de ses camarades, de ses parents, et même de la femme qu’il aime. Le jeune homme part des collèges de la haute société de Londres, passe par la marine anglaise, le bush australien, les îles des pirates Malais, pour finir à Java. Herbert va mourir pour renaître encore et toujours. Il va traverser le monde et voir sa vie basculer comme la science va basculer avec à cause des théories de Darwin. L’amour, l’amitié, la haine, la peur et la mort vont accompagner Herbie tout au long de cette magnifique épopée !


Je commencerai avec une phrase : Merci M. Gabrion. Merci pour cette oeuvre dense. L’histoire du jeune Herbert est plus qu’un simple récit initiatique. Elle se déroule à l’époque de la révolution industrielle, des grandes découvertes archéologiques, paléontologiques, scientifiques, le monde traverse une phase de bouleversement et toutes les certitudes n’ont plus beaucoup de temps à vivre. Et au premier plan, la rigide société victorienne dans laquelle vit notre héros. A l’image de ce monde, la vie de Herbert se balance au bord du gouffre. Gabrion réussit à nous plonger dans l’esprit de son héros. J’ai vraiment ressenti les évolutions du personnage, ces moments où son système de valeurs bascule, l’instinct de mort, le besoin de se reconstruire une philosophie, puis de la détruire pour en construire une autre, à cause des claques de la vie.
Le scénario est solide. J’ai été emmené dans l’histoire, et suis allé de surprises en surprises, sans avoir l’impression de voir des aberrations ou des facilités. J’ai beaucoup aimé le personnage de Herbie, ses douleurs, ses doutes, ses refus, ses espoirs brisés. Il m’est apparu comme construit et vraisemblable, à l’image de la structure de l’histoire, qui semble partir dans plusieurs directions, jusqu’à se retrouver dans un final qui m’a serré le coeur. Les personnages secondaires vont, viennent, et surtout reviennent. Bref, ils vivent. Et si la vie les remet sur le chemin de Herbie, il y a toujours une logique quelque part, qui fait que j’ai été certes étonné, mais que finalement je me suis dit qu’il ne pouvait en être autrement.
Avec une mention spéciale pour Malim, qui apprend de Herbie autant finalement qu’il lui apprend. Malim, l’ami fidèle dont on a tous rêvé un jour. Malim, le vendredi de ce Robinson coincé dans l’île de son âme.
Visuellement parlant, les dessins sont fouillés, mélangeant fantasmagorie étrange et réalisme cru. Gabrion sait jongler entre les mondes imaginaires et réels. Et il se sert énormément de la couleur. Cette même couleur qu’il utilise pour naviguer dans le sentiments de Herbie ou dans ses souvenirs. Le cadrage est classique, à pat certaines pages quand par exemple Herbie voyage dans le temps des rêves (ou est-ce simplement dans son inconscient ?). En plus de l’histoire, j’ai beaucoup aimé les dessins.
Cette intégrale permet de redécouvrir d’un bloc les quatre pans de la renaissances d’Herbert, de constater les énormes ellipses que Gabrion pose entre deux tomes, et de mieux saisir l’évolution profonde de Herbie. De plus, l’intégrale est préfacé par Yves Coppens qui arrive à nous plonger dans le monde de Gabrion avant même d’avoir lu la première case. Quant à la fin, l’extrait de la lettre de Herbert Stone à « un ami de Vienne », elle a été le moment le plus triste de la BD, le moment où j’ai compris que j’allais toucher à la fin de cette histoire.
Et c’est aussi pour cela que je remercie Pierre-Yves Gabrion car Herbie aurait pu vivre encore et encore de nombreuses aventures sur des dizaines de tomes, mais la série aurait alors perdu sa puissance, enfin, selon moi. Et faire le choix d’un cycle court et fort, c’était la meilleure décision à faire. Alors merci au nom de tous les lecteurs.
Si vous connaissez un ami qui aime la BD, l’aventure, l’histoire, l’Asie, ne réfléchissez pas, offrez-lui cette intégrale !

Pour moi, L’homme de Java est le chaînon manquant qui nous amène à La Ballade de la Mer Salée, et Herbert Stone un avatar de jeunesse de Corto Maltese. 

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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