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Hope, Polar dans un Los Angeles magique
Titre : Hope
Auteur : Guy Adams (scénario), Jimmy Broxton (dessin)
Éditeur : Delcourt
Collection : Comics
Année : 2020
Page : 80
Résumé d’une BD polar aux relents de magie:
Hope est détective privé.Enfin, là, il est surtout attaché sur une chaise en train de se faire tabasser. Heureusement, une connaissance de Hope assiste à la scène. Heureusement ? Rien n’est moins sûr sachant que cette connaissance ressemble à une grande bonne soeur portant un masque à gaz ! Et qu’en plus, seul Hope semble la voir. Et qu’elle n’a pas l’air pressé de sauver le pauvre détective. Comment va-t-il se sortir de ce mauvais pas ?
Scénario d’un film Noir envouté :
Hope est une histoire qui n’a rien à envier à un James Ellroy. Tout est là, le Los Angeles des années d’après guerre, le noir et blanc, le privé brisé qui se bat pour vivre sa vie au jour le jour, et la magouille impunie. C’est dans le milieu du cinéma de ces années sombres que Hope va devoir enquêter.
Mais il y a ici un petit plus que vous ne trouverez pas chez Ellroy. Un plus représenté par cette bonne sœur et son masque à gaz. Dès la page trois, vous découvrirez qu’en plus du crime, de la drogue, de la corruption, il y a une sombre magie qui règne aussi à L.A. Et ailleurs dans le monde. Hope en est autant la victime que le bénéficiaire.
Hope et son mystère sont attachants, on le suit en se demandant quel est donc ce lourd secret qu’il traîne. Et quel est cette mystérieuse bonne sœur qu’il ne vaut mieux pas voir sans son masque ? Nous n’aurons pas toutes les réponses et cette part de mystère qui reste fait elle aussi partie de cette ambiance film noir.
Par contre, l’enquête se révèle assez simple et le lecteur attentif saura trouver le coupable avant notre détective. Lui, il a senti la vérité, et j’avoue que moi, je l’ai plutôt anticipée par rapport aux questions qui se posent tout au long de l’histoire. Mais à part cette faiblesse narrative, cette plongée dans ce L.A. enchanté – ou plutôt maudit – créé par Guy Adams est vraiment fascinante.
Les personnages secondaires sont assez classiques, le mafieux corrompu, la femme fatale, le mari violent, la victime pas si gentille, on retrouve les archétypes du Film Noir, mais, pour le coup, de mon point de vue, moins exploités qu’ils ne le sont dans les autres œuvres du genre.
Il faut reconnaître également que le récit court ne permet pas d’explorer en profondeur les seconds rôles.
La fin garde sa part de mystère et je ne suis pas sûr d’avoir tout saisi.
Du noir et blanc pour un clair-obscur en contraste, mais pas que… |
Le dessin enchanteur d’un récit maléfique :
Jimmy Broxton offre un graphisme tendu. Des traits réalistes, marqués, des décors précis, et surtout un magnifique travail mélangeant le noir et blanc, les zones de gris et les trames. Le tout pour donner un effet très lumineux à une histoire des plus sombres.
La noirceur des âmes semblent irradier de plus belle au soleil brûlant de L.A. La typographie est asez désarmante, la police des cartons, qui représentent la voix off de Hope, est tout simplement une police de machine à écrire. Cela m’a au départ sorti de la BD, et puis, je me suis habitué, et je l’ai senti un peu comme si Hope laissait une lettre, comme si cette voix off relevait plutôt de l’écrit.
Le travail sur les décors est aussi très intéressant,réalistes, parfois tracés à la serpe, au trait épais, ou dessiné en gris pour faire ressortir les personnages. Ou alors, tout simplement absent pour créer des zones vides où nos regards se focalisent sur l’action dans la case.
La composition est très variée, des dessins grands pouvant occuper une demi-page et de petites cases laissant à peine l’espace nécessaire aux personnages. L’action se resserre ou s’étend donc selon les décisions des auteurs, selon l’intensité des situations.
Conclusion d’un récit ensorcelé:
Hope est une surprise étonnante. J’y ai pris beaucoup de plaisir même si la fin m’a un peu dérouté et si j’avais résolu l’enquête avant le personnage principal. Mais ce monde mélangeant Film Noir et magie est vraiment une belle trouvaille bien mise en place et offrant de belles surprises. Le graphisme de Broxton est aussi une belle réussite.
Zéda rencontre Hope… Et sa bonne sœur !