festival BD6Né a déroulé avec panache sa cinquième édition à la
fin du mois de Juin, et plus précisément du 22 au 25 juin. Nous étions bien sûr présent, et si l’équipe n’était pas au complet, nous fumes suffisamment présent pour pouvoir saisir l’occasion de revenir sur ces quelques jours bien remplis.
lancement s’est effectué à Petit Bain, le jeudi 22 juin, avec un
village BD de circonstance et aussi trois concerts, « Fugu Dal
Bronx », « WonderFlu » et « White Heat ». Sans oublier, bien sûr,
quelques surprises, comme la possibilité de vous faire dessiner en
mode caricature par Oligo, qui parcourait les lieux, feuilles et
stylos à la main, pour proposer aux gens des caricatures en direct.
Rencontre entre BD et musique, quoi de mieux pour commencer BD6Né.
dès le vendredi, c’est à la médiathèque Marguerite Duras dans le vingtième que le
festival a offert sa soirée de projection dévoilant les films en
compétitions, donnant en même temps beaucoup de mal au Jury pour
trancher, et nous donnant beaucoup de mal aussi, car cette année,
avait lieu la remise d’un nouveau prix à BD6Né, le Prix 7BD ! Une
belle manière de marquer le partenariat qui nous unit à ce jeune
festival.
toute notre petite équipe de chroniqueurs et chroniqueuses, on s’est
gratté la tête pour choisir ce qui nous semblait – toute
subjectivité assumée – le film le plus sympathique. Mais nous
reviendrons là-dessus plus tard.
soirée du vendredi nous a permis également de découvrir le
vernissage de l’exposition de Tommy Redolfi, consacrée à sa BD Holy
Wood, paru chez La Boîte à bulles et de celle de Panic Reverse!.
journée du samedi fut elle aussi riche en émotions. Tout d’abord,
les plus jeunes ont pu profiter de la projection Jeune Public, sept
court-métrages drôles et attachants. A l’issue de la projection
s’est tenu la remise des prix du concours de dessin. Le thème du
concours était « Imagine un film avec ton héros préféré du
journal Spirou » et comportait deux catégories, les 7-11 ans
et les 12-16 ans.
dans l’auditorium de la médiathèque, Philippe Robert est venu nous
offrir un spectacle de Kamishibaï, théâtre d’images d’origine
Japonaise. En une petite heure, il nous a conté des légendes
Africaines, des contes Japonais, des adaptations de nouvelles ou
encore des récits français. A la limite du fantastique, destiné
aux plus petits comme aux plus grands, le Kamishibaï a enchanté
toute la salle et l’échange en fin de représentation fut
enrichissant pour tous. Il faut dire qu’en plus de dessiner et conter
ses histoires, Philippe Robert chante, en Japonais ou en Wollof,
imite le son des instruments comme le Koto et pose une ambiance
onirique en quelques mots.
excellente initiative, qui nous rappelle, s’il en était besoin, que
le dessin, l’animation et le live peuvent faire bon ménage !
une pause déjeuner qui vous laissait le temps de parcourir les
expositions et le village BD, afin d’obtenir quelques dédicaces, il
fallait rempiler l’après-midi pour la séance documentaire. Là,
rejoint par Florian, j’ai pu découvrir quelques chapitres de
l’intrigant documentaire consacré à Don Rosa, un des dessinateurs
reconnus de Picsou, intitulé « The Scrooge Mystery » et
réalisé par Morgann Gicquel.
ce fut le plaisir de découvrir Schuiten et Peeters au travail dans
« A Quatre Mains », documentaire suivant les deux auteurs
lors d’une journée de travail sur la dernière partie de leur BD
« Revoir Paris ». Passionnant ! Et finalement,
Francophobia mettait en scène l’univers de François de Jonge,
mélangeant interviews, extraits de BD et scènes étranges rappelant
les mondes torturés et incroyablement précis de l’auteur.
au village BD car notons quand même dans la liste des auteurs
présents Tommy Redolfi, Kévin Kapalsky, Michaël Marmin ou encore
le collectif Comicverse et l’équipe de Distorsion.
peine le temps de souffler que nous retournions à la salle de
projection pour la séance Chasseur de Chimères composé de sept
films, variés, drôles, touchants, intrigants, en tout cas, qui ne
laissent pas indifférents. Projection qui s’est achevé avec une
petite rencontre où intervenaient les réalisateurs de certaines des
œuvres présentées.
morceau de choix de la journée, afin de finir en apothéose, fut la
projection consacrée à Alberto Vazquez. D’abord le court-métrage
Décorado puis le long Psiconautas. Les deux films réalisés la même
année ont permis à Alberto Vazquez de réaliser un incroyable tour
de force : remporter en même temps le Goya du meilleur court avec
Décorado et le Goya du meilleur film d’animation avec Psiconautas.
films magnifiques, aux univers étranges, inquiétants et en même
temps esthétiques et diluant une dose d’humour noir. Je ne peux que
vous recommander de trouver un moyen de voir ces deux films, qui nous
rappellent qu’il est possible de faire de l’animation de qualité,
avec des histoires rappelant assez l’univers mystérieux de David
Lynch. Alberto Vazquez, un réalisateur à suivre ! Et pour la petite
histoire, j’ai découvert cet homme grâce à BD6Né qui avait passé
lors d’une édition précédente un petit court de cet auteur
talentueux intitulé Sangre de Unicorno !
une nuit peuplé des créatures de Psiconautas, j’ai rempilé pour la
dernière journée du festival. J’ai pu assisté à une première
rencontre avec Mathieu Sapin, auteur prolifique puisqu’il parvient à
mener – de main de maître – plusieurs projets de front. Mathieu
Sapin est passé dans le reportage dessiné, si on peut l’appeler
ainsi, avec des récits sur les rouages de Libération, « Journal
d’un journal », les coulisses de la campagne de François
Hollande, « le Château » ou les multiples facettes de
Depardieu, « Gérard ».
enfin plutôt ses expériences, car finalement chaque histoire est
une expérience en soi, différente et riche de nouveau
enseignements. De plus, à côté de ses BD, Mathieu Sapin s’est
impliqué dans un documentaire intitulé « Macadam Popcorn »
et traitant des exploitant de salles de cinéma en France. Cela ne
l’empêche pas de réaliser des courts-métrages, comme « Vengeance
et Terre Battue » et de préparer un, voire deux long-métrages.
Quand je vous dis que c’est un homme prolifique. Et cerise sur le
gâteau, avec cet agenda de ministre, il trouve le temps de venir
partager avec nous au festival BD6Né. Disponible, souriant,
questionnée par Hélène de roux, Mathieu nous raconte Hollande,
Depardieu, son parcours, les arts-déco de Strasbourg, la BD, le
cinéma et comment il parle de tout ce qu’il fait dans tout ce qu’il
fait.
un autre style, Mathieu Sapin laissa la place à Fanny Michaëlis,
auteur de nombreuses BD, comme « Avant mon père aussi était
un enfant », « Dans mon ventre », « Géante »
ou encore « Une île ». Elle nous parle du rapport entre
sa vie et son œuvre, de ses choix esthétiques et narratifs dus à
son parcours, entre les beaux-Arts de Paris et l’École Saint-Luc à
Bruxelles. Des histoires sur le vif, entre livres illustrés et BD où
la narration trouve sa place au cœur des dessins aux crayons ou en
couleurs, où la fiction rejoint l’inspiration souvent issu de la vie
de Fanny. Là encore, je me suis retrouvé face à une auteure aux
talents multiples, puisqu’elle fait aussi partie d’un groupe de
musique, FatherKid, qu’elle a créé avec Ludovic DeBeurme.
après un dernier tour dans l’exposition Holy Wood tandis que Mathieu
et Fanny dédicacent leurs albums BD, arriva le temps de la cérémonie
de clôture.
palmarès des films gagnant:
PRIX – « TheAbsence of Eddy Table »
de Rune Spaans (d’après
Dave Cooper)
SPECIALE – « LaTable » d’Eugène
Boitsov
7BD – « Sirocco »
d’Avril Hug, Lauren Madec, Kevin Tarpinian, Thomas Lopez
Romain Garcia
DU PUBLIC – « IWant Pluto To Be A Planet Again »
de Marie Amachoukeli
Vladimir Mavounia-Kouka
CHIMERES – « Gorilla »
de Tibo Pinsard (vote
du public)
DU JEUNE PUBLIC – « Gokurosama »
de Clémentine Frère, Aurore Gal,
Meignien, Anna Mertz, Robin Migliorelli et Romain Salvini
7BD, on a été étonné par la diversité des films et le choix fut
difficile. Pourquoi choisir celui-ci plutôt qu’un autre ? Car, non
seulement les films étaient de qualité, mais en plus, ils étaient
tous différents, dans leur narration et dans leurs techniques
d’animation : 3D, peinture animée, noir et blanc, couleur, dessin
animé, pour des contes fantastiques, des thrillers comiques, des
films poétiques ou des récits très intérieurs. Le seul point
commun était la qualité !
pour enchaîner avec la remise de prix, BD6né proposait une
projection spéciale, avec non seulement les deux premiers épisodes
de la Web-séries « les Chicons » de Mike Zonnenberg,
adapté de sa BD, mais aussi « A l’affiche », court
documentaire suivant Schuiten réalisant une affiche, moment de
recueillement devant la main de l’artiste courant sur le papier, et
« Vengeance et Terre Battue », le court-métrage de
Mathieu Sapin, suivi de son making of.
le clou de la soirée a été le concert dessiné. Alors que Matt
Elliott nous envoutait avec sa voix et sa guitare, aidé de ses
pédales d’effets, Tommy Redolfi dessinait en direct sur les chansons
de l’artiste. C’était la première fois qu’il se prêtait à ce jeu
et il s’en est, ma foi, fort bien sorti !
le concert, trop court, comme l’ensemble du festival, en marquait la
clôture. Ce fut donc le moment de se séparer mais pas sans la
traditionnelle photo d’équipe de tous les bénévoles qui ont
consacré leur temps à préparer en amont et à faire vivre pendant
ces quelques jours ce festival !
je vous dit à 2018 pour une sixième édition ? En tout cas, nous, à
7BD, nous y serons avec plaisir !