Titre : Et pourtant elles dansent…
Tome : one-shot
Scénario et dessin : Vincent Djinda
Editions : Des Ronds dans l’O
Année : 2019
Nombre de pages : 280
Sommaire de l'article
Résumé de l’éditeur :
Mon avis :
Il m’avait déjà séduit pour son roman graphique Zia Flora avec Fred Paronuzzi au scénario.
Et il revient cette fois-ci, seul aux manettes, avec une BD reportage des plus poignantes et touchantes.
Page extraite de l’album |
Le scénario :
Chaque histoire narrée par ces héroïnes du quotidien est des plus dures et des plus inimaginables pour nous, petits caucasiens privilégiés assis au fond de notre fauteuil.
Nous sommes vraiment loin d’imaginer et de connaître toutes les atrocités vécues par ces courageuses dames…
Et elles nous livrent cela, simplement, comme ça, avec leurs mots, souvent difficiles à trouver à cause d’une différence de culture et/ou d’ethnie, mais surtout très difficiles à entendre.
A la lecture de ce livre, nous ne pouvons pas rester insensibles à l’histoire de chacune de ses guerrières de la vie, et l’on s’interroge fortement aussi sur les émotions que le jeune auteur qu’est Vincent Djinda a pu rencontrer au cours de ses nombreux échanges.
D’ailleurs, ce n’est pas innocent si le système de narration est tel que l’on ne voit jamais les questions posées par l’auteur !
Cette technique de narration est intrigante au départ, puis au fil du récit, nous l’occultons totalement et nous nous passons, sans aucun problème de compréhension, des questions.
Seules les réponses apportées comptent, et aux échos des paroles de ces dames, on comprend parfaitement qu’elles étaient les interrogations.
Le dessin :
Et ces deux auteurs se connaissent d’ailleurs très bien, car il me semble qu’ils ont travaillé ensemble à l’école de cinéma « la poudrière » de Valence.
Le trait de Vincent Djinda est vif et épais, simple, mais tellement expressif et élégant.
Il y a quelque chose d’indéfinissable et d’intangible dans ces lignes, ces courbures etc…, mais c’est tellement beau, et cela révèle d’autant plus la beauté du cœur de ces dames.
Les tons gris sépia permettent un certain recul sur le récit, illustrant inconsciemment le passé et le fait que l’on ne peut pas revenir en arrière.
La technique du lavis est superbement maîtrisée apportant de belles nuances de teintes pour jouer sur les ombres et lumières.
L’auteur a aussi la délicatesse, ou le génie selon le point de vue, d’égailler les scènes par les turbulences enfantines des garnements de ces mamans à l’image de Gift, ce petit bout toujours curieux, joueur et débordant de vie et d’énergie.
Les mises en scènes sont simples, avec des alternances de plans, essentiellement entre gros plan et plan taille apportant ainsi un beau réconfort visuel lorsqu’une vue d’ensemble ou un effet de perspective est pratiqué.
Ce jeu de plans rapprochés est évidemment des plus logiques pour illustrer des entretiens dans un lieu unique, une sorte de huis clos. Et Vincent Djinda le réalise à merveille avec un œil de réalisateur cinématographique.
Vraiment, ce livre est exceptionnel.
Le travail de l’auteur est juste remarquable et admirable.
Il s’est lui aussi illustré par son courage à écouter avant tout, et puis retranscrire ces histoires folles et cruelles de ces réfugiées.
Et elles se sont confiées simplement, sans même se plaindre un seul instant, sur leurs difficultés, leurs sévices, leurs expériences, leurs espoirs…
Et elles continuent de vivre, de danser…
Ciao
Yann