Auteurs: Matz et Marc Trévidic (Scénario) et Giuseppe Liotti (Dessin)
Éditeur: Rue de Sèvres
Année:
2018
Nombre de pages: 52
L’anti-terrorisme intercepte l’appel est remonte aussi tôt l’information sans la confirmer. Un agent est dépêché pour certifier l’information et après avoir recouper plusieurs recherches et témoignages, les informations semblent converger pour la mort réelle d’Abou Othman. Ces preuves seront ainsi envoyées devant le juge d’instruction Antoine Duquesne afin que le mandat d’arrêt envers le « décédé » soit retiré.
Quelques jours plus tard, l’arrestation d’un jeune terroriste en devenir va venir ébranler les certitudes et « preuves » de la mort d’Abou Othman. Donc après l’interrogatoire de Nordine Charaoui, le juge d’instruction ne manque pas de relever des incohérences calendaires. Les doutes sur la mort du fameux Abou Othman sont donc affirmés, et l’enquête s’intensifie. Le juge devra prendre des décisions… et souvent dans l’urgence.
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Le scénario :
Mais cette histoire est aussi délicate dans le contexte sociétal actuel ou la lutte contre le terrorisme de l’état islamique est une priorité mondiale.
Elle a, par contre, le grand avantage d’expliquer les contraintes et les conditions plus que difficiles de multiples acteurs de la lutte anti-terrorisme, des méandres administratifs aux actions de terrains.
Ce récit est ainsi fort bien construit autour d’un contre la montre haletant, et montre ainsi la difficulté et les conséquences de chaque choix raisonné effectué dans l’urgence avec plus ou moins d’information sures.
Chaque décision prise apporte son lot de risque pour la population et élève le taux de stress.
L’opinion publique se fait sentir et joue souvent en défaveur d’une stratégie juridique, administrative, politique et policière pour garantir la sécurité du pays.
Ce livre décrit aussi parfaitement bien la mécanique terroriste via leur réseau, et grâce à leur connaissance approfondie des systèmes judiciaires, des rouages policiers et des techniques d’enquête.
Le découpage reste classique et rigoureux afin de bien nous mettre dans le cadre de l’enquête. Les cases sont rectangulaires, régulières et bien séparées par des caniveaux.
Quelques superpositions de vignettes parfois ajoutent un peu de fantaisie à l’inflexibilité du récit.
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Le dessin :
Pour ce type de récit, afin de renforcer la projection du lecteur pour appuyer un suspens et une angoisse presque constante, il fallait donc un style de dessin plutôt réaliste et contemporain.
Et Giuseppe Liotti excelle dans l’exercice. Le trait fin, vif et régulier apporte le dynamisme nécessaire et juste pour illustrer un récit politico-policier avec toute sa complexité procédurale pouvant paraître rébarbative.
Les couleurs et les ombres, probablement travaillées par informatique sont maîtrisées.
Les couleurs sont plutôt sur des tons clairs et vivants, très contrastés mais sans être trop irréguliers et flashy afin d’être le plus fidèle possible à la réalité, mais cela n’empêche pas de rehausser certaines pages avec des tonalités plutôt chaleureuses afin de ne pas se lasser.
La technique des hachures est aussi souvent utilisée avec finesse pour travailler les ombres et lumières.
Les personnages sont tous probablement inspirés de personnes réelles, en premier lieu le juge qui est simplement le portrait exact du juge et auteur Marc Trévidic, et je ne serai pas surpris de retrouver quelques personnages sous les traits de Matz ou de Giuseppe Liotti lui-même.
Peu d’effets sont employés pour rester dans l’aspect réalisme.
Les mises en scène sont contrôlées et affinées avec aisance et virtuosité. L’alternance de plans variés accentue le dynamisme du dessin.
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En conclusion, j’ai beaucoup apprécié le réalisme de la BD et le soin particulier apporté pour un souci d’authenticité judiciaire et politique.
A la lecture de cette aventure, les auteurs mettent en avant toutes les difficultés rencontrées pour les différents protagonistes collant au mieux à la réalité.
En bref, ce livre est particulièrement instructif mais aussi angoissant quant au reflet du réel.
J’ai beaucoup aimé.
Ciao
Yann