: La Soutenable légèreté de l’être
Delcourt
: Une case en moins
2018
: 96
dite Lolo, se sent mal dans sa tête. Mais surtout, elle souffre du
ventre. Alors que toute sa famille, habituée à ses coups de
déprime, ne s’inquiète pas plus que ça et l’abreuve de conseils
pour aller mieux, Lolo carbure aux anti-dépresseurs pour ne pas
sombrer dans la dépression. Il y a juste un petit souci – en plus
du reste – , cette douleur abdominale ne passe pas. Et même empire.
Alors, gros symptôme psychosomatique d’un trauma psychologique ou
cancer en phase terminale ? Ou encore autre chose ?
avis :
histoire inspirée de faits réels, voire même de souvenirs réels.
Lolo peut être – ou pas – Éléonore Costes, son auteur. Ce que
les photos de l’album de famille placées à la fin de la BD tendrait
à confirmer. Mais qu’importe, parce qu’on s’attache très vite à ce
petit bout de femme qui s’enfonce dans une spirale de déprime.
Frappée le matin par le mal de vivre, parvenue tant bien que mal à
ses trente ans, enfin, presque parvenue puisqu’elle va les avoir
bientôt, Lolo va mal, mais alors pas bien du tout.
serait très noir si ce récit n’était pas traité avec humour. Lolo
et ses problèmes intestinaux parviennent à nous faire rire. Tout en
gardant une trace d’inquiétude sur ce qui peut bien lui bloquer la
digestion comme ça.
personnages qui l’entourent, et surtout ses parents, tentent de la
soutenir. Mais il faut reconnaître qu’avec des parents comme ça, la
vie peut être hilarante ou alors carrément angoissante. C’est dans
le juste milieu que cette BD trouve son équilibre.
chemin que va parcourir Lolo, entre deux crises de douleur, quelques
souvenirs d’enfance, et beaucoup de réflexions va lui permettre de
trouver une porte de sortie. Mais un lourd chemin de croix – sans
aucun sens religieux – attend cette petite héroïne, dont la
sensibilité à fleur de peau lui rend la vie bien compliquée…
récit suit son cours et allie introspection et anecdotes du
quotidien. Pour donner vie à son avatar de papier, l’auteure s’est
alliée les services et le talent de Karensac. La dessinatrice, avec
des personnages stylisés, parvient néanmoins à nous rendre cette
Lolo vraiment proche de nous.
sentiment d’oppression ressort d’autant plus avec tous ces éléments
purement géométriques du décor qui semblent étouffer la soif de
liberté de la jeune femme, soif qui ne parvient pas à s’étancher.
Le récit contient aussi des phases de rêve. Celui-ci décolle et
nous coupe de ces décors qui n’en restent pas moins étouffants, les
formes oniriques plus rondes, organiques mais envahissantes empêchent
tout autant la jeune femme de trouver sa voie.
comprend rapidement le malaise de l’héroïne, autant par le récit
que par le dessin.
choix des couleurs jouent également pour beaucoup. On tourne entre
des teintes de bleu, couleur froide s’il en est, et d’ocre ou de
jaune. Ces dernières représentent souvent la couleur du souvenir.
Même s’il s’agit de couleurs chaudes, elles n’apportent pas
réconfort pour autant. Et c’est là où ces personnages sobrement
stylisés créent l’humour, par l’éloignement du réel, évitant
ainsi que la BD ne devienne carrément oppressante. Et tout comme le
texte jongle habilement entre rire et drame, le dessin mélange
humour et pleurs.
jeu de mot même du titre prend sens dans l’histoire. Lolo arrivera à
trente ans, mais que va-t-elle découvrir sur elle ? Trouvera-t-elle
cette légèreté de l’être qui semble cruellement lui faire défaut
? A vous de lire en vous plongeant dans la première BD de cette
nouvelle collection, baptisée Une case en moins, dirigée par Davy
Mourier, qui nous a dégoté pour démarrer une belle jeune talente !
rencontre Lolo et ses idées noires !