samedi 7 décembre 2024

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Canardo, Premières enquêtes – la chronique de jeunesse !

Couverture de Canardo Premières Enquêtes de Sokal chez Pepperland
Série
: Canardo
 
Titre:
Premières Enquêtes
 
Auteurs :
Sokal (scénario et dessin)
 
Editeur :
Pepperland
 
collection
:
 
Année :
1985
 
Pages
: 48
 
 
 
 
 
 
Résumé :
 
La
jeunesse de l’inspecteur Canardo, mais pas que… Un recueil de dix
histoires courtes suivant ce personnage iconoclaste au cours des
enquêtes de basse-cour regorgeant d’étonnantes surprises ayant
émaillé la jeunesse de notre privé préféré…
 
 
 
 
 
 
 
Mon
avis :
 
Dix
histoires qui tranchent nettement avec la série que l’on connaît
éditée depuis plusieurs années chez Casterman. On retrouve un
Canardo jeune, plein de fougue et même assez nerveux. On croise
également des personnages qu’on recroisera par la suite, comme Clara
la femme fatale ou bien encore Fredo le barman. Et surtout, bien sûr,
déjà, la mort !Omniprésente autour de notre cher canard. Mort qui
lui offre des crimes à résoudre mais aussi mort des personnages
secondaires et même mort du héros, qui rivent pourtant dans
l’histoire d’après. En fait, dans ce recueil complet, la mort est
une invitée permanente, et Canardo la ressent de plusieurs manières,
indifférente, cynique, triste,ironique…
 
On
voit bien que l’univers est en gestation dès la première histoire
où les animaux parlent, s’habillent – mais pas tous, certains vont
sans vêtement -, mais où leur société dépend du fermier. En
effet, ils sont bel et bien dans une basse-cour et même une cour de
ferme.
 
Et
puis au détour d’une histoire, la donne change radicalement, les
animaux tous habillés disposent de leur société, ambiance plus
proche de tous les tomes qui succèderont à l’Amerzone. Là, l’homme
n’a plus d’emprise ni même une once de présence. Si on démarrait
sur une société restreinte où l’homme domine ces animaux, on
bascule dans une société caricaturale de la société humaine où
l’homme n’existe plus.
 
Et
ce discrètement car si les premières enquêtes n’ont pas de lien
entre elles, les suivantes se succèdent et se renvoient l’une à
l’autre, par les personnages qui reviennent mais aussi par les
événements qui se font suite.
 

Néanmoins,
on retrouve toujours cette omniprésence de la mort, quelque soit
l’univers. Comme dans un bon Shakespeare, les personnages tombent
comme des mouches. Fusillés, empoisonnés, noyés, congelés…
Presque rien ne leur sera épargné.

 
Comparé
aux tomes suivants, où la couleur fait son apparition (dans ce
recueil, le Noir et Blanc règne en maître) et où les mort sont
beaucoup plus marquantes – les flaques rouges, le sang giclant dans
tous les sens y contribuent fortement -, ce tome nous offre des morts
moins sanglantes visuellement mais tout aussi violentes. Et contre
toute attente, il forme un tout car c’est la vie de Canardo que nous
parcourons. Ces nouvelles forment bien une histoire complète et là,
si vous ne l’avez pas lu cette BD, ATTENTION SPOIL,
 
Oui,
nous assistons à la mort du héros, fin du voyage pour Canardo. Et
Sokal nous la sert sur un magnifique plateau. Si la vaillance du
Canardo des premières histoires surprend par rapport au personnage
apathique, sa fin vous surprendra tout autant pour d’autres raisons.
 
C’est
intéressant de se demander ce qui s’est passé. Ces premiers récits
auraient-ils rencontré un succès obligeant l’auteur à ressusciter
son héros pour lui faire vivre de nouvelles aventures ? Ou tout cela
n’est-il qu’une vaste farce comme le laisse à penser parfois les
remarques de l’auteur insérées au long de certaines cases ?
 
La
question dans toute la série car le monde de Canardo évolue à
l’inverse du personnage qui ne change pus beaucoup. La société sous
influence de l’homme existe dans les premiers tomes et disparaît,
comme noté plus haut, à partir de l’Amerzone. Mais bon, annonçons
la FIN DE L’ALERTE SPOIL.
 
 
 
La
mort donc frappe beaucoup, souvent et durement dans ces premières
enquêtes. 
 Une page un peu grise ? Normal pour une histoire s’intitulant le tribunal du blanc ! 
 
 
 
Si
le graphisme atténue légèrement cette sensation, il n’en reste pas
moins assez particulier à cet album. On retrouve le trait tout en
précision de Sokal mais l’inspecteur n’a pas encore trouvé son
apparence finale. Si le trench-coat est bien là, il n’y a pas encore
l’éternelle chemise blanche cradouille et la cravate mal nouée
volant au vent.
 
Les
décors sont moins présents, car noyés dans un joli noir et blanc
qui accentue les ambiances plus que la précision des lieux.
 
Le
cadrage et la composition sont assez denses, les personnages se
cumulent dans certaines cases et cela permet à Sokal de nous
dévoiler son talent à créer une kyrielle de têtes animales si
humaines et si différentes les unes des autres. Vous n’aurez qu’à
regarder la faune du bar de Frédo pour vous en rendre compte.
 
Quant
au nombre de décès, s’il n’est pas astronomique en soi, il s’agit
de morts dont on se souvient. Rappelez-vous la descente de Canardo
chez les rats…
 
 
 
Dans
ce recueil, la mort fait partie de la vie, elle est violente, injuste
et parfois rapide. Canardo doit apprendre à faire avec et nous,
simples lecteurs qui mettons le pied dans ce monde, l’apprenons assez
vite. Et pourtant, il est certaines morts qui vous laisseront un goût
de surprises et d’inattendus dans ces dix historiettes.
 
 
 
 
 
Zéda
et Canardo au comptoir !
 
 
 
"L'EX SAIT", strip de Zéda pour chronique 7BD sur Canardo Premières Enquêtes de Sokal chez Pepperland
 
 
 
 
David
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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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