samedi 27 avril 2024

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Au Loup !

F'murr
Titre : Au Loup !
Editeur : Pepperland
Auteurs : F’murr
Année : 1982

Résumé :
Un petit chaperon rouge apporte un pot de beurre à sa mère-grand, quand surgit un loup. Sauf que le loup est syndicaliste, que le chaperon rouge est fatiguée de vivre encore et toujours la même histoire, qu’un corbeau « tenant dans son bec un fromage » s’incruste et que Perrault s’arrache les cheveux devant ses personnages qui ne veulent plus assurer l’histoire de ses contes comme il les a écrites. Et dans tout ce fatras, un ange passe, ou plutôt s’égare…
« Au Loup ! » est un recueil de gags narrés sur une ou deux pages. Le mythe du petit chaperon rouge est étiré, décliné et tordu dans tous les sens. Comme souvent chez F’murr, l’histoire lorgne du côté de l’absurde. Et de l’absurde à l’humour, il n’y a qu’un pas, que F’murr saute allègrement. J’ai bondi à sa suite, et c’est avec joie que j’ai redécouvert tous ces héros, ronchonnant et revendiquant à qui mieux mieux.

Chaque planche comporte un gag inattendu, si certaines chutes sont assez prévisibles, d’autres sont complètement surprenantes. Le thème de la course entre le chaperon et le loup est repris en boucle et remanié de toutes les manières possibles. Et il est clair que F’murr ne manque pas d’imagination, et qu’il ne s’est pas bridé pour notre plus grand plaisir !
Les planches sont truffées de gags secondaires, comme cet ange qui passe tout le temps, affublé d’une étrange manière, mais toujours en lien avec le gag qu’il visite. Et je peux vous annoncer que dans certaines pages, il ne fait pas que passer.
Les personnages secondaires sont quasiment tous issus du monde des contes, comme ce fameux Corbeau, la chèvre de Monsieur Seguin, Barbe-bleue, ou les trois petits cochons. Et que dire du loup, ou plutôt des loups, tous similaires, et tous issus d’une histoire différente. Le loup chassant le chaperon côtoie son collègue cherchant l’agneau, ou bien un autre poursuivant trois petits cochons…
Certains gags sont remplis d’une meute intarissable, qui se perd en bavardages mondains !
Quand de nouveaux personnages ne viennent pas des contes, ils nous ramènent de manière caustique à notre dure réalité, comme ce militaire ou cet entrepreneur corrompu.
Perrault, lui, essaye de gérer tout ce petit monde qui part en vrille, tel l’auteur veillant sur sa création. La tentation me vient de penser à une mise en abyme, Perrault symbolisant F’murr. Sauf que ce dernier a accepté de lâcher la bride à ses héros, qui se pourchassent dans ce petit monde fou fou fou, contrairement à Perrault qui ne veut pas les voir libres de leur choix.
D’un point de vue graphisme, les dessins portent la patte de F’murr. On y retrouve le renard qui a fait les beaux jours de « Tartines de clous », l’ange qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de « Porfirio et Gabriel ». Des personnages stylisés, loin du réalisme, mais bien présent. Les décors sont parfois riches et parfois juste évoqués. Je n’ai aucun mal à comprendre où se situe l’action et c’est l’essentiel.
Les planches sont en noir et blanc, mais on a droit à quelques pages colorées. Pour sa mise en couleur, l’auteur a choisi un style que je trouve très esthétique, où le blanc garde encore une belle place.
Le cadrage est bien pensé. Les cases dessinées à la main donnent l’impression d’une histoire en cours, à l’image de ces contes qui ne se finissent jamais. Elles sont anarchiques, à l’image des personnages ! Un coup le dessin rentre dans un cadre, un coup il est dessiné sans rien autour, en liberté. Parfois, le cadre interfère dans l’histoire, comme ce gag où une case s’ouvre dans la case et où Perrault passe la tête pour répondre à ses personnages. Là aussi, l’absurde règne en maître.

J’ai pris un réel plaisir à relire « Au loup ! » et au-delà de ce recueil, je ne peux que vous recommander de (re)plonger dans les BD de F’murr. J’espère que vous découvrirez avec autant de plaisir que moi les brebis folles du Génie des Alpages, le fils de Jehanne d’arc dans Tim Galère et tant d’autres personnages qui vous emmèneront au pays du fou rire et de l’absurde.
Moi, je ne peux m’empêcher de voir dans l’œuvre de F’murr comme un élégant clin d’œil au Monty Python Flying Circus…

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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