Scénario et dessin : Thibaut Lambert
Editions : Des ronds dans l’O
Année : 2019
Nombre de pages : 46
Sommaire de l'article
Résumé de Au coin d’une ride:
La séparation est difficile, d’autant plus lorsque le directeur de la maison demande à Eric de cacher sa relation amoureuse avec George aux autres pensionnaires.
George sera placé dans une chambre « double » et aura un colocataire.
Eric de son coté, s’apercevra que le vide laissé par George sera tout aussi difficile à supporter…
Mon avis sur Au coin d’une ride:
Il réussit à évoquer admirablement, en un seul ouvrage, quatre sujets sociétaux presque tabous : la démence de la maladie d’Alzheimer, l’isolement des vieilles personnes, les relations amoureuses à différence d’âge importante et l’homosexualité.
Cette histoire en devient ainsi pleinement chargée en émotion.
Extrait page 6 de la BD |
Le scénario de Thibaut Lambert sur Au coin d’une ride :
Tout est basé sur un jeu subtil d’émotions fortes, se voulant être maladroitement dissimulées en présence d’éléments externes à la relation.
On devine admirablement bien la gêne du protagoniste principal, Eric, quant aux regards des autres sur lui et sur son compagnon, à travers sa réserve et sa frustration à ne pouvoir exprimer pleinement ses sentiments en public.
De son côté, le deuxième protagoniste, George, est lui aussi superbement bien décrit : Bipolaire comme peuvent l’être les personnes souffrant d’Alzheimer et, en ajoutant à cela, une certaine exubérance et indifférence du à son âge avancé.
Le cocktail formé par ce couple peu commun est ainsi détonnant mais émouvant.
Ce genre d’évènement peut avoir des conséquences catastrophiques pour un couple, mais il est révélateur de « vrai » amour. Chaque moitié souffre et supporte l’autre malgré le mal-être.
Et cela peut arriver à n’importe qui….
Extrait page 4 de la BD |
Le dessin de Thibaut Lambert sur Au coin d’une ride:
Il est simple, au trait épais, parfois grossier (sans connotation négative), semi-réaliste.
L’auteur ne s’embarrasse pas de détails superflus et focalise sa ligne sur les personnages.
Ce choix est évidement judicieux car dans ce scénario tout est question d’émotions et de sentiments, et seuls les protagonistes peuvent les porter…
Bien que l’épaisseur du trait soit bien prononcée, les visages et les gestuelles des personnages sont très expressifs. Les émotions se révèlent… c’est là tout l’art de la suggestion par l’image.
Le lecteur interprète sans même se poser de question. La projection est réussie.
Les couleurs franches et unies apportent un peu de chaleur à cet environnement maussade qu’est la maison de retraite.
Ceci dit, l’unicité (absence de dégradé et variante de tonalité) fige l’image et permet de conserver cependant un certain spleen contextuel.
Il n’y a que peu d’effets ou d’artifices graphiques, le découpage en gaufrier fonctionne bien et la mise en page reste claire et aérée.