mardi 16 avril 2024

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Victor Jara – La voix du peuple de Maxence Emery et Joséphine Onteniente aux éditions Des ronds dans l’O

BD "Victor Jara - La voix du peuple" aux éditions Des ronds dans l'O

Titre : Victor Jara – La voix du peuple

Scénario : Maxence Emery
Dessins : Joséphine Onteniente
Editions : Des ronds dans l’O
Année : 2020
Nombre de pages : 170

Résumé de « Victor Jara – La voix du peuple » : 


A Santiago, le 11 septembre 1973, Le président socialiste Salvador Allende se donne la mort d’une balle dans la tête, le chili connait un coup d’état sans précédent qui installera le général Pinochet en dictateur pendant 16 ans.
En même temps que ce putsch, se joue l’avenir d’un certain Victor Jara, célébrité poète et chanteur populaire, mais surtout militant communiste. 
Il est capturé, emprisonné et torturé au stade national avec de nombreux autres compatriotes activistes. 

Cette BD, outre le fait de raconter cet événement dramatique, revient ainsi sur la vie de cet artiste engagé, de son enfance paysanne, son apprentissage de la musique et des arts, son grand amour, son combat quotidien pour aider les prolétaires, ses rencontres, etc.…, jusqu’à sa tragique disparition.

Mon avis sur « Victor Jara – La voix du peuple » :


Voilà une biographie fort intéressante sur un
« martyr » populaire, un homme de cœur, artiste de renom, mort de et
par ses convictions politiques et son amour du peuple.

Au-delà de la biographie, ce livre, bien que ce ne soit pas
son but premier, montre les travers de l’extrémisme du capitalisme et de la
soif de pouvoir qui s’y associe.

BD "Victor Jara - La voix du peuple" aux éditions Des ronds dans l'O planche 10
Planche 10 de la BD


Le scénario de Maxence Emery pour « Victor Jara – La voix du peuple” : 


Maxence Emery se découvre comme un maître de l’analepse, cette fameuse figure de style pour mettre en avant des éléments passés.
Il n’en est pas à sa première « biographie », il avait déjà réalisé en BD, dans « Printemps noir  » aux éditions la boite à bulles, l’histoire de Alejandro González Raga, journaliste cubain.
Dans Victor Jara, il nous conte la vie de cet interprète estimé et prosélyte pour défendre son idéal, ses convictions, sa doctrine, à la hauteur de ses moyens, c’est à dire les arts.
Le scénariste ne s’attardera que légèrement sur la jeunesse du chanteur afin de nous rappeler d’où il vient, puis passera rapidement sur ses études, son passage dans les ordres religieux et dans l’armée, presque comme une ellipse narrative, car cela n’apporterait rien de plus au récit, et pour enfin s’attarder sur le processus qui le mena à son combat artistique et politique.
L’auteur a aussi le talent de nous faire vivre la fabuleuse histoire d’amour que cet homme a vécu avec Joan, belle femme britannique, qui était à l’origine sa professeure d’expression corporelle, et qui deviendra et restera sa femme.
On sent, à la lecture de cet ouvrage, que Maxence Emery a voulu beaucoup insister sur les émotions, les ressentis, etc.…, de la vedette. En bref sur l’aspect humain plus que sur le côté action et militantisme.
Le découpage, quant à lui, est plutôt chargé, pouvant monter entre 10 à 12 vignettes dans les pages, mais cela se comprend en regard du nombre de choses à raconter et à mettre en scène. 
Tout une vie ne peut se résumer à quelques cases… mais les 170 planches de la BD en synthétise une bonne partie.
En résumé, la vie de cet homme exceptionnel a été intense et remarquable. 
Elle ne fait certainement pas d’envieux, mais elle a aidé, et encore aujourd’hui avec le travail de mémoire, elle aide à essayer de ne plus répéter les travers politiques et les injustices de l’extrémisme, en alertant et en éveillant une classe populaire massive.
Cet homme est mort pour sa bataille contre les travers d’une société corrompue.

BD "Victor Jara - La voix du peuple" aux éditions Des ronds dans l'O planche 116
Planche 116 de la BD

Le dessin de Joséphine Onteniente pour « Victor Jara – La voix du peuple” :


Le dessin de Joséphine Onteniente n’est pas sans rappeler celui de la ligne claire façon Hergé, mais en plus simplifié.
Il me rappelle aussi le style graphique de Thibault Lambert également auteur chez « Des ronds dans l’O« .
Le trait de l’illustratrice est épais, synthétique et figé.
Il manque donc probablement d’un peu de fluidité, mais dans le cas d’une biographie telle que celle-ci, il fallait privilégier les émotions, les expressions, les ressentis des protagonistes et c’est une chose que la dessinatrice arrive très bien à saisir.
Les arrière-plans sont réduits au strict minimum voire totalement absents, encore une fois pour mieux focaliser sur les personnages et leurs attitudes. 
Les couleurs choisies par l’artiste accompagnent très efficacement le jeu de flash-backs. Ainsi le rouge accompagnera systématiquement les scènes de violence du coup d’état, et la dominante bleue pour illustrer les périodes plus agréables de la vie de Victor Jara.
Les artifices d’ombres et lumières sont simples mais bien réalisés, et les effets sont peu nombreux mais subtilement placés. 
Les perspectives peuvent paraître maladroites mais elles donnent finalement un petit charme espiègle à l’ensemble.
Les plans sont très nombreux et passent par tous les types, du plan italien au gros plan, en passant par la vue d’ensemble, paysage etc.….
Cela donne une impression graphique intéressante dont certaines vignettes peuvent se rapprocher d’une touche art déco, de par les contrastes de couleurs et la simplicité du trait.
Alors certes, ce dessin ne plaira pas à tout le monde, mais il sert la cause et s’associe parfaitement au populisme dans son sens didactique (et non politique). Ce qui convient parfaitement donc au personnage sujet de la BD.
BD "Victor Jara - La voix du peuple" aux éditions Des ronds dans l'O planche 117
Planche 117 de la BD

Cette lecture a été particulièrement instructive sur la vie d’un homme simple mais battant et dont j’avoue, je ne connaissais pratiquement rien. 
Elle nous rappelle aussi un événement historique sombre du chili encore peu connu mais surtout encore très contemporain.
Une belle leçon d’histoire et d’humanisme qui bénéficie, comme une évidence, du soutien d’Amnesty International.

Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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