Maxence Emery se découvre comme un maître de l’analepse, cette fameuse figure de style pour mettre en avant des éléments passés.
Il n’en est pas à sa première « biographie », il avait déjà réalisé en BD, dans « Printemps noir » aux éditions la boite à bulles, l’histoire de
Alejandro González Raga, journaliste cubain.
Dans Victor Jara, il nous conte la vie de cet interprète estimé et prosélyte pour défendre son idéal, ses convictions, sa doctrine, à la hauteur de ses moyens, c’est à dire les arts.
Le scénariste ne s’attardera que légèrement sur la jeunesse du chanteur afin de nous rappeler d’où il vient, puis passera rapidement sur ses études, son passage dans les ordres religieux et dans l’armée, presque comme une ellipse narrative, car cela n’apporterait rien de plus au récit, et pour enfin s’attarder sur le processus qui le mena à son combat artistique et politique.
L’auteur a aussi le talent de nous faire vivre la fabuleuse histoire d’amour que cet homme a vécu avec
Joan, belle femme britannique, qui était à l’origine sa professeure d’expression corporelle, et qui deviendra et restera sa femme.
On sent, à la lecture de cet ouvrage, que Maxence Emery a voulu beaucoup insister sur les émotions, les ressentis, etc.…, de la vedette. En bref sur l’aspect humain plus que sur le côté action et militantisme.
Le découpage, quant à lui, est plutôt chargé, pouvant monter entre 10 à 12 vignettes dans les pages, mais cela se comprend en regard du nombre de choses à raconter et à mettre en scène.
Tout une vie ne peut se résumer à quelques cases… mais les 170 planches de la BD en synthétise une bonne partie.
En résumé, la vie de cet homme exceptionnel a été intense et remarquable.
Elle ne fait certainement pas d’envieux, mais elle a aidé, et encore aujourd’hui avec le travail de mémoire, elle aide à essayer de ne plus répéter les travers politiques et les injustices de l’extrémisme, en alertant et en éveillant une classe populaire massive.
Cet homme est mort pour sa bataille contre les travers d’une société corrompue.