jeudi 25 avril 2024

Offrez-nous un café

L’ÂGE DE PIERRE – la chronique coeur fidèle

couverture de "L'AGE DE PIERRE" de Davy Mourier et Heloise Solt chez delcourt

L’âge de Pierre

Titre : L’âge de Pierre
Auteur : Davy Mourier (scénario), Héloïse Solt (dessin)
Éditeur : Delcourt
Collection : Hors collection
Année : 2019
Page : 104

Résumé :

Pierre a la trentaine, il quitte son Ardèche natale pour monter à Paris, des rêves de BD plein la tête. Il rencontre Manon et c’est le grand amour. En fait, Pierre s’interroge, est-ce vraiment le grand amour ? Ben, son éditeur, lui rappelle qu’il a une BD à pondre et même à refaire totalement car son idée première ne convient pas à la boîte d’édition. Et Pierre n’est pas au bout de ses peines, et de ses questions…

Le scénario :

Davy Mourier nous propose une nouvelle histoire. S’inspirant librement de sa vie (comme nombre de ses récits, même s’il faut reconnaître que certains s’en inspirent beaucoup plus que d’autres), il crée un personnage, Pierre, grand et dégingandé, qui a du mal à trouver sa place. En fait, malgré sa grande taille, Pierre a du mal à grandir. Et ce sont ses pas vers l’âge adulte que l’auteur nous croque, des tout petits pas, que les événements lui imposent plus qu’il ne les décide lui-même.
Pierre est touchant, mais finalement, son hermétisme – non, il ne fait pas dans l’occulte, je voulais dire sa tendance à se fermer et à couper la communication quand il ne sait pas comment gérer une situation – nous coupe aussi un peu de lui.
A l’aide de flash-backs, nous revenons dans son enfance et nous découvrons quelle a été sa jeunesse, comment ses parents l’ont influencé, et si Pierre enfant est attachant, Pierre adulte l’est un peu moins.
Peut-être ce ressenti vient du fait que j’ai l’impression qu’il n’essaye pas. Il subit et quand des portes s’ouvrent pour l’aider, il ne parvient pas à s’y glisser. Mais le pire, j’ai l’impression qu’il les voit et n’essaye même pas de s’y glisser.
Du coup, je vois un personnage s’enfoncer, avoir conscience qu’il s’enfonce, et ne pas parvenir à réagir pour tenter de stopper son enfoncement. En effet, Pierre a des amis, des gens qui l’aiment et qui lui bottent le derrière, sans prendre (trop) de gants. Des amis du coup un peu violent dans leur soutien ! Ce qui peut expliquer que Pierre a du mal à réagir. En effet, quand on vous balance une grande mandale pour vous faire bouger, vous passez souvent plus de temps à vous plaindre de la mandale reçue qu’à vous bouger !
Bref, le monde n’est pas tendre avec Pierre. Ni ses amis qui le maltraitent, ni ses amours, qu’il maltraite un petit peu quand même, ni sa famille, ne lui permettent de trouver facilement la porte vers l’âge adulte. Mais cette porte est-elle si facile à dénicher que cela ? Qu’est-ce qu’un adulte ? Un enfant qui a rangé ses rêves d’enfant dans un placard pour vivre une vie de « grande personne », pour devenir « un maillon de la chaîne » comme l’assène le père de Pierre ? Qui, avec cette vision-là, aurait vraiment envie de devenir un adulte ?
Comme vous le voyez, cette BD soulève plusieurs questions dont je n’effleure qu’une partie. Davy Mourier, qui a l’habitude de manier humour et drame dans un même récit, se tourne, ce coup-ci, vers une histoire triste, mélancolique, douce-amère où l’humour a finalement peu de place. Mais une histoire qui n’en reste pas moins intéressante que le reste de son œuvre, au contraire !

page de "L'AGE DE PIERRE" de Davy Mourier et Heloise Solt chez delcourt

Le dessin :

Au dessin, Héloïse Solt donne vie à Pierre et à son monde. Ses personnages stylisés simplement, ses touffes de cheveux crayonnés, ses visages ronds ou anguleux apportent un souffle différent à l’histoire, qui tranche radicalement avec le style de Davy Mourier. Ce duo fonctionne bien, car Héloïse a su s’approprier le monde de Pierre et lui donner vie autant par ses dessins que par ses couleurs. Le passé est noté avec des teintes jaunes accentuées. Ses dessins, presque enfantins, mais sans être du dessin d’enfant, relèvent d’un travail d’épure pour arriver à cette simplicité de trait.
Les couleurs ne sont pas des aplats, mais bien des couleurs peintes, jetées sur le papier, dont on peut voir le tracé. Ce qui leur donne une vie, une texture forte.
Le graphisme est un des plaisirs de cet album, d’autant que ce style enfantin ne peut que faire ressortir le fait que Pierre reste un grand enfant, que l’âge adulte n’est pas encore là.
La boucle est bouclée.

Conclusion :

L’âge de Pierre est une petite surprise, une histoire triste, un personnage égaré dans la vie, des moments touchants, d’autres énervants, une BD différente que je ne regrette pas d’avoir lue, et que je vous recommande.

Zéda rencontre Pierre.

"L'AGE 2PIR" Strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur "L'AGE DE PIERRE" de Davy Mourier et Heloise Solt chez delcourt

David

Inscrivez vous à notre newsletter :


Fais découvrir cet article à tes amis
David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

Laisser un commentaire

Ces articles pourraient vous plaire

Restons connectés 😉

3,489FansLike
415FollowersSuivre
146FollowersSuivre

Derniers Articles