mardi 23 avril 2024

Offrez-nous un café

Journal d’Anne Frank – L’annexe : Notes de Journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944

Couverture du journal d'anne Frank adapté par Oznam et Nadji chez Soleil
Titre
: Journal d’Anne Frank – L’annexe : Notes de Journal du 12 juin
1942 au 1er août 1944


Auteur :
Ozanam (scénario) Nadji (dessin et couleur)


Editeur :
Soleil


Année :
2016


Page
: 144






Résumé :


Anne
Frank se voit offrir un cahier pour l’anniversaire de ses treize ans.
Sa famille habite en Hollande, mais nous sommes en 1942 et le monstre
brun étale ses tentacules partout en Europe. Devant la menace nazie
qui se rapproche de plus en plus, la famille Frank est obligée de
fuir et de se cacher. Ils trouveront refuge dans « l’annexe »,
une partie inoccupée des locaux où travaillait le père d’Anne.
Ils seront rapidement rejoints par une autre famille. Anne va grandir
dans cet univers clos, où les gens se marchent rapidement sur les
pieds. Un mois, six mois, un an, deux ans…


Pour
tenir le coup, elle relate sa vie, ses pensées, ses espoirs, ses
colères dans ce cahier reçu pour son dernier anniversaire à
l’extérieur, un confident silencieux qu’elle a baptisé Kitty.




Mon
avis :


Nadji
donne un style visuel particulier à l’univers de Anne Frank. Des
dessins simples, même simplifiés, ébauchés, esquissés, donnant
un ton graphique enfantin à cette histoire. Le tout renforcé par le
choix de couleurs rappelant parfois plus des crayonnés. Ces couleurs
sombres renforcent l’ambiance particulière de ce récit. Une
composition éclatée, des cadrages souvent larges dans un lieu clos.
A mes yeux, ces choix se révèlent particulièrement judicieux par
rapport au sujet évoqué, l’enfance d’Anne Frank. Et ce sujet, c’est
le coeur de cet album.



Extrait du Jurnal d'Anne Frank adapté par Ozanam et Nadji chez Soleil



Le
petit texte faisant office de préface d’Antoine Ozanam, le
scénariste de la BD, explique son but en réalisant cette
adaptation. Je peux lui dire qu’il est atteint. De loin.


Il
m’est difficile de vous parler de cette BD tant l’histoire en est
rude, tant les émotions vous envahissent à la lecture. Il est aussi
curieux que dans cette incroyable et tragique odyssée statique,
l’horreur de l’Histoire et de la chasse aux juifs orchestrée par les
nazis se mélange avec les joies, les peines et les attentes de
l’adolescence. Comme si la tension de cette situation de confinement,
l’angoisse que tout s’arrête d’un coup, ne pouvait enrayer le flot
de vie et les questionnements d’une jeune fille de treize ans.


Adolescente,
Anne Frank, certes mais aussi bien trop adulte. Car certaines de ses
réflexions montrent bien la maturité forcée qu’a entraîné cette
situation.



On
ne peut refaire l’Histoire et pourtant, j’ai tenté au fur et à
mesure des pages de me forcer à croire que Anne allait revoir le
jour, que tout cela allait peut-être, non, sûrement, bien se finir.
Mais l’Histoire n’est pas tendre avec les gens qui espèrent et la
chute tombe comme un coup de poing au ventre, brisant tout, dans une
émotion renforcée par le choix narratif et graphique des deux
dernières pages.


Cette
notion de tragique viendra à coup sûr pour ceux qui connaissent la
fin de l’histoire. Ceux qui l’ignorent la prendront comme une
surprise choquante. Il faut dire que la dernière page de la BD porte
en son vide toute la violence de la conclusion.


Ozanam
profite aussi d’un petit dossier en conclusion du récit pour nous présenter ce qu’il et advenu des protagonistes de l’histoire, une
fois sortis de « l’Annexe ». Et Dieu que les événements ont
été injustes.


Il
nous raconte aussi comment Kitty, le journal d’Anne, s’est retrouvé
publié et ce qui en a découlé. Il m’est (très) difficile de
comprendre, à la lecture de ce récit, de ses conclusions, de ses
conséquences, de comprendre encore comment l’homme peut basculer
aujourd’hui dans la haine raciale pure, dans la chasse à l’autre
homme, pour une différence visible ou invisible.


Il
est difficile devant le destin d’Anne Frank de ne pas basculer dans
la colère et de ne pas prôner la bonne vieille corde de chanvre à
tous ceux qui osent encore défendre ou prôner la haine. Mais je me
rappelle aussi qu’au long de ces 144 pages de BD, Anne n’écrit
jamais un mot de haine, de vengeance à l’égard de ceux qui sont
responsables de sa situation. Elle tente juste de vivre au jour le
jour, d’espérer un avenir meilleur « quand on sortira ».


Alors
on se dit qu’il est une autre solution que la colère, quelque part,
à trouver.


Et
je réalise soudain que, comme Anne, nous sommes enfermés dans une
annexe, une immense annexe où nous devons côtoyer des gens
insupportables, où nous ne voyons plus le jour, une annexe qui
s’appelle la Terre. Mais si Anne se rappelait que derrière les
rideaux, le soleil brillait, je me dis qu’on a tendance à oublier
même qu’il y a un rideau qu’il faut écarter pour voir le jour. On
prend malheureusement parfois ce rideau pour un pan de ciel gris.


C’est
à nous de briser notre annexe, d’en forcer les murs, de l’ouvrir
vers un meilleur ailleurs. C’est à nous de refuser la haine et la
colère, de tenir la position d’un monde de paix et d’amour, c’est à
nous de brandir l’utopie, et de la planter pour qu’elle pousse et
devienne réalité.


C’est
à nous qu’incombe de porter le message d’Anne Frank et de créer un
monde meilleur pour que toutes les petites adolescentes du monde
entier puisse voir leurs rêves d’enfant se réaliser.




Alors
allez lire « Journal d’Anne Frank » de Ozanam et Nadji. Et
puis allez lire aussi le livre ! Et
si vous parlez Néerlandais, penchez-vous sur la première version du journal dans sa
langue originale, diffusé gratuitement pour l’instant sur son site
par Olivier Ertzscheld, pour
qui l’œuvre est tombé dans le domaine public. Décision qui soulève
un débat dont voici quelques éléments


A
mes yeux de naïfs sur le sujet, la version originale non retouchée
du journal d’Anne dans sa langue d’adoption me paraît bien tombée
dans le domaine public.


Ce
qui n’est pas le cas de la version retouchée par le père d’Anne car
celui-ci a vécu bien plus longtemps que sa fille.


Alors
laissons l’œuvre première au domaine public et l’œuvre retouchée
aux ayants-droits ! Et tout le monde pourra y trouver son compte.




Zéda
chante une jolie chanson que Louis Chédid a écrite en pensant à
Anne Frank.




"DE L'AUTRE COTE", strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur le journal d'Anne Frank de adapté par Ozanam et Nadji




 
Inscrivez vous à notre newsletter :


Fais découvrir cet article à tes amis
David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

Laisser un commentaire

Article précédent
Article suivant

Ces articles pourraient vous plaire

Restons connectés 😉

3,487FansLike
415FollowersSuivre
146FollowersSuivre

Derniers Articles