Wonder
François Bégaudeau (scénario) et Elodie Durand (dessin)
Delcourt
: Mirages
2016
: 144
sommes en 1968. Renée est ouvrière chez Wonder et supporte les
dures conditions de travail sans rien dire. Quand les événements de
mai 68 démarrent, tout explose autour de la jeune fille qui va se
retrouver entraînée dans la foule. De nombreuses rencontres
l’attendent qui chambouleront sa vie et surtout sa vision du monde…
avis :
le début, l’histoire nous replonge en quelques pages dans la France
de De Gaulle. On saisit tout de suite le contexte de l’époque et ça
nous aide à mieux comprendre la vie de Renée. Comme des millions
d’ouvriers, la jeune femme est simplement une personne effacée qui
fait au mieux pour s’en sortir. Ni bravache, ni timide, sous le coup
des idées et des modes de pensée de son époque, à rêver d’un
possible amour, à déchanter devant la réalité, Renée est un
personnage attachant.
les événements se précipitent, Renée est entraînée dans une
spirale qui la dépasse, sans doute comme tout un tas de gens à
l’époque. Et les rencontres qu’elle fait ne contribuent qu’à
creuser le fossé entre ceux qui expliquent le changement de monde
qui est en train de s’opérer et elle, symbole des ouvriers pour qui
le changement seraient d’obtenir déjà de meilleures conditions de
travail.
Bégaudeau
monte que mai 68 ressemblait plus à un patchwork de différents
mouvements qu’à quelque chose de vraiment construit, organique. Et
Renée à la chance (ou la malchance) d’errer entre ses mouvements.
C’est dommage qu’elle ne croise jamais ses pairs, en tout cas, pas
pendant les temps forts de ce printemps 68.
regard absorbe ce qui l’entoure et il lui faudra du temps pour
digérer toutes ces informations et trouver son chemin. D’un autre
côté, je reconnais que les différents chemins présentés n’ont
rien de très réjouissant ni de très motivant et on comprend la
distance de Renée au premier abord.
histoire se révèle un peu classique, il s’agit du parcours
initiatique d’une jeune femme en mai 68 mais le traitement graphique
apporte un beau souffle de liberté sur ce récit.
dessin en noir et blanc de Élodie Durand, rond et stylisé, sert
l’histoire au mieux. Si le gris est omniprésent tout au début de
l’histoire, la couleur fait son arrivée quand Renée ouvre les yeux
et comprend mieux le monde qui l’entoure et surtout la place qu’elle
pourrait y trouver. La forme graphique atteint son apogée avec une
fin en feux d’artifices où la couleur explose, comme l’âme de la
jeune femme. Une fin où le choix d’effacer ce qui pèse apparaît au
sens propre dans ces pages très belles comme au figuré dans les
choix de Renée. Ce surnom que Renée porte « Wonder »,
dû à l’usine où elle travaille, prend tout son sens dans les
dernières pages, où le mot merveille nous frappe en plein visage.
où l’utilisation des couleurs illustre pleinement l’histoire, la
composition fait de même. Discrètement, petit à petit, les cadres
prennent de l’ampleur pour se resserrer lors du dur retour à la
réalité, avant d’exploser. Renée, en couverture de cet album, qui
regarde le ciel, illustre bien la leçon d’espoir qui souffle sur ce
récit.
une histoire de prime abord classique où le merveilleux se fait une
belle place, discrètement, au fur et à mesure d’une initiation
compliquée.
et Renée dans les événements de mai 68 !