Moore & Charlie Adlard
calmer un forcené aidé par son collègue Shane. Malheureusement, il
reçoit une balle et perd conscience. Quand il se réveille, il se trouve dans un hôpital. Il sonne, appelle, mais personne ne vient le voir. Rick
découvre que beaucoup de choses ont changé pendant son coma.
Les vivants ont disparu et les zombies pullulent. Ceux-ci ne peuvent
pas courir. Ils marchent lentement, n’ont plus aucune conscience humaine,
se nourrissent de chair fraîche et ne meurt pour de bon que si on
leur fend le crâne. Horrifié, notre héros parvient néanmoins à
surmonter son dégoût pour partir à la recherche de sa femme et de
son fils tous deux disparus. Sont-ils encore vivants ? Peut-être morts ? Ou pire, morts-vivants ? Rick est-il le seul survivant de ce cauchemar ?
marchent à deux à l’heure en marmonnant des Euhhh et des Arrrhhh ?
J’aurais tendance à dire oui.
morts-vivants de Georges Romero date de 1968.
survivants tentent de s’en sortir. Les morts marchent à deux à
l’heure et marmonnent des Euhhh… Arggg. Ils se nourrissent de
chair humaine, n’ont plus de conscience et ne meurt que si vous leur
explosez la tête.
oui, c’est aussi le résumé de Walking Dead.
Dead, en 2002, sortait « 28 jours plus tard » sur nos
écrans. Jim, le héros, après avoir voulu libérer des animaux
condamnés aux expérimentations, se fait blesser, tombe dans les vapes et se réveille de son coma à
l’hôpital. Il sonne, appelle, mais personne ne vient. Il quitte
l’hôpital pour tomber dans une ville (Londres) désertée. Où sont
les vivants ? En tout cas, les morts sont bien là et coursent Jim
pour le dévorer tout cru ! Oui, dans ce film, ils courent, ce qui
les rend dramatiquement plus effrayants.
quelque chose ? Ah oui, l’intro de Walking Dead.
pas grand-chose au monde des histoires de Zombies ! Ce serait parler un peu vite. Il me semble
que Walking Dead est la première tentative réussie de décliner une
histoire de Zombies en série. Là où le bât blesse, c’est qu’une
histoire de survivants qui se déclinent en série, ben, vous n’êtes
pas trop inquiet pour votre personnage principal. Il doit bien tenir
un paquet d’épisodes, non ?
enfants non plus. Oh, un enfant mangé par un zombie, on va pas pousser la
violence si loin. Et puis faut les garder pour des épisodes
ultérieurs. Vous êtes inquiets pour les personnages secondaires ?
Oui. Mais bon, dans tout bon film de Zombies, on a pris l’habitude,
depuis Romero, (1968, rappelons-le, et il y en a eu des cohortes
d’histoires de Zombies depuis) de les voir partir en ragoût très
rapidement. Si vous partez d’un groupe de dix survivants, vous vous
doutez que pour tenir le suspense, on va perdre du monde en cours de
route. On écarte le héros et les enfants…
sympathique, mais elle n’apporte pas grand-chose dans la grande frise
chronologique des histoires de Zombies.
manière classique. Le héros découvre au fur et à mesure les
changements apparus. Le groupe de survivants qu’il rencontre est composé de
personnes au caractères différents, mais dans ce tome, seul la
tension entre Rick et Shane, son ancien collègue qu’il retrouve,
sert de nœud dramatique. Et il est résolu à la fin du tome.
sur leur caractéristique, mais sur leur nombre et le risque de
morsure qui transmet l’infection (ça aussi, ça existait déjà chez Romero).
femme et son fils. Ce pourrait être le leitmotiv de toute la série,
mais en fait, bonne surprise, il les retrouve rapidement. Et
l’objectif devient protéger sa femme et son fils, ainsi que les
autres survivants.
et originalités du scénario, Walking Dead reste une série de
Zombie classique qui s’inspire beaucoup (trop peut-être) de ses aînés.
déclinaison en série qui a visiblement happé tout un public. Je ne
peux me prononcer sur la suite, ne l’ayant pas lu, mais je peux dire
qu’en refermant le premier tome, j’ai pu continuer ma vie sans jamais
être en manque de la lecture des tomes suivants. Il faut en effet
reconnaître qu’à mes yeux, une grande ombre de déjà-vu plane sur
cette série BD.
qui font l’histoire, certes. On pourrait ajouter aussi que cela nous
renvoie à nos propres choix dans de telles situations extrêmes,
certes. Je constate simplement que ces questions sont déjà soulevés
depuis trente ans, depuis Romero, et que Walking Dead n’apporte pas
de réponse supplémentaire. Il en apporte même moins, car tout au
long de ce tome, Rick n’est jamais confronté à un vrai dilemme !
Imaginez le personnage (lui ou un autre) dans une situation où sa
femme est en danger, et de l’autre, son fils est en danger. Qui
va-t-il aider ? Pourquoi ? Que ferait-on à sa place ? Là serait une
vraie situation de choix. Moins cruel : Il n’y a pas assez d’armes pour tout le
monde. A qui les donner ? Comment vont réagir ceux qui n’en ont pas
? Et si on pousse plus loin, en prenant la même situation avec la
nourriture. Comment répartir les provisions ? Qui ne mangera pas ou
peu ? L’acceptera-t-il ? L’accepterions-nous ?
dangereuses, certes, mais simples. Il n’y a pas assez d’armes ? Ben,
allons en chercher en ville. Il n’y a plus à manger ? Ben, allons
chasser.
monde est regroupé, comme ça, sauver le groupe, c’est sauver tout
le monde. Pas de choix cornélien à faire.
manque dans ce premier tome : la situation critique, le dilemme
insoluble qu’il faudra résoudre et qui coûtera cher, quelle que
soit la solution trouvée. Le choix angoissant qui me projetterait
aux côtés de Rick et me ferait peur, celui qui me ferait oser la
question : et si ça avait été moi ?
réaliste ne manque pas de punch. Les personnages sont expressifs,
les décors et les morts traités de manière vraies.
faite par le choix du noir et blanc. Cette absence de couleur atténue
la violence des événements et des images.
directions. Démarrant dans une structure classique de trois bandes
de une à trois cases, il bascule complètement quand Rick découvre
le monde qui l’entoure. Un dessin peut alors être entouré de cases,
comme si elles étaient posés sur la planche occupée initialement
par le dessin pleine page. L’action, située dans une partie de la
planche, permet de créer l’espace pour placer les autres cases.
plus de force et d’impact aux scènes intenses. Quand Rick et Glenn
tentent de récupérer des armes en ville, ou quand les zombies attaquent le camp par
exemple, sont des scènes d’autant plus fortes que le cadrage est plus
travaillé et rompt avec les moments plus calmes.
dessinateurs n’hésitent pas non plus à réaliser des dessins pleine
page, juste pour faire passer une émotion, une panique, un
soulagement. Ces choix graphiques sont vraiment au service de
l’histoire et apportent, à mon goût, une charge émotionnelle
supplémentaire à la BD.
premier volume, sans toutefois bien comprendre l’engouement qu’il a
créé. Je trouve qu’il ne s’agit ni plus ni moins d’une nouvelle
histoire de morts-vivants. Les personnages ne me semblent pas
spécialement originaux et ce premier tome reste dans un esprit
politiquement correct. Je pense qu’il aurait fallu pousser le curseur
plus loin, qu’il aurait fallu plus de tensions entre les survivants,
plus de rancœur, de refus, d’opposition. Tout ce petit monde
s’entend trop bien. Je m’inquiète pour le groupe, contraint de faire face au monde
hostile. Je préférerais m’inquiéter sur les membres du groupe, et
les conséquences des choix de chacun sur le groupe et sur sa survie
dans ce monde perdu.
avec la suite…