mardi 19 mars 2024

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Wake up America tome 2 1960 – 1963, Nate Powell, Andrew Aydin et John Lewis

Rue de Sèvres
Série : Wake Up America
Titre : Tome 2, 1960-1963
Dessin : Nate Powell
Scenario : John Lewis et Andrew Aydin
Éditeur : Rue de Sèvres
Résumé :  
1960 – 1963 USA: les débuts de la montée du Black Power, les révolutions pacifiques contre le ségrégationnisme et contre le racisme, le militantisme pour les droits civiques des noirs américains, les freedom rides et la grande marche sur Washington pour le travail et la liberté pour finir sur le discours de six grands : Martin Luther King, Asa Philip RandolphJames L. Farmer, Jr., Roy Wilkins, Whitney Young et John Lewis , le dernier des six encore en vie, le prestigieux témoin de cet épisode de l’histoire.
Mon avis :

John Lewis est le dernier de cette mouvance révolutionnaire black power des années 60 et son témoignage sur cet épisode de l’histoire américaine est véritablement poignant.

En lisant ce livre biographique, on ne peut que ce dire que cet homme est un héros vivant. La violence de cette époque, aux USA, envers la population noire était inouïe !
Comment ont-ils pu supporter une telle brutalité et un tel racisme, et ne répondre que par des messages de paix et de non-violence ?  
Des hommes et femmes en sont morts…

Et dire que ce n’était qu’il y a une cinquantaine d’années seulement…

Le dessin, le style, la mise en scène :

Le dessin est en Noir et Blanc. 

Ça tombe bien, comme le thème du livre… 
Il se peut que ce ne soit pas qu’une simple coïncidence…
 

Ce dessin va à l’essentiel, il n’est submergé que par le juste nécessaire de détails.  
Ce qui m’a le plus impressionné dans celui-ci, c’est la puissance, le suspense, la violence et le mal-être qu’il peut induire ou dégager. 
Nate Powell sait parfaitement nous transmettre toute la difficulté vécue par les noirs américains lors de cette période.
J’aime beaucoup ces successions de portraits sur fond noir et ces pleines pages où le dessin parait tellement simple à réaliser alors qu’il a été travaillé pendant des heures.
Et que dire de ces magnifiques scènes de nuit qui sont si dures à effectuer dans un ouvrage en noir et blanc.
Le dessinateur maîtrise les nuances de gris et le style. 
Les effets sont aussi superbement bien réalisés, comme ces éclairages de voiture sur la route, ou ces flashs d’appareil photo…
Mais ce que j’ai par dessus tout apprécié, c’est la mise en scène des cases, comme avec cette ambiance calfeutrée lorsqu’ils sont pris au piège dans un bus, cette double page avec le bus qui prends feu, cette autre double page avec cette femme noir qui chante et ces petites cases parsemées très expressives, ou bien la plus terrifiante à mon sens, cette scène avec ces rangées de membres du Klu Klux Klan devant 3 pauvres policiers…

Rue de Sèvres
Une scène particulièrement effrayante !

Brrrr…
j’en ai des frissons…. et dire que John Lewis et ses compatriotes ont
vécu de tels moments, ça fait froid dans le dos !

Le scénario, le découpage:

Le scénario est le témoignage indispensable et incommensurablement précieux de ce héros qu’est John Lewis. 
Sa biographie va paraitre en 3 tomes chez Rue de Sèvres (2 tomes déjà parus, et un troisième prévu en 2016).

Andrew Aydin et John Lewis se sont donc penchés sur des planches pour témoigner de cette extraordinaire aventure humaine, et rétablir ainsi une minutieuse chronologie des faits. 
Le résultat est touchant, et amène à réfléchir et à reconsidérer sa petite vie douillette de provinciale…

Le découpage est fait à la façon comics. 

Il y a des cases un peu partout, alternant de grandes scènes en pleine page (ou sur double page), et petites cases successives et/ou entre-boitées découpées régulièrement, en carré ou rectangle, ou parfois de manière fantaisiste.

Il arrive parfois de chercher ce que Scott McCloud appellerai le caniveau…, mais à moindre mal.

L’ensemble peut paraître surchargé mais il est amplement nécessaire.

L’alternance entre le monde actuel, avec le président Obama, et les flashbacks, avec la présidence de Kennedy, est politiquement vraiment bien trouvée et réussie.

Selon moi, ce livre devrait être une référence dans tous les programmes scolaires des adolescents du monde, tellement il en apprend sur le sens de la tolérance, du pardon, de la volonté, de la solidarité, des responsabilités, et des droits de l’homme…
Rue de Sèvres nous surprend encore une fois dans un registre « documentaire historique » et touche à une corde sensible dans le contexte d’une société actuelle extrêmement violente.
Ce livre est donc un véritable message de paix par leurs auteurs et surtout de la maison d’édition.
A lire sans condition !
Rue de Sèvres
A lire aussi, le tome 1.

Et pour finir une petite vidéo de John Lewis…

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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