jeudi 25 avril 2024

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Un bruit étrange et beau de Zep

Un bruit étrange et beau Rue de Sèvres
Titre : Un bruit étrange et beau
Tome : One-shot
Scénario et dessins : Zep
Éditions : Rue de sèvres
Année : 2016
Nombre de pages : 96

Résumé :

William (ou Marcus), proche de la cinquantaine, ne trouvait pas sa place dans la société pendant sa jeunesse.
Il a donc de fait le choix de se retrancher dans les ordres religieux des chartreux et de vivre ainsi reclus pour son plus grand bonheur.

Sa richissime tante décède hélas, et lui lègue un héritage, ce qui va le contraindre à quitter son monastère pour rejoindre la capitale.
Lors de son voyage en train, il fera la rencontre de la jeune Méry, atteinte d’une grave maladie incurable et dont les jours lui sont comptés.
Elle souhaite donc vivre pleinement ce qui lui reste de temps.

William va donc s’ouvrir à un autre monde… son ancien monde. Il va s’interroger sur ses certitudes, ses acquis, ses aprioris etc…. 
Sa rencontre avec Mery va le bouleverser d’autant plus, et lui amener de nouvelles questions et lui faire faire des choix….

Mon avis :

Voilà une bien belle surprise !
Le génialissime auteur de Titeuf m’avait déjà séduit avec son talent graphique, totalement diffèrent de son bambin, au travers de « une histoire d’homme », mais là il va encore plus loin.
Ce livre est « étrange et beau » (ok c’était facile…). 
Il raconte une histoire simplement pleine d’humanité et d’humilité comme on aimerait en lire plus souvent !

Un bruit étrange et beau Page 15 Rue de Sèvres
Page 15

La couverture, le livre :

L’ouvrage est, comme à l’habitude des livres de Rue de Sèvres, beau et imposant.
La couverture avec son dominant bleu ciel, représentant une nageuse dans la Seine, calme et paisible, est simplement apaisante.
Le quatrième plat est tout aussi beau et s’inscrit dans la continuité du premier plat. L’ensemble déplié donne donc une belle vue de paris et sa Seine.
Le texte du quatrième plat se résume à quatre petites lignes, ne surchargeant et ne troublant pas ainsi la quiétude du moment.
Et ce texte annonce une profession de foi mais introduit aussi les plus grandes questions existentielles : qu’est-ce que la vie et/ou la mort ? Doit-on avoir peur de la mort ou pas ? Etc…

Le dessin, le style, les effets, les couleurs, les mises en scène :

Le style déployé est plutôt réaliste avec un trait léger et très épuré. Le rendu est beau aéré.
Les couleurs en bichromie permettent de véhiculer de belles impressions comme la fraicheur, la solitude, la quiétude ou comme à l’inverse un léger chaos, des questionnements, un attrait physique etc…
Zep ne s’encombre que de très peu d’artifices et d’effets bédéistiques, préférant jouer largement sur les jeux de cadrages, les perspectives et les ombres et lumières.
Chaque vignette est sublimée avec un trait juste, précis et élégant, et le fait qu’il n’y est pas de cadres (bordures) renforce cette liberté de penser et de vivre de notre héros !
Les mises en scènes sont superbes notamment sur les pleines pages et/ou sur des fantaisies en « diptyque » ou « triptyque » (une scène sur 2 ou 3 vignettes).
Zep est vraiment habile et nous fait aimer son dessin, à tel point que nous aurions envie d’encadrer chaque case !!

Rien à dire, son dessin est simplement beau !

Un bruit étrange et beau Page 6 Rue de Sèvres
Page 6

Le scénario le découpage :

Le scénario est des plus originaux mais sur une histoire simple d’héritage et de rencontres…
Ainsi Zep démontre parfaitement qu’il n’est pas besoin de faire compliqué et alambiqué pour écrire une belle histoire.
Ce récit est puissant, authentique, apaisant, enclin particulièrement à l’émotion et à l’introspection.
Le message a été fort pour moi en lisant son histoire, et mon interprétation pourrait être résumée comme ceci : « Le bonheur n’est pas loin, il suffit d’ouvrir les yeux et/ou son cœur au monde ».
Le découpage joue aussi énormément sur la tranquillité de la lecture. Les cases sont grandes, aérées, et sans délimitation (hormis les limites de format de la page).
L’alternance douce des tailles de vignettes donne le dynamisme nécessaire pour ne pas rester dans une torpeur religieuse.

Pour finir, j’aime beaucoup cette histoire et tout ce qu’elle dégage. Elle m’a simplement donné envie de vivre et de savourer tous les bons moments qui viennent !
Cette œuvre est pour moi un indispensable dans une bibliothèque pour pouvoir se ressourcer à tout instant.

Bravo Zep ! Bravo Rue de Sèvres !

Ciao
Yann

Et voici une petite vidéo :

 
L’auteur : 

 
Zep dessine et raconte des histoires depuis ses 14 ans. Il a déjà fait rire des générations d’écoliers en 20 ans d’aventures de Titeuf, et reçu le grand prix d’Angoulême à 37 ans.
Cet homme pressé a depuis conquis le public adulte avec ses Happy Books, son blog sur Le Monde et la nouvelle veine de son travail initiée avec Une histoire d’homme.
Mais l’absurde et le gore font aussi partie de ses talents, comme il nous le montre dans sa collaboration à Infinity 8 (à sortir chez Rue de Sèvres)

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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