Titre: Peau de Mille Bêtes
Auteur: Stéphane Fert (Scénario et illustrations)
Éditeur: Delcourt (collection Mirages)
Année: 2019
Nombre de pages: 116
Sommaire de l'article
Résumé de la BD Peau de Mille Bêtes
Lou petit prince gringalet, dans la forêt se promenait.
Quand tout à coup surgit derrière, un homme en noir très en colère.
Aidé par un corbeau parlant, le jeune garçon et l’animal fuirent en courant.
L’oiseau le mène donc dans une chaumière, où vit toute seule une sorcière.
La vieille femme lui conte alors, l’histoire de Ronce qu’il déplore.
Le Roi Lucane dans la forêt, se sentait seul et mal aimé.
C’est ainsi qu’il décidait, que Ronce, sa fille, il épouserait.
Mais cette dernière devenue femme, ne voulait pas de cet infâme.
Son caractère, tout comme son nom, était très fort, sans concession.
C’est alors que pour la faire flancher, le roi ronce de robes magiques l’affublait.
Mais la belle était forte, et préférerait cent fois être morte.
Défendue par ses amis de la forêt, elle n’avait de cesse de résister, aux sorts que son père lui jetait.
Le roi devenait plus qu’énervé, quand soudain lui vint l’idée.
D’une peau de mille bêtes, la robe de Ronce serait faite!
Quelle est donc cette malédiction, ce maléfice, obligeant Ronce à l’exclusion, au sacrifice?
Pour le savoir, une solution, lisez l’album avec passion…
L’édition de la BD Peau de Mille Bêtes
Les éditions Delcourt nous proposent un titre dans la même veine que l’album Morgane sortit en 2016. Cette BD, qui est en réalité un conte illustré bénéficie d’une belle couverture cartonnée rigide au toucher satiné avec un léger relief sur le titre.
L’illustration de la couverture donne le ton de l’histoire et du contenu graphique de cette BD, toute en couleur sur papier glacé.
Il s’agit de la première BD où l’auteur, Stéphane Fert est à la fois le scénariste et le dessinateur.
L’ensemble est découpé en plusieurs chapitres, racontant chacun un passage important de l’aventure.
Le scénario de Peau de Mille Bêtes
Après les légendes Arthurienne de Morgane, Stéphane Fert revisite ici le conte de « Peau de Mille Bêtes » des frères Grimm qui eux même s’étaient inspiré de « Peau d’Âne » de Perrault.
L’histoire aborde plusieurs sujets plutôt sérieux, mais sous forme magique et poétique. Ainsi, le roi veut épouser sa propre fille, ce qui nous ramène à l’inceste. Mais la BD parle aussi de la condition des femmes sans pour autant être féministe.
Au début de l’intrigue, « Belle » est courtisée par tous les hommes du village qui veulent tous l’épouser. Elle va finalement croiser la route du Roi Lucane, qui abusera de son pouvoir magique pour en faire sa femme. De cette union plutôt forcée, naîtra Ronce.
Lorsque Belle tombe malade, et juste avant de mourir, elle fait promettre au roi de protéger Ronce. Il lui offre alors milles bêtes de la forêt et en fait ses gardiens et protecteurs.
Nous verrons ensuite la petite fille grandir et s’épanouir, rencontrer l’amour avant de se voir lancer un maléfice car elle refuse de plier à la volonté de son père le roi.
Pour raconter son conte, l’auteur utilise des rimes la plupart du temps dans son texte, ce qui renforce le fait que ce soit un conte et pas une simple histoire.
Le dessin de Peau de Mille Bêtes
Le style graphique de Stéphane Fert est toujours aussi étonnant et atypique. Il donne une dimension magique et onirique à ce conte.
L’histoire n’est pas joyeuse et l’ensemble est plutôt sombre avec des teintes froides la plupart du temps. D’ailleurs une grande partie de cette aventure se déroule dans une forêt, une autre dans un « monde à l’envers », lui aussi gris et triste. Lorsqu’elles ne sont pas froides, les couleurs sont violacées donnant un air inquiétant.
Dans ce monde fantastique que l’auteur nous dépeint, le design des personnages n’est pas figé. Ainsi Ronce se retrouvera parfois affublée de bras énormes, ou de longues jambes. Tantôt fine, la fois d’après elle se retrouve dessinée avec de grosses cuisses et des hanches fortes. Stéphane Fert joue avec son personnage et avec les décors.
La mise en couleur, façon peinture (même si elle est numérique), donne un aspect de tableau à cet oeuvre. Chaque planche est une toile sur laquelle le lecteur voit les personnages progresser peu à peu. Et ici, les envolées lyriques, sont dessinées et font prendre une dimension fantastique, au conte.
Mon avis sur la BD Peau de Mille Bêtes de Stéphane Fert
Pour le résumé de cette aventure fantastique et épique, j’ai essayé de faire des rimes tout comme le fait l’auteur dans ce titre (avec quand même beaucoup moins de talent que lui pour cela). Je ne m’en étais pas aperçu de suite, c’est la dernière planche du paragraphe d’introduction qui m’a mis la puce à l’oreille, si bien qu’ensuite ma lecture s’en est trouvée changée. Ceci apporte un côté encore plus poétique.
Je ne connaissais pas l’histoire de Peau d’Âne avant de lire cette BD (si ce n’est de nom), je l’ai donc découverte à travers cette réinterprétation.
Comme pour Morgane, Stéphane Fert donne une vision sombre voire inquiétante à son album; ce n’est pas un conte joyeux. J’y ai même trouvé un côté théâtral et tragique.
Pourtant le titre peut s’adresser aux jeunes comme aux moins jeunes. Chacun pourra avoir un niveau de lecture différent.
Et puis à ce scénario emplit de poésie et de magie, les illustrations apportent une touche encore plus fantastique et fantasmagorique. Graphiquement cet album est étonnant et parfois déconcertant.
Un très beau boulot pour cette première BD en solo !