mardi 14 janvier 2025

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Orson Welles, l’artiste et son ombre, la chronique plus grande que nature

Orson Welles, l’artiste et son ombre, la BD gargantuesque

couverture de "ORSON WELLES, L'ARTISTE ET SON OMBRE" de Youssef Daoudi chez Delcourt.

Série : –
Titre : Orson Welles, l’artiste et son ombre
Auteurs : Youssef Daoudi (scénario et dessins)
Éditeur : Delcourt
Collection : Encrages
Année : 2024
Pages : 280

Résumé d’une biographie éclatée:

Un plateau de tournage, la nuit, le sommet d’Hollywood où trône les lettres majuscules de la ville du cinéma américain. Une voix off parle tandis qu’une silhouette s’avance parmi les lettres qui semblent bien petites. Jusqu’au moment où l’homme apparaît en entier, il s’agit d’Orson Welles dominant de toute sa masse et son long manteau les lettres « HOLLYWOOD » sous l’éclairage des projecteurs. L’histoire peut commencer…

Le scénario déstructuré:

Dieu merci, Youssef Daoudi nous propose un scénario qui ne suit pas chronologiquement la biographie d’Orson Welles. Après cette intro majestueuse, nous arrivons en 1977, où Orson Welles tente de trouver de l’argent pour boucler un nouveau film « de l’autre côté du vent ». A partir de ce restaurant, nous allons voyager dans le temps, découvrir l’enfance d’Orson, les difficultés de son dernier film, son arrivée à la radio, ses succès théâtraux, ses séjours en Europe, son premier film et entre ces moments, revenir au restaurant.
Cette structure nous fait voyager dans la vie d’Orson Welles mais aussi dans sa tête, avec des séquences oniriques. Bien sûr, si vous ne savez rien sur Orson Welles, certaines références ne sont pas forcément claires, mais sans connaître l’artiste, vous découvrirez son histoire, la folie des grandeurs qui l’habite et son refus de toutes concessions à l’art, alors qu’il part jouer dans des publicités pour gagner de l’argent, pour financer son cinéma.

Ce combat de toute une vie n’a qu’un but : arriver à mener un autre film que Citizen Kane à son terme. On se rend compte que chaque film est une lutte, que Welles perd souvent. Et pourtant, il continue. Il remonte sur le ring et tente à nouveau de faire du cinéma. Mais Welles doit se battre à la fois contre Hollywood et contre lui-même.
Cette BD nous permet de découvrir tout cela, de recontextualiser l’histoire d’un monstre du cinéma, un caractère bien peut-être trop trempé, mais aussi un rêveur, qui a trouvé la caméra comme espace d’expression. Mais les films sont si coûteux à monter que ce support ne lui laisse pas la liberté de s’exprimer comme il le souhaite. Pourtant, c’est là que Welles veut aller, travaillant au scénario, à la réalisation, au montage et même à l’interprétation.
La BD nous offre de très belles scènes, qui nous permettent de comprendre que Orson Welles était un grand du cinéma, mais peut-être aussi un réalisateur difficile à vivre, qui voulait tout, tout de suite.

page de "ORSON WELLES, L'ARTISTE ET SON OMBRE" de Youssef Daoudi chez Delcourt.
Orson Welles, le dernier des Titans ? sa légende racontée dans une profusion de jaune !

Le dessin en bichromie:

Le dessin réaliste acquiert une touche d’imaginaire grâce au noir et blanc, teinté d’un jaune fort et ponctué de gris délavés.
Le jaune s’insinue partout. Des volutes de fumées de l’éternel cigare d’Orson Welles aux fonds qui surviennent de manière inattendue et remplissent la case comme des ciels abstraits. Ils se disputent l’espace avec les denses aplats de noir, symbolisant l’ombre de Welles. Ce noir répand l’obscurité, crée des zones d’ombre, comme Welles aimait à le faire dans ces films. Un grand projecteur qui éclairait la scène et des caches pour découper la lumière. Youssef Daoudi réussit à retranscrire cela dans sa BD. Et quand l’ombre n’est pas là, le jaune remplit l’espace, le ciel, la couleur de la voiture ou le costume de Welles.
L’imaginaire prend parfois le pouvoir et mène à l’abstraction, comme ce taureau à tête de caméra, ses rapports d’échelle disproportionnés ou ces murs de télévision… Autant de scènes qui ne sont pas juste graphiques mais bien narratives car elles nous permettent de mieux comprendre certaines facettes d’Orson Welles.
Je me plais à penser que Welles aurait peut-être apprécié de voir sa vie raconter ainsi, d’une manière inhabituelle, démesurée, prenant sans doute bien des libertés tout en étant scrupuleusement documentée. Une biographie aussi folle que le personnage qu’elle décrit.

Conclusion d’une BD immersive:

Une belle réussite se concluant par une bibliographie dense qui donne envie d’aller y fouiller : livres, documentaires, articles… Une très belle approche du personnage d’Orson Welles.

Zéda discute avec Orson Welles.

"VERY WELLES" strip de Zéda pour illustrer la chronique 7BD sur "ORSON WELLES, L'ARTISTE ET SON OMBRE" de Youssef Daoudi chez Delcourt.

David

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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