vendredi 11 octobre 2024

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Lipanda tome 1 de Bazil aux éditions Bang.

Lipanda tome 1 de Bazil aux éditions Bang.

Titre : Lipanda Tome 1
Scénario & dessins : Bazil
Editions : Bang Editions
Année : 2021
Nombre de pages : 160

Résumé de « Lipanda tome 1 » de Bazil :

Bruxelles, 1959.
Pimpin est un célèbre journaliste belge, cependant depuis quelque temps ces articles manquent un peu de teneur, voire sont totalement fade.
Son patron lui impose du repos en lui offrant un voyage au Congo.
Pimpin, en bon personnage bien occidental aux idées préconçues et dont sa notoriété a dépassé les frontières, et son compagnon à quatre pattes Mildiou, se verront donc embarqués dans une aventure qui va les dépasser totalement.
Ils seront pris à parti (ou en otage) par des « tiers-mondistes » à des fins de manipulations politiques pour une indépendance de leur pays.
Mais dans son malheur, Pimpin fera aussi des rencontres riches d’idées et de cultures qui le feront réfléchir et peu à peu évoluer, et pourquoi pas faire aussi une rencontre amoureuse…

Mon avis sur « Lipanda tome 1 » de Bazil :

L’excellent Bazil nous livre un nouvel ouvrage plein d’humour noir (sans vouloir faire de mauvais jeux de mots…).
Rappelez-vous, nous avions découvert son univers avec l’hilarant « American Dream » (voir ma chronique ici).
Et bien il nous revient avec un humour encore plus décapant et surtout à contre-courant, ou à l’inverse en plein dans le vent (à votre bon choix), des actualités.
Lipanda tome 1 de Bazil aux éditions Bang. page 7
Extrait page 7 de la BD

De premier abord, on constate très vite la parodie évidente du célèbre « Tintin au Congo » de Hergé. 
Les indices grossiers tels que le personnage journaliste belge à la houppette (Pimpin) et son chien acolyte (Mildiou), mais aussi les enquêteurs (De Smeek et Duchmol), vous taperont dans l’œil à n’y pas manquer.
Et je suis sûr que vous en trouverez bien d’autres…
Il y a aussi quelques clin d’œil à d’autres BD comme un certain groom…
Mais au-delà de cette caricature très marrante (humour second degré à apprécier), ce livre est une critique satirique et sévère du colonialisme (et pas uniquement de la Belgique vers le Congo).
Il pointe exagérément mais efficacement sur les travers de chaque peuple, et ça fait mal à tous les niveaux : racisme, éducation, extrémisme, arrogance, égocentrisme, barrières sociales etc…
Cette bd est donc un fabuleux melting-pot de thèmes durs tous encore biens réels et hélas bien loin de disparaître.
Lipanda tome 1 de Bazil aux éditions Bang. page 10
Extrait page 10 de la BD

Le dessin très caricatural reste minimaliste comme pour « American Dream » mais toujours aussi efficace. 
Ce qui est aussi frappant c’est évidemment la ressemblance sans doute volontaire du héros sur les deux ouvrages.
Il n’y a que peu de grandes cases ou de plan d’ensembles. Les effets visuels restent simples et sont posés judicieusement pour évoquer un certain dynamisme visuel.
Les couleurs unies, vivaces et chatoyantes égayent le récit, et la diversité de la palette renforce aussi l’impression de boxon continuel. 
A noter que, comme de fait exprès, les teintes noires ou blanches sont omniprésentes et sortent bien sûr du lot. Je ne sais pas si l’intention était voulue, mais l’effet est bien là !
Le découpage chargé, en gaufrier avec en moyenne 10 à 12 vignettes donne toujours une impression de gros désordre complexe à l’image de toutes les intrigues et thèmes abordés, de la multitude de protagonistes etc.…, mais au final il est admirablement bien orchestré afin que le lecteur ne perde pas le fil de l’histoire.
C’est là une structuration et un travail impressionnant.
Lipanda tome 1 de Bazil aux éditions Bang. page 12
Extrait page 12 de la BD

Un dernier point que j’apprécie beaucoup dans les bd de Bazil, c’est la richesse des dialogues. 
Certaines répliques me paraissent parfois véritablement d’anthologie. J’y vois un petit côté façon Michel Audiard
Extrait de dialogue :
– Pimpin à Kitoko « Oh ben t’aurais dû les accompagner, c’est bien Bruxelles. Rien que le Manneken Pies. »
– Kitoko « Quoi… le gamin à poil qui fait pipi dans un bassin ? Woaw, le génie artistique des civilisés ! »
– Pimpin « euh..y’a pas qu’ça. »
– Kitoko « Tu m’étonnes. Une ville entière embellie par le sang des récolteurs de caoutchouc… ça doit en faire des monuments à visiter. »
– Pimpin « Et les gaufres ? T’as déjà mangé des gaufres ? »
En synthèse, voilà encore une bonne bd à l’humour cinglant et très critique en regard de l’histoire et le comportementalisme de chaque peuple.
J’ai vraiment beaucoup aimé.
Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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