: Les Ogres-Dieux
Demi Sang
Hubert (scénario) et Bertrand Gatignol (dessin)
Soleil
: Métamorphoses
2016
: 152
homme couverts de bandages fait parapher quelques documents à l’Ogre
Dieu, rentre chez lui, dîne et prend un bain. Il présente un vieux
souvenir à sa mère, un souvenir qui le ramène dans le passé,
alors qu’il n’était qu’un petit enfant, le jeune Yori…
avis :
vous a parlé des Ogres-Dieux précédemment et Yann vous a introduit
Petit, le premier tome de cette série dans cette chronique.
C’est Demi-sang que je vais aborder. L’histoire de ce recueil démarre
avant Petit et finit dans la période du tome précédent.
au lieu de suivre un Ogre mal formé, nous suivons maintenant un
bâtard de noble humain, Yori, de sa jeunesse jusqu’à son ascension
au sommet.
Une
histoire prenante, même si on reconnaît les rouages de l’ascension
rapide d’un jeune courtisan pour les avoir lus ou vus précédemment.
Par contre, savoir quelle seront les réactions des Ogres prenant
souvent les humains pour leur jouet, leurs pantins ou juste leur
défouloir, là se trouve la surprise. Ainsi, leur présence même
inspire la peur chez le lecteur, par compassion avec les autres
membres de sa race, victimes potentielles de ces fous furieux au
pouvoir infini.
on les préfère vivant en ermite dans la forêt et transpercé par
les lances des preux chevaliers que demi-dieux dirigeant le monde
d’une manière pour le moins… chaotique.
beaucoup apprécié la formule qui alterne le récit de la vie de
Yori avec les histoires des chambellans passés – les chambellans
étant les conseillers privilégiés des ogres-Dieux – racontées
sous forme de nouvelles illustrées et non plus sous forme de BD.
Hubert crée des pauses dans le récit, et nous immerge un peu plus
dans ce monde sauvage et fort dangereux quand on commence à traîner
dans les allées du pouvoir.
est tellement déterminé et malin qu’on comprend vite que le seul
obstacle pouvant se dresser sur sa route sont ces ogres. Du coup, ce
n’est pas tellement la tension qui hante ce récit qu’une sorte de
fascination curieuse pour cet univers original et décalé, autant
pour son présent, incarné par Yori, que pour son passé, à
découvrir dans les contes illustrés émaillant la BD.
dessins de Gatignol sont fascinants. Ce noir et blanc envoutant vous
garde totalement absorbé dans le récit. Seule la blondeur de Yori
tranche avec cet univers sombre. Et malgré l’opacité, les détails
sont là et les architectures des palais, les broderies des
vêtements, se révèlent envoutantes.
de ne pas faire une pause dans sa lecture pour contempler une page,
une case. Les personnages portent dans leurs regards toutes leurs
émotions. Les traits de Yori expriment tour à tour la colère, la
passion, l’amour… le mensonge et la duplicité.
compositions sont simples et des pages remplies de trois bandes de
trois cases savent laisser tout d’un coup la place à des cases
entières remplissant la moitié de la page voire toute la page.
Cette alternance rythme la lecture et sait faire ressortir les
moments forts.
cadrages sont bien pensés et mettent en valeur les personnages et
les situations. Je repense à cette case où la mère de Yori part,
le regard éperdu de douleur et de tristesse, alors qu’au loin, on
devine son fils à un balcon du palais… Tout est dit sans paroles.
vous avez aimé Petit, vous adorerez probablement Demi-Sang. Et d’un
autre côté, vous n’avez pas besoin d’avoir lu le premier tome pour
savourer ce second opus. Ne vous privez pas d’une BD dure et belle,
intransigeante et magnifique.
au royaume des Ogres-Dieux !