jeudi 28 mars 2024

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Le travailleur de la nuit de L.Chemineau et Matz

Le travailleur de la nuit éditions Rue de Sèvres
Titre : Le travailleur de la nuit
Scénario : Matz
Dessins : Leonard Chemineau
Editions : Rue de sèvres
Année : 2017
Nombre de pages : 114

Résumé :


1905, nous assistons au procès du dénommé Alexandre Marius Jacob, cambrioleur reconnu et insoumis à toute forme d’autorité du moment qu’il estime pervertie.
Ce jugement donne l’occasion de revenir sur le parcours et la « carrière » de ce « gentleman » cambrioleur, ne suivant que ses idées et révolté contre le système en place qu’il estime injuste.
Ainsi nous le suivront de sa jeunesse en tant que Marin, puis par ses travers de cambriolage et jusqu’à sa capture et condamnation, suivi de son incarcération au bagne de Cayenne et finalement sa libération.
La particularité de ses cambriolage tenait à la morale qu’il fasait appliquer : ne faire que des vols utiles envers et contre les « profiteurs » du système. Chacun de ses larcins était signés de sa main par une note humoristique.

Mon avis : 

Cet ouvrage est la deuxième BD de Léonard Chemineau en partenariat avec Matz chez les éditions Rue de Sèvres.

Voilà donc qu’après le « conquérant » Julio Popper , les deux comparses se lance dans un tout autre registre biographique avec la vie particulièrement marginale de Alexandre Marius Jacob.

Le travailleur de la nuit éditions Rue de Sèvres page 8
Extrait de « le travailleur de la nuit » page 8


Le dessin :

Le dessin de léonard chemineau est juste magnifique. Dans un style réaliste/semi-réaliste, en aquarelle au trait fin et léger.
Leonard Chemineau nous avait déjà séduits sur Julio Popper, voilà qu’il récidive avec cet album.

Les décors sont toujours aussi somptueux et détaillés, le moindre petit détail prend son importance.

Les personnages sont efficacement déterminés et typés par leurs gestuelles suggérées et leurs émotions bien palpables. Ce dessinateur rend ces personnages vraiment expressifs et c’est un bonheur, on se croirait vraiment plongé dans les dialogues et actions.

Les couleurs chaudes permettent de placer une ambiance anarchiste et accueillante, voulue par le protagoniste de l’histoire.

On remarque aussi particulièrement le travail de recherche sur l’époque notamment avec les vues de Marseille et son port bondé de voiliers, ou bien Paris avec ces industries en plein essor etc…

Un labeur remarquable pour notre plus grand bonheur visuel.

Le travailleur de la nuit éditions Rue de Sèvres page 11
Extrait de « le travailleur de la nuit » page 11


Le scénario :

Les BDs sur ce personnage ne sont que peu nombreuses. Je ne connais que le « Alexandre Jacob : Journal d’un anarchiste cambrioleur » aux éditions Sarbacane ayant déjà traité sa biographie.
Voilà donc pourquoi c’est un plaisir de lire une notre vision sur cette personnalité.

Ce livre est structuré sur cinq chapitres, avec pour fil conducteur le procès permettant ainsi de revenir sur la vie de cet homme depuis sa jeunesse jusqu’à son incarcération et justifiant aussi son vécu d’après bagne.
Matz œuvre donc magistralement sur ce principe classique de flashback, inspiré certainement de série policière ou de film de genre, mais de manière très réfléchie et efficace.
 Cette chronologie orchestrée de la destinée d’Alexandre Jacob nous permet donc de comprendre d’où vient son esprit idéaliste et sa tendance anticapitaliste et rebelle.

Les valeurs portées par ce libertaire sont bien retranscrites dans ce récit :

  • Ne voler que les profiteurs du système (représentants et défenseurs de l’ordre social jugé injuste : les patrons, les juges, les militaires, le clergé),
  • Ne pas toucher aux personnes dont le métier est « utile » (architectes, médecins, artistes, enseignants, etc.) à moins qu’il ne soit reconnu comme vil,
  • Éviter de verser le sang sauf si sa vie et sa liberté sont en jeu, et qu’envers les policiers.
  • Et surtout utiliser l’argent volé pour la cause anarchiste et pour les camarades dans le besoin (Ce qui inspira selon les dire, le personnage d’Arsène Lupin à Maurice Leblanc).

Matz s’est aussi évidement documenté pour créer cet opus, ainsi nous pouvons découvrir avec joie l’efficacité du fameux « coup du parapluie » inventé par Alexandre Marius Jacob, ou bien l’anecdote pour laquelle notre cambrioleur laisse un mot d’excuse à l’écrivain Pierre Loti lorsqu’il visite sa demeure…

Le découpage est tout aussi vivant et dynamique que le personnage. Les cases sont peu nombreuses par page laissant place à l’action et la contemplation, permettant d’autant plus de se projeter dans le récit.

Le travailleur de la nuit éditions Rue de Sèvres page 5
Extrait de « le travailleur de la nuit » page 5


Cette BDs est donc splendide. Une belle réussite à la hauteur de mes espérances que je m’étais forgées avec l’exceptionnel livre « Julio Popper ».

L’une de mes meilleures lectures pour ce début d’année 2017.

Ciao
Yann

Pour finir je vous laisse sur un petit teaser de Olivier Durie produit par Les Films Grain de Sable

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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