: T1 – Le Grand Sombre
Ullcer(dessin) Bodin (scénario)
Delcourt
: Hors Collection
2015
: 128
: 16,95€
Lazy Company rempile ! Ce petit commando de quatre soldats américains
perdu en plein cœur de la seconde guerre mondiale reprend du poil de
la bête pur cette aventure montagnarde. Après une entrée en
matière déroutante et fort drôle, nos héros – si ce terme peut
être approprié pour décrire ce groupe que toutes les unités
militaires ont l’air d’éviter – se retrouvent embarqués pour une
mission dans les hauteurs lointaines de l’Himalaya. Escortant un
savant, loin du front, ils doivent trouver ce que les nazis
cherchaient en 39 dans les montagnes népalaises ! Tout un programme
qui va réserver de fort belles surprises à ces quatre militaires
moins débrouillards et plus malchanceux qu’il n’y paraît !
avis :
est important de resituer les choses si, comme moi, vous ne
connaissiez pas la Lazy Company avant cette chronique.
s’agit au départ d’une série co-écrite par Samuel Bodin et
Alexandre Philip diffusée sur OCS et France 4. A quoi ça ressemble
? Vous pouvez consulter la Bande-Annonce sur Allociné.
Et si vous voulez en voir un peu plus, hé bien voici déjà un extrait de la première saison :
vous avez l’œil, vous constaterez que le scénariste – et
optionnellement réalisateur de la série – est également le
scénariste de la BD ! Ce qui devrait permettre une certaine logique
et cohérence entre la série et la BD. Delcourt nous annonce qu’il
s’agit du tome un. Ce qui signifie, pour les petits malins que nous
sommes, qu’un tome deux est prévu et peut-être même encore
d’autres tomes derrière.
Difficile
pour moi de comparer avec la série, puisque je ne l’ai pas vue. Mais
la BD a l’avantage de nous permettre de comprendre les personnages.
D’une part par la narration, qui met en avant leurs faiblesses ou
leur force, et aussi par des petites fiches signalétiques issues de
leur dossier militaire qui permettent de faire des transitions entre
les différents chapitres du récit.
présente une curieuse opposition. En effet, l’intro de la BD plonge
les personnages dans les horreurs du champ de bataille. Les horreurs,
mais surtout le rire de voir nos quatre zonards faisant de leur
mieux pour sauver d’autres soldats tandis que les têtes explosent
autour d’eux.
puis ils se retrouvent au Népal, dans une épopée entre l’aventure
et l’exploration ésotérique qui faisaient la joie des sérials des
années trente ! Du coup, on se sent loin des champs de bataille,
ceux qu’on voit également dans la bande -annonce présentée plus
haut.
passé cette surprise, j’ai plongé gentiment dans l’histoire,
emporté par les événements, même si certains retournements sont
assez prévisibles. Je ne vous dévoilerai rien de ce qui se passe
après le départ pour le Népal, il faut bien vous laisser de la
surprise !
quatre héros sont différenciés et leur travers y contribuent
fortement. Cette BD permet d’avoir un œil sur le passé de certains
d’entre eux. Ce qui est assez surprenant, c’est qu’entre l’intro et
la deuxième partie de la BD, l’humour aussi est fort différent. Il
a même méchamment tendance à s’amenuiser au fur et à mesure de
l’histoire. D’ailleurs, la chute n’a plus rien de drôle. Mais comme
je vous le disais plus haut, impossible pour moi de comparer avec la
série pour vous dire si ça suit le même cheminement à l’écran.
donc un coup d’œil au dessin. Première chose à noter, le cahier
graphique de la fin qui montre certaines études d’Ullcer. J’ai adoré
le clin d’œil Mignola !
reconnaîtrez probablement les personnages de la série, mais Ullcer
a fait le choix d’une représentation graphique différente de la
simple modélisation des personnages.
BD est dans un style réaliste, contrastant souvent avec les
situations absurdes où se retrouve la Lazy Company.
visages expressifs ressortent bien dans ces décors travaillés et
mettant surtout en avant le contraste entre la blancheur éclatante
de la neige et le sentiment de vide qu’elle crée, ainsi que les
obscures profondeurs de la montagne et l’angoisse qu’elle couve.
couleurs claires savent jouer aussi de ce contraste mais également
des teintes sépia, marquant les faits situés dans le passé,
souvent souvenirs enfouis de nos quatre héros.
cadrage travaillé qui sait laisser de la place aux émotions, je
repense à Slice débouchant sur le toit de la maison, ou à Chester
sautant dans le vide et tentant de rattraper un parachute à travers
un nuage. De nombreuses cases graphiques, vivantes, intrigantes
donnent un souffle et un impact plus fort à l’histoire.
ne peux que saluer le travail d’Ullcer sur ce premier opus et
j’attends, curieux, de lire la suite. Curieux, mais seulement curieux
pour ma part. Sans doute parce que je n’ai pas baigné dans la série,
qui a atteint sa troisième saison.
vous ne souhaitez pas rester en rade comme moi, sachez que les deux
premières saisons sont sorties en DVD. Tenez, j’y repense à
l’instant, un point troublant, on ne sait pas où se situe cette
histoire par rapport à la série. A moins que certaines situations
même ne renvoient à des moments de certains épisodes, permettant
aux spectateurs de se repérer immédiatement. Mais si vous commencez
par la BD, vous la découvrirez comme une histoire à part. D’un
autre côté, elle se savoure pleinement comme une histoire à part
entière. Alors pourquoi se priver ?
Zéda
rencontre le sergent Chester de la Lazy Company.