jeudi 28 mars 2024

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La passion Dodin-Bouffant de Mathieu Burniat

La passion Dodin-Bouffant Dargaud
Titre : La passion Dodin-Bouffant
Dessins et scénario : Mathieu Burniat
Editeur : Dargaud
Année : 2014
Nombre de pages : 128
Résumé :

Mr Dodin-Bouffant est un riche notable provincial et fin gourmet, voire le plus exigent de France en cette matière. Il appuie aussi sa réputation sur sa cuisinière hors norme et s’est donc forgé une solide autorité pour ce domaine culinaire. Et tout un chacun rêverait de manger à sa table, mais seulement trois convives (Mr Beaubois notaire, Mr Rabaz médecin, Mr Magot marchand de bestiaux) ont aujourd’hui gagné le respect et la tolérance de cet expert.


Seulement voilà, la belle Eugénie décède soudainement sous les yeux de son employeur. Celui-ci vient de perdre son plus remarquable bijou gastronomique… Le monde s’écroule donc autour de lui….

Mais il ne peut en rester là ! Ses 3 amis et lui entreprennent de trouver une cuisinière remplaçante. Toute une batterie d’entretiens s’annonce et se déroule. Hélas, aucune des prétendantes ne se retrouve à la hauteur des rudes exigences imposées par la fine bouche Dodin-bouffant.

Et au moment où tous les espoirs s’amenuisent, la perle rare tant souhaitée apparaît, et comble de tout, dans le même village… la campagnarde Adèle Pitou.

La vie reprend donc à toutes joies pour nos compères jusqu’à ce défi que son altesse royale le prince héritier du royaume d’Eurasie va lancer à notre gastrolâtre, et dont l’enjeu pourrait bien en dépasser les simples saveurs gustatives…


Mon avis :

Cette magnifique BD est adaptée d’un grand classique de la littérature gastronomique : « La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet » de Marcel Rouff, livre de chevet de nombreux chefs et gourmets…
Ce livre est une merveille à la fois graphique, humoristique et poétique. Il éveille nos papilles. Il nous entraine dans un torride érotisme culinaire à s’en faire péter la sous-ventrière !

Le livre, la couverture :

Ce livre, en majorité rose fushia est attirant (même pour les machos que nous pouvons être). Le premier plat résume superbement bien l’ouvrage : Dodin-Bouffant, l’air réjoui, assis à table face à un plat dégageant un fameux fumet, entouré de motif d’or (ses valeurs les plus chères) représentant ainsi ses 3 amis ayant gagnés sa confiance d’un côté, et Adèle Pidou, sa cuisinière de l’autre côté. Le reste des motifs dorés représentant un repas loin d’être frugal !!
Le 4eme plat nous donne un résumé succinct mais très attrayant, illustré en en-tête par de petits angelots autour d’une marmite : Est-ce le résultat de l’aventure contée dans ce livre ? Est-ce une allusion au divin ? Etc… Tout cela à la fois j’en suis certain.

La passion Dodin-Bouffant plancge 11 Dargaud
Planche 11

 Le dessin, le style, les couleurs, les effets :

Matthieu Burniat possède un style bien jovial, caricatural et fantaisiste, semi-réaliste.
Avec un trait fin, léger et moderne, élégant, fluide et tout en courbe, il a su exploiter ce thème, presque trop commun, avec une délicatesse et un soin hors norme.  On ressent, à travers son dessin, une vraie passion pour cet art.
Et il arrive à nous la transmettre avec maestria.
Chaque plat illustré nous donne l’eau à la bouche, éveille nos sens, inspire notre gosier, alerte notre nez….
Les émotions des personnages sont admirablement bien réussies grâce à l’approche ubuesque et comique choisie.
Les couleurs sont belles et superbement bien sélectionnées, plus dans des tons pastels, loin d’être agressives et vives.
Les effets se résument essentiellement à un formidable travail d’ombrage. Quelques halos pour mettre en avant ce côté souverain de chaque plat, et des perspectives et des plongées grandioses sur des tables pleines d’hôtes gourmands !
Bref, qui ne se régale pas à la vue de son dessin ne pourra point être rassasié !

La passion Dodin-Bouffant plancge 65 Dargaud
Planche 65

Le scénario, le découpage :

C’est une véritable histoire d’amour qui nous est racontée. Un amour pour la bonne chère engendrant indubitablement un amour moins platonique pour la chaire… 

C’est admirable de voir comme on y retrouve tous les ingrédients de ces bonnes vieilles histoires à l’eau de rose : les amoureux innocents, les bons copains prêts à aider, le rival à l’image d’un prince etc…, et le meilleur dans tout cela c’est que tout se mélange parfaitement et donne un résultat particulièrement savoureux !
 

Le scénario est fort bien mitonné, inspiré donc directement de l’œuvre de Marcel Rouff. Mathieu Burniat, en grand chef qu’il est, cisèle l’œuvre originale et ligote tous ces morceaux choisis pour nous enfourner un délice graphique et scénaristique.
 

Le découpage fort bien réalisé, alterne petites et grandes vignettes tel un assaisonnement relevant un met, puis enchaîne sur des pleines pages et/ou de larges bandes verticales ou horizontales comme plat de résistance ou bien en antipasti, et pour finir l’humour apporté par la caricature des personnages et de l’époque, et les cadrages de vignette délicatement choisis, nous permettent d’achever ce repas frugal avec de tendres sucreries.
J’ai beaucoup apprécié ces nombreuses cases sans bordures qui nous transportent sans commune mesure dans les orgies culinaires illustrées !

Bravo, cet œuvre est tout simplement une pure merveille, que,  j’en suis sûr,  tous les amateurs de l’œuvre originale possèdent déjà !

Ciao,
Yann

Et voici aussi un petit avis de la chaine normande


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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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