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Les Météores, Histoires de ceux qui ne font que passer, la BD de quotidiens difficiles
Série : –
Titre : Les Météores, Histoires de ceux qui ne font que passer
Auteurs : Jean-Christophe Deveney (scénario), Tommy Redolfi (dessins)
Éditeur : Delcourt
Collection : Hors collection
Année : 2024
Pages : 312
Résumé d’une histoire chorale:
Un pont donne sur une autoroute. Elijah et Leblond, deux jeunes en skate regardent le trafic en-dessous d’eux. Elijah raconte son enfance, se demandant si en venant là, il n’attendrait pas juste que quelque chose se passe, un accident, quelque chose d’autre que ces files de voitures interminables. Leblond le comprend. Loin au-dessus d’eux, dans l’espace, un météorite avance…
Le scénario de vies en lutte permanente :
Cette BD est un récit choral. Jean-Christophe Deveney nous montre le quotidien de plusieurs personnages : Floyd, Gary, Hollie, Elijah, Sammy, Charlie, Casey et d’autres encore. Des gens comme vous et moi, avec leurs difficultés, leurs traumas, leurs peines et leurs vie au quotidien, avec un travail pour pouvoir joindre les deux bouts. C’est au fil de l’histoire que nous apprenons les différents liens existant entre ces personnages. Et que nous apprenons aussi que chacun, à sa manière, est en lutte quotidienne contre soi-même ou contre l’écrasante banalité de la vie.
On finit par s’attacher à presque tous, en tout cas, on les comprend mieux à la fin du récit. Comme l’annonce le titre, nous suivons ceux et celles qui ne font que passer sur cette terre, ceux et celles dont on ne retiendra pas les noms, ceux et celles qu’on croise sans forcément les voir.
Ces petits instants de vie, rires, disputes, interrogations, solitudes, dessinent petit à petit le visage d’une certaine société, ceux qui se battent pour survivre, loin du cirque médiatique et politique. Les victimes du système qui tentent de s’adapter. On se rend compte que tous ont des peurs, des blessures, certaines plus dures que d’autres, que nul n’est à l’abri d’une bascule, d’un coup dur. Parfois, leur combat consiste juste à se lever le matin pour reprendre le cours de sa vie, sans autre espoir que de tenir jusqu’au soir.
Un récit, plutôt, des récits touchants, on ne sait pas forcément les causes et les chocs qu’ont subi les uns et les autres. On devine à une attitude, une phrase, une obsession, parfois un aveu lors d’une discussion, les problèmes enfouis.
Le dessin mêlant les techniques :
Tommy Redolfi mêle deux techniques dans un style semi-réaliste. Il encre les contours avec des traits fins, de couleurs gris ou sépia, marquant ainsi les volumes et les reliefs. Et en même temps, il délimite parfois les corps, les objets, juste par l’emploi de couleurs, sans contours. Ce mélange assez étonnant donne son ton graphique à la BD, une petite particularité qui ne frappe pas forcément au premier abord, mais que l’on ressent au bout d’un moment.
Ce choix de gestion des contours se marie très bien avec les aplats de couleur. Teinte unique, sans dégradé, avec juste des zones plus ou moins foncées pour marquer les ombres. On erre avec les personnages dans cette ville parfois silencieuse, dans ces lieux toujours vides, sans âmes, malgré la vie qu’y apporte parfois la présence de chacun.
L’absence d’onomatopée ajoute à ce sentiment de silence. Mais l’élément majeur est la place que lui laisse le dessinateur. La BD, au format paysage, utilise majoritairement des gaufriers, deux bandes de trois cases et souvent, nombre d’entre elles sont vides de dialogues. On s’arrête sur des objets. Les personnages errent, hésitent, tâtonnent, réfléchissent, agissent. Des dessins pleine planche apportent aussi des grandes respirations, tout aussi silencieuses. L’hésitation, le silence font partie du quotidien de tous ces personnages, touchant par leur détresse cachée et l’aide silencieuse qu’ils apportent aux autres, de manière discrète ou affichée.
Conclusion d’une BD multiple :
Avec Les météores, les auteurs nous livrent une salve d’histoires simples, entremêlées. ils nous dévoilent la vie, et même au-delà, il nous raconte notre vie, apportant dans la désolation du morne quotidien une lueur d’espoir, où il est possible que parfois, en se soutenant les uns les autres, les choses puissent aller un peu mieux, même si la fin du monde est annoncée.
Zéda rencontre Floyd.