La Fabrique des Belles enveloppes
Chris Oliveros (scénario et dessin)
Delcourt
: Outsider
2016
: 104
Cluthers se bat pour sauver son entreprise artisanale de belles
enveloppes. Les commandes tarissent, les dettes augmentent, les
paiements n’arrivent plus. Avec sa secrétaire Patsy et son assistant
Herschel, il tente de relancer la société mais Jack, petit à
petit, sous le stress pesant de cette situation inextricable,
commence à perdre pied…
avis :
histoire sur le combat d’un patron de PME pour sauver sa boîte est
bien dans l’air du temps. Et cette histoire nous vient pourtant du
Canada !
chute de Cluthers advient lentement et il faut s’habituer à la
structure de l’histoire où le rêve se mêle à la réalité tant et
si bien qu’on finit par perdre pied tout comme le héros, à ne plus
pouvoir différencier les deux.
part à la dérive et cette dérive impacte autant son usine que son
couple. Sa femme perd petit à petit celui qu’elle a aimé. Mais
a-t-elle été là ou bien est-ce une galerie de souvenirs que Jack
revit ? Aucune réponse ne sera donnée dans cette histoire, c’est à
vous de faire le tri. Autant certains moments sont clairement issus
de l’imagination de Jack, autant d’autres sont peut-être vrais.
Cette
histoire est-elle présente, passée ? Peu importe, car ce qui
compte, c’est la chute d’un homme qui ne sait plus quoi faire pour
gagner du temps. En effet, l’important n’est plus de redresser la
boîte, mais de gagner quelques jours pour trouver une solution qui
permettra de gagner quelques jours de plus pour trouver une
solution… Et ainsi de suite.
mène une course contre la montre, une course perdue d’avance ?
Peut-être, à vous de le découvrir en parcourant cette histoire.
moi, les dessins peuvent être un frein à l’immersion dans ce récit.
Tout d’abord car la patte graphique de Chris Oliveros est très
stylisée, très caricaturale. Les dessins sont simplifiés à tel
point que j’ai parfois du mal à reconnaître Jack, à le
différencier des autres. L’auteur a une solution simple, la veste du
héros, à nulle autre pareil grâce à un petit détail de poids…
Mais ça ne suffit pas toujours à éviter une trop grande confusion.
noir et blanc n’aide pas à s’y retrouver non plus, car aucun repère
de couleur ne viendra vous sauver. Mais cela permet parfois
l’apparition de contraste fort entre des fonds noir et d’autres
blancs, marquant l’isolement de Jack dans cette société qui le
dévore.
est parfois difficile de s’y repérer et quand l’imaginaire de Jack
prend la main, rien ne vous l’indiquera (mais ce choix, à la limite,
est très intéressant car il nous plonge vraiment au côté de
Jack).
décors ouvrent des espaces qui favorisent les transitions, des
moments d’escapade où les sommets des immeubles nous font un peu
oublier la triste réalité. A moins qu’ils ne nous y gardent
discrètement attachés…
composition est standard, les pages tournent autour d’un format
gaufrier de trois bandes de trois cases avec des variantes descendant
à deux bandes de deux à trois cases.
cadrage perd pied au moment où Jack perd également la tête,
offrant alors de curieuses perspectives, raccord avec les situations
elle-mêmes.
Manufacture des Belles Enveloppes est une histoire triste, dure sur
le monde d’aujourd’hui et je regrette un peu que le graphisme,
assurément rempli de bonnes idées, pêche néanmoins par fois à me
garder dans l’histoire. Mais allez donc voir par vous-même en
feuilletant cette BD chez votre libraire.
perdu dans la manufacture de Cluthers !