Le dessin de Marek Pokorný est vraiment exceptionnel due à sa variété graphique tout du long du récit.
Son style varie selon si l’épisode raconté est actuel, passé, lié à l’enfance etc…
Pour ce qui est de l’enquête journalistique de l’héroïne Andréa, au présent, le style est réaliste avec un trait fin et fluide, bien détaillé portant beaucoup sur les émotions mais avec des couleurs à tendances froides afin d’accentuer l’angoisse, l’obsession et le mal-être.
Les faits racontés, donc au passé, sont relatés dans des tons sépia classiques pour illustrer l’antan. Le trait est encore plus travaillé, fin et réaliste.
Il existe aussi des passages avec un style beaucoup plus enfantin et coloré pour accompagner la soi-disant « jeunesse » de Barbora Škrlova.
Bref, ce roman graphique de 208 pages, démontre d’un talent incomparable du dessinateur en terme de techniques de dessin.
On en prend plein la vue et cela attise d’autant plus la curiosité pour suivre l’évolution de l’histoire avec les procédés graphiques associés à chaque épisode.
Et il s’avère que tous les choix sont véritablement judicieux, et les compositions sont maîtrisées avec maestria jusqu’au moindre détail !!
Pour corser le tout, les choix de plan et perspectives sont audacieux et incroyablement diversifiés. Tout est travaillé admirablement.
Le découpage donne un rythme particulièrement haletant et soutenu, allant de la pleine page hyper détaillée au gaufrier de 48 cases simplifié.
A noter aussi l’incroyable réalisation de couverture, ou chaque case est un dessin indépendant, mais l’ensemble mis bout à bout révèle un personnage plutôt inquiétant.
Une véritable œuvre d’art en soi.
J’ai rarement été bluffé par un tel travail.
Cette œuvre prouve que Marek Pokorný a incontestablement sa place parmi les grands illustrateurs !