samedi 20 avril 2024

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Boxeurs et Saints de Gene Luen Yang


Couverture BOXEURS ET SAINTS de Gene Luen Yang chez Delcourt
Titre
: Boxeurs et Saints

Auteur :
Gene Luen Yang (dessin et scénario)

Editeur :
Delcourt

Collection
: Outsider

Année :
2015

Page
: 336 et 176

Prix
: 40€






Résumé :

Petit
Bao coule des jours paisibles mais difficiles d’une vie de paysan
dans la Chine de la fin du dix-neuvième siècle. Fasciné par le
théâtre itinérant, il rêve de ces héros légendaires. Petit Bao
ignore que le jour où son chemin va croiser celui de l’étrange
vagabond Lanterne Rouge, son destin va changer. Il va alors devenir
un élément clé de la future révolte en marche, celle des Boxers,
qui marquera le début du vingtième siècle en Chine dans la
violence et le sang !

Quatrième
est la quatrième fille d’une famille Chinoise. Et c’est la première
enfant à survivre. Rejetée par son grand-père, elle va vouloir
devenir un diable et croisera la route d’un missionnaire étranger.
De fil en aiguille, son chemin va se heurter aussi à celui de la
Révolte des Boxers…



Mon
avis :

Deux
tomes forment le coffret de cette BD. L’un s’intitule « Boxeurs »
et l’autre « Saints ». Deux histoires différentes, se
déroulant sur plusieurs années mais à la même époque. Deux
héros, un garçon et une fille, aux destins opposés avec un fil
directeur : la révolte des boxers.

De
cette idée, Gene Luen Yang tire une tragédie violente, douce, âptre
et magique. En effet, au côté de la rigueur de la vie des campagnes
chinoises, apparaît une bonne dose de fantastique. Car nos deux
héros ont des visions. Sont-ils fous ? Peut-être mais pas si sûr…

Au
travers de ces deux histoires, l’auteur parvient très bien à nous
immerger dans cette époque. Et surtout, il sait nous rendre
attachant Petit Bao et Quatrième. Le plus dur est de voir que les
choix qu’ils sont amenés à faire vont souvent avoir des
conséquences désastreuses sur leur vie ou sur celles de leurs
proches.

Eux-mêmes
vont être confrontés au doute et à l’angoisse des regrets. Mais
l’Histoire va tellement vite qu’ils n’auront malheureusmeent pas le
temps de prendre du recul et d’analyser la situation froidement.


Et
comme toute tragédie, on sait d’avance que les choses ne vont pas
bien tourner. Mais l’on se prend à espérer une bonne surprise.
L’épilogue en réserve une. Finalement, au milieu de tout ce chaos,
reste-t-il une place pour l’espoir ?

L’auteur
ne fait pas la part belle aux événements historiques mais bien à
leur impact sur la vie des paysans de Chine. On ne croisera pas
vraiment de personnages célèbres de la période, on entendra
vaguement parler des étrangers, plus de l’impératrice. Les
batailles ont sans doute des fondements réels mais la place faite au
fantastique renvoie l’Histoire au second plan. En effet, peu importe
que la véracité historique soit de mise car le regard par lequel
nous découvrons tout les événements est celui de Petit Bao ou de
Quatrième.

Et
à leur échelle, l’Histoire n’a aucune importance. Ce sont justement
les événements qui comptent. Une statue brisée, un homme détruit,
un maître à suivre, un amour familial inassouvi, un père de
substitution…

Les
seules histoires qui tiennent lieu de référence, ce sont celles qui
sont proches de la légende. Pour Petit Bao, les héros mythiques du
passé, les généraux des trois Royaumes, le Roi des Singes, pour
Quatrième, Jeanne d’arc !

Des
histoires que la légende a renforcé, où le vrai est parfois si
près du féérique, de l’inconnu…

Et
le regard que donne Yang à ses personnages est original. Car même
leurs proches ne les comprennent pas. Quatrième veut devenir un
diable, Petit Bao un héros. Au final, lequel de deux atteindra son
but ?

Les
mêmes traits de caractère les habitent : L’obstination, de cette
obstination qui conduit à l’erreur quand elle est trop vive. Les
mêmes doutes vont les transpercer. Pour eux, la réalité et le
mystique se confondent. Et donc pour nous, lecteurs, aussi. Et cela
contribue grandement au charme de cette histoire. Les deux tomes se
lient profondément car les ellipses effectuées dans l’un seront
racontées dans l’autre. Ce qui les rend indépendants. Ils peuvent
être lus chacun de leur coté mais restent néanmoins suffisamment
complémentaires pour que leur deux lectures enchaînées donnent un
nouveau point de vue sur ce récit.


Page de BOXEURS ET SAINTS de Gene Luen Yang chez Delcourt



Le
dessin est à l’image de l’esprit de ces deux jeunes enfants : Naïf.
Trait simplifié, couleurs douces, expressions stylisées. Les corps
un peu patauds n’en restent pas moins porteurs d’émotion. Pas
d’ombres, pas de plis sur les vêtements. Yang arrive à « aplatir »
l’image. Il ne cherche pas à lui donner le volume et le relief d’une
troisième dimension, il part sur le postulat que l’histoire sera
mise à plat. Et le dessin aussi.

Les
décors, la nature et les maisons, sont eux aussi réduits à leur
essence la plus simple. Les couleurs tirent vers des teintes ocres ou
brunes, du coup, les autres couleurs ressortent encore plus vivement.
Aucun mélange, aucun dégradé, le ciel est bleu, la nuit est noire,
le sang est rouge. Ces couleurs ne se veulent pourtant pas réalistes.
Car l’histoire porte en elle ce fantastique qui permet à certains
moments de partir vers des ciels tirant sur l’orange ou le rouge, sur
des cases où le décor disparaît pour laisser des fonds unis aux
teintes de l’émotion exprimée par l’image.

Ces
dessins rappelant d’une certaine manière la ligne claire de Hergé,
mais encore moins fouillée, encore plus allégée. Et ça fonctionne
!

La
composition est elle aussi assez sommaire et se place donc dans la
même dynamique que le dessin : De une à quatre bandes composées de
une à trois cases. Sur ce canevas, les vairations et les
combinaisons nombreuses permettent d’éviter la monotonie.

Le
cadrage tente quelques variations, comme la plongée sur Petit Bao
après qu’il soit intervenu en faveur de ses frères mais l’ensemble
repose sur des plans larges ou serrés, alternant afin de nous garder
au plus près des personnages, sauf quand l’action le commande.



Alors,
Boxeurs et Saints, qu’en dire au final ? J’ai été surpris et
heureux de découvrir cette grande Histoire par l’histoire de Petit
Bao et de Quatrième. J’ai été ému de la perte de contrôle de ses
deux jeunes enfants sur leur destin, j’ai été content de trouver un
récit loin d’être manichéen avec gentils révolutionnaires d’un
côté et méchants étrangers de l’autre. Donc, je vous recommande
cette double BD, car les deux tomes étant vendus en coffret, pas de
temps d’attente ! Alors faites-vous plaisir…



Et
je n’allais pas vous laisser sans la superbe bande-Annonce de ce
diptyque !








Zéda
n’a pas tout saisi de la révolte des Boxers !



"LA REVOLTE DES BOSSEURS", strip de Zéda pour article 7BD sur LA REVOLTE DES BOXEURS de Gene Luen Yang chez Delcourt




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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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