vendredi 19 avril 2024

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Au revoir Là-haut de Pierre Lemaitre et Christian De Metter aux éditions Rue de Sèvres

Au Revoir Là-HautPierre Lemaitre Christian de Metter aux Editions Rue de SèvresTitre: Au Revoir Là-Haut
Scénario: Pierre Lemaitre
Dessin : Christian de Metter
Éditeur: Rue de Sèvres
Année: 2015 (Sortie prévue le 07 octobre)
Nombres de pages: 168
Fin de la grande guerre 14-18, Albert Maillard, simple comptable dans la vie, sauve la vie à Edouard Péricourt, fils de bonne famille, lors d’un dernier assaut ordonné par le terrible Lieutenant Henri Pradelle. 
Edouard Péricourt sera défiguré à vie, et refusera de retrouver les siens. Albert Maillard s’occupera donc dorénavant de lui.
De son coté l’infâme Henri Pradelle organise une terrible escroquerie à la nation…
 
Edouard, avec son talent de dessin, imaginera lui aussi une arnaque à la nation sur les monuments aux morts. Il fera de Albert maillard son complice.
Ces aventures ne laisseront pas nos interprètes indemnes….

Mon Avis :

Voila une adaptation d’un roman primé (Au Revoir Là-haut, prix Goncourt 2013) en BD particulièrement bien réussie !
Le mariage du talent de 2 grands noms comme le dessinateur Christian de Metter et l’écrivain, lui même, du roman, Pierre Lemaître, nous rend une alchimie délicieuse à lire et à regarder.

La couverture et l’ouvrage :

Cette couverture très poétique nous annonce d’ores et déjà le drame, tout en nous laissant un soupçon de fantaisie.
Le ton vert dominant peut nous évoquer de l’espoir, mais la petite touche de rouge vient tâcher l’ensemble pour rappeler le pire…
La calligraphie de titre est originale et s’accorde parfaitement avec le plan d’ensemble.
Cette couverture est donc très attirante.

L’ouvrage, en lui-même est beau, épais et raffiné et de bonne confection (comme à l’habitude pour les livres des éditions Rue de Sèvres)
 

Au revoir là-haut BD planche 11

Le dessin, le style, les couleurs, la mise en scène :

Le dessin au trait épais et travaillé va à l’essentiel. Celui-ci parait simple mais chaque vignette est finalement élaborée de façon minutieuse.
Le dessinateur focalise peu sur les détails. 
Les arrière-plans sont souvent légers mais largement suffisant, avec des traits effacés… Mais il arrive que certaines vignettes regorgent de détails graphiques comme des descriptions de hall d’entrée, des scènes « citadines » etc…
Chaque personnage a son identité bien marquée par le dessin. On retrouve ainsi un homme parfaitement détestable dans les traits en perfection du lieutenant Pradelle, ou bien un homme au grand cœur à travers les portraits d’Albert Maillard, ou alors l’homme d’affaire usé par les années dans les esquisses de monsieur Péricourt senior.
Chaque case parait être une peinture réalisée au couteau. L’effet graphique est beau, et l’on imagine bien le peintre sur sa toile à chercher le compromis de couleurs adéquates, les jeux d’ombres et lumière et les estompes nécessaires pour mettre en valeur son œuvre.
Les couleurs brutes, un peu passées et paraissant gommées, nous mettent ainsi parfaitement dans l’ambiance d’après-guerre 14-18 où la reprise d’une vie normale parait particulièrement difficile et où les profiteurs escrocs font fortune.
J’apprécie particulièrement les scènes nocturnes qui illustrent, selon moi, merveilleusement bien le travail sur les couleurs.
Les mises en scène sont maîtrisées, beaucoup de gros plans, peu d’effet de plongée/contre-plongée, et les perspectives réussies avec les proportions respectées même dans les cas de perspectives à double point de fuite.
Christian de Metter a donc mis en image ce magnifique roman avec maestria et un graphisme recherché et abouti.
Un vrai plaisir visuel.
Au revoir là-haut BD planche 52

Le scénario, le découpage :


Le scénario n’est ni plus ni moins celui du roman avec ce climat d’après-guerre où l’on sent que la vie est dure et la misère présente partout. 

Les valeureux combattants rescapés sont laissés pour compte avec leurs détresses psychologiques, de part les horreurs qu’ils ont vécu et/ou qu’ils vivent encore (amputations, défiguration,etc…).

Puis d’un autre coté les escrocs, les profiteurs, les sans-scrupules qui s’enrichissent avec la situation, tentant ainsi les plus honnêtes….

Ce récit est poignant et terriblement révélateur d’un malaise sociétal d’après-guerre…

Le découpage reste, quant à lui, singulier et classique avec tout au plus 5-6 cases par page. Cette méthodologie simpliste est un artefact très efficace pour accentuer la narration du récit.
A noter, par moment, quelques fantaisies de pleine page insistant ainsi sur un songe ou une situation de malaise…

Cette adaptation de best-seller est donc superbement réussie. Elle était attendue au tournant, mais les adeptes du roman ne seront en rien déçus par l’interprétation graphique de Christian de Metter. Le style de cet artiste colle parfaitement à l’histoire passionnante de Pierre Lemaitre.

Ciao
Yann

Les auteurs de la BD Au revoir Là-haut : 

Christian De Metter 

Rue de Sèvres
Photo © Manuel F. Picaud / Auracan.com

Né en 1968 en région parisienne, Christian De Metter étudie le dessin publicitaire avant de travailler comme dessinateur et maquettiste dans la presse rock. Il publie sa première bande dessinée en 1999, et reçoit six ans plus tard le Prix du public au festival d’Angoulême. Il vit en Seine-Saint-Denis.

Pierre Lemaitre

Rue de Sèvres

Né à Paris en 1951, Pierre Lemaitre passe toute son enfance en région parisienne. Après des études de psychologie, il s’oriente vers la formation professionnelle des adultes, animant des séminaires d’enseignement de la Littérature pour des bibliothécaires. Il se consacre ensuite à l’écriture, en tant que romancier et scénariste, essentiellement dans le registre policier. En 2013, Au revoir là-haut, roman picaresque qui marque dans son oeuvre un changement majeur, décroche le prix Goncourt. Il vit à Paris
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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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