jeudi 25 avril 2024

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1984, la chronique qui est en train de vous regarder

1984, une BD sur les nonvertus du régime presque totalitaire

couverture de "1984" de Jean-Christophe Darrien et Rémi Terragrossa d'après George Orwell chez Delcourt

Titre : 1984
Auteur : Jean-Christophe Darrien (scénario) d’après George Orwell, Rémi Terragrossa (dessins)
Éditeur : Soleil
Collection : Hors collection
Année : 2021
Page : 120

Résumé du récit d’une vie étouffante:

Winston marche dans les rues d’une ville ravagée, il rentre chez lui, dans un vieil appartement décrépi et s’isole pour commencer son journal. Une erreur dans cette Londres gouvernée par Le parti de Big Brother qui interdit toute pensée subversive, et même simplement toute pensée, surtout pour un homme chargé de réécrire l’histoire pour le ministère de la vérité…

Scénario d’une histoire qui fait froid dans le dos:

1984 adaptée en BD. Une idée qui soulève pas mal de questions et dont vous pouvez tenir la concrétisation entre vos mains grâce à Jean-Christophe Derrien et Rémi Terragrossa. Enfin, une des concrétisations car il y a eu pas moins de 4 BD sorties récemment adaptant ce roman classique de la SF, qui vient justement de tomber dans le domaine public. Mais c’est sur la version des éditions Soleil que je vais m’attarder aujourd’hui. Le monde oppressant d’Orwell fonctionne très bien visuellement. Le plus dur à faire reste les choix de narration. Si beaucoup de éléments textuels passent très bien à l’image, cela s’avère beaucoup plus compliqué pour d’autres. Et surtout en ce qui concerne la deuxième partie du roman où Winston découvre les écrits de l’opposition à Big Brother.
Dans le livre, c’est tout une série de paragraphes de cet essai qui nous sont offerts tels quels, avec Winston qui les lit ou les partage. Là, ces extraits sont raccourcis – à cause du format de la BD – alors que c’est un des points forts du roman. Ce qui fait sa puissance au travers du temps. Des années après, en relisant ce passage éminemment politique et philosophique, sur l’utilité du pouvoir et les techniques pour le garder, on en a froid dans le dos. Cette partie, malheureusement condensée, perd de son impact.
La dernière partie non raccourcie mais condensée, ne retrouve plus toute sa force. Je ne vous en parlerai pas pour ne pas dévoiler la chute à ceux qui n’auraient pas encore lu le roman ou vu le film.
Mais le pari est aussi réussi grâce à cette immersion quasi-immédiate dans la vie de Winston. On prend en quelques pages la mesure de ce monde totalitaire qui se prétend libre, de cet homme égaré dans un engrenage dont il n’arrive pas à sortir. Même si, dans le roman, la partie des rêves de Winston permet de nous attacher encore plus à lui. Par contre, cette partie onirique qui révèle des moments de son passé n’est plus présente dans la BD.

page de "1984" de Jean-Christophe Darrien et Rémi Terragrossa d'après George Orwell chez Delcourt

Le dessin gris d’un monde déprimant:

Les choix graphiques avec cette ambiance où le gris domine le noir et le blanc rend très bien cette société terne et appauvrie. L’arrivée de la couleur représente un souffle de bonheur, de liberté, et effectivement, elle rejoint en cela la narration. Cette bonne idée permet de nous identifier encore plus aux personnages.
La couleur reste le symbole de la liberté. Elle s’insinue dans le fond, dans certains objets clés.
La composition des planches est travaillée pour que la mise en scène renforce l’atmosphère, que ce soit l’oppression créé par le parti de Big Brother ou bien le souffle d’espoir apporté par les rares évasions de Winston et son amour. Les détails des décors permettent de donner vie à de nombreux éléments décrits dans le roman.
Ce travail au trait, ces choix de composition de planches, l’utilisation rare des noirs qui les rend encore plus intense quand il se déploie, contribue à imposer l’aspect totalitaire, dictatorial de cet univers.

Conclusion d’une BD correctement adaptée:  

Cette adaptation de George Orwell présente un travail narratif et graphique poussé. Le seul petit regret que j’ai, c’est qu’il aurait fallu plus de pages pour pouvoir rendre la démarche centrale d’Orwell, à savoir, à mon avis, faire comprendre les tactiques menées par des dirigeants pour asseoir un régime totalitaire.

Zéda croise Winston.

"BIG BROWSER" strip de Zéda pour illustrer chronique 7BD sur "1984" de Jean-Christophe Darrien et Rémi Terragrossa d'après George Orwell chez Delcourt

David
 

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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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