jeudi 28 mars 2024

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Là où nait la brume de C.Perrissin, C.Gaultier et M.Galopin

Là où nait la brume rue de sèvres
Titre : Là où nait la brume
Scénario : Christian Perrissin
Dessins : Christophe Gaultier
Couleurs : Marie Galopin
Editeur : Rue de Sèvres
Année : 2017
Pages : 72

Résumé :

Un homme, ancien marin, se rappelle son enfance et la rude éducation de son père, à bord d’un ferry pour Terre Neuve.
Cet homme c’est Josh Slocombe, aujourd’hui sans emploi, taciturne, cherchant un but à son existence. Et son but à court terme est de rendre visite à son malaimé de père, installé sur cette île semblant peu accueillante.
Arrivé à bon port, il lui reste de la route à faire pour rejoindre le lieu de résidence de son géniteur. Il loue alors une voiture, cherche son chemin et finit par prendre un curieux autostoppeur, après un premier refus et une nuit inconfortable. Josh exigera de son passager du silence…
Après avoir déposé étrangement le voyageur à l’hôpital psychiatrique de la ville « Corner Brook », il rencontre la sympathique aide-soignante Ruthie-Jane qui lui indique précisément sa route vers la résidence de son père.
Josh finit par trouver le bungalow de son père… sans vie… personne ne répond, ni n’est présent. Josh trouve même le cadavre du fidèle chien à l’intérieur. Il commence alors l’enquête pour retrouver son père.

Mon avis :

Christian Perrissin est bien connu dans le monde de la BD avec ses œuvres à succès comme El Nino, Les Munroe ou récemment encore Alexandra David-Neel – Les chemins de Lhassa.
J’avais d’ailleurs beaucoup aimé « Le vent des cimes » en duo avec Buche.

Là où nait la brume rue de sèvres page 13
Extrait page 13 de la BD
Et dans presque tous ces ouvrages, il nous fait rêver de voyage et d’aventure comme si cela était ordinaire. Certains, d’ailleurs, sont inspirés de faits réels.

Dans « là où nait la brume », Christian Perrissin nous emmène encore une fois bien loin, sur l’île de Terre Neuve, au large de la côte atlantique du Canada : une terre froide et humide.
 
Et le trait épais, précis, exempt de superflu, de Christophe Gaultier, se prête particulièrement bien à retranscrire un paysage froid et austère, bien à l’opposé des quelques personnages rencontrés lors du récit, plutôt accueillants et serviables.
 
Les effets se limitent essentiellement à des perspectives et/ou des techniques de hachures et de jeux d’ombres. Les coups de crayons semblent avoir été jetés rapidement sur le papier, et cela avec un naturel bluffant et une belle maîtrise. L’ensemble parait simple et rustique à l’image du territoire et de la culture décrits.
 
Les couleurs de Marie Galopin paraissent ternes et sombres, mais mettent en place subtilement et très efficacement l’ambiance pesante du récit. Chaque environnement a sa couleur dominante : plutôt brun/orange pour la ville, vert/bleu pour l’océan etc… 

Grace à ses couleurs, on prendrait presque un gros rhume tellement l’humidité est suggérée.

Là où nait la brume rue de sèvres page 9
Extrait page 9 de la BD

Coté scénario, Christian Perrissin nous décrit une quête initiatique et introspective plutôt moralement violente mais psychologiquement trépidante. Ce jeune homme qu’est Josh, recherche son père presque détesté. Il cherche à renouer avec cet homme « cruel ». 
Et c’est à travers l’absence physique de ce père que, petit bout par petit bout, il en découvre finalement son véritable sentiment à son égard, et comprend aussi surtout la réelle émotion que son père avait pour lui.
 
L’enquête est lente, presque végétative, donnant ainsi une belle place au dessin, et aux paysages surprenants quant à leurs sensations insufflées, de bien-être et du besoin de les contempler malgré le climat difficile.
 
La narration est splendide et efficiente, nous maintenant ainsi en haleine, loin de la « monotonie ambiante », jusqu’à l’inattendu aboutissement, où l’absurde du récit finit par prendre tout sens !
Là où nait la brume rue de sèvres page 12
Extrait page 12 de la BD
Cette histoire est donc avant tout une aventure psychologique dans un environnement étrangement beau mais sévère et rigoureux.
 
Un livre presque simple mais infaillible.

Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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