vendredi 26 avril 2024

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Béatrice de Joris Mertens aux éditions Rue de Sèvres

Béatrice aux éditions Rue de Sèvres

Titre : Béatrice

Scénario & dessins : Joris Mertens
Editions : Rue de Sèvres
Année : 2020
Nombre de pages : 105

Résumé de « Béatrice » de Joris Mertens : 


Béatrice vit son train-train quotidien comme tout habitant de grande ville : Métro (train), Boulot, Dodo.
Mais dans sa monotonie hebdomadaire, elle remarque un sac rouge laissé à l’abandon, contre un mur dans la gare. 
Elle passe régulièrement à cet endroit, et à chaque fois ce sac est présent, chaque fois son œil est attiré, mais personne d’autre ne semble s’en intéresser.
Elle finit par craquer et par s’en emparer. 
La surprise du sac sera un beau vieil album photo que Béatrice parcourra. Elle y retracera les lieux photographiés dans l’espoir d’en retrouver éventuellement le propriétaire de cet objet plein de souvenirs…

Mon avis sur « Béatrice » de Joris Mertens :


Voilà une petite merveille des éditions Rue de Sèvres dont j’étais totalement passé à côté.
Cette œuvre est graphiquement charmante, séduisante, enchanteresse !

Béatrice aux éditions Rue de Sèvres planche 11
Planche 11 de la BD


Le scénario de « Béatrice » de Joris Mertens 


Cette histoire, fort originale, se déroule probablement sur Paris vers la fin des trente glorieuses, même si cela reste difficile à situer sans précisions textuelles. 
Les styles vestimentaires représentés aident à estimer l’époque.
Oui, cette BD est muette, mais dans les illustrations, mises en scène et le découpage, l’auteur redouble d’ingéniosité pour livrer une narration splendidement efficace !
Le découpage est réfléchi minutieusement avec des transitions de case à case exceptionnelles.
L’histoire est une poésie… un peu tristounette, autant par la solitude évoquée dans ce monde grouillant d’individus, que par l’aspect « fatidique » final.
Oui c’est un drame mais beau ! L’aboutissement d’un sortilège merveilleux et envoûtant mais possiblement malveillant…
Vous l’aurez donc compris, ce récit comporte deux facettes contradictoires. Il s’agit d’un conte bien troublant et déchirant.
Une bonne dose de fantastique surviendra pour changer le quotidien monotone de notre héroïne.
Oui, cette aventure est magique… Et c’est ce qui surprend le lecteur qui ne s’attend évidemment pas à cette tournure contextuelle.

Hormis les panneaux publicitaires aidant aux compositions des dessins, pas une seule lettre n’est écrite pour aider à la narration (même pas la moindre petite onomatopée) … 
Cependant on ressent et on entend bien le vacarme et l’agitation des grandes villes, ou à l’inverse le calme d’une chambre douillette…
Du grand art sublimé par cette absence de texte. 
Joris Mertens m’a vraiment séduit par son histoire fantastique.
Béatrice aux éditions Rue de Sèvres planche 46
Planche 46 de la BD

Le dessin de « Béatrice » de Joris Mertens 


Le dessin de Joris Mertens est incroyable ! 

Chaque vignette est évocatrice et belle. 
On passerait des heures à admirer son travail !
Son trait est magnifique ! 
Par moments, il semble être jeté rapidement sur le papier pour donner une impression de foule et de mouvement intense, mais à d’autres moments il semble être tellement appliqué et soigné pour figer l’instant et le moindre petit détail !!
Les grandes planches évoquant les photographies d’antan sont absolument divines !!!
Les émotions illustrées sur les portraits sont vraiment très évocatrices, voire même contagieuses car nous les vivons tout autant que les personnages ! 
Les mises en scènes et les plans sont choisis avec parcimonie, et jouent sur des effets graphiques détonnant: cet effet de profondeur avec ces escaliers en colimaçon par exemple est délicieux, ou alors cette double page de la ville avec une perspective à double point de fuite donne des vertiges !
Les couleurs accompagnent à la perfection le dessin et aident magistralement à la narration. Les teintes ternes mais lumineuses, presque monochromes, évoquant la grisaille et la monotonie de la vie citadine, contrastent avec du rouge vif pointant et isolant l’héroïne et son sujet de désir, le sac.
Ce jeu de couleur renforce aussi l’impression de solitude, de cocon, de tour d’ivoire que vit notre protagoniste.
Les nuancés gris des photographies, pour rappeler l’antan, se révèlent puissants, accompagnés par une maîtrise parfaite des ombres et lumières !
Et cet éclairage qui s’estompe peu à peu vers un clap de fin inéluctable… c’en est presque surnaturel, j’aime vraiment beaucoup !
Cette bande dessinée, qui se lit malheureusement trop vite, est vraiment un bijou du neuvième art !


Ciao
Yann

Béatrice aux éditions Rue de Sèvres planche 9
Planche 9 de la BD


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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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