mardi 19 mars 2024

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Révélations Posthumes de Andréas et Rivière

revelations posthumes couverture BD de Andréas et Rivière
Titre:
Révélations Posthumes 

Auteurs
: Andréas et Rivière


Editeur :
Delcourt


Année :
1991






Résumé :


Ces
révélations posthumes racontent cinq petite nouvelles étonnantes.
Se passant à différentes époques, elles sont toutes liées d’une
manière ou d’une autre à l’étrange et aussi à l’art… Découvrez
la biographie de Monsieur Barlow, mort en 1951, la petite aventure de
jeunesse de Bertram Waring, la curieuse et magnifique rencontre vécue
par Raymond Roussel en 1899, La visite de Pol Delmotte au musée de
cire Spitzner en 1919 et l’incroyable crime auquel se retrouve mêlé
Alfred J. Nobbs en 1936 !






Mon
avis :


Cinq
histoires différentes et pourtant si proches. Je vous précise
d’emblée que dans cette chronique, je ne révélerai aucun des
mystères de ces courts récits pour vous en laisser toute la saveur.
Seule votre connaissance des faits historiques liés parfois à
certaines de ces nouvelles vous aidera à comprendre le cheminement
des événements, voire à les anticiper.


Rivière
a opté pour un curieux choix, qui fait que l’on peut qualifier ces
courtes BD de nouvelles. En effet, le texte est écrit comme un
livre. Vous ne trouverez donc pas de bulles mais bien des encarts
entre les cases, autour ou parfois dedans vous narrant les faits,
toujours du point de vue d’un narrateur lié aux récits – à
l’exception de la première, une biographie racontée à la troisième
personne -. Sans doute pour nous amener de manière progressive dans
l’ambiance du fantastique.


La
première histoire est la plus curieuse, elle nous présente vu de
l’extérieur une série de faits, la vie de Robert-Howard Barlow
donc. Une narration sans montée dramatique, sans enjeux, sans
véritable obstacle et pourtant, la tension se crée.


Même
quand il ne se passe rien, le texte décrivant des moments simples de
vie, le dessin exerce sur nous une pression. On sent que quelque
chose ne tourne pas rond mais quoi ?


Dans
les nouvelles qui suivent, Rivière reprend les codes du fantastique
littéraire et aussi ceux de la dramaturgie. Le classique trio
exposition-tension-résolution est là et fonctionne à merveille.
Même si je ne peux m’empêcher de pressentir certaines des chutes,
ce qui devrait arriver à ceux qui sont habitués à rôder aux côtés
de Poe, Lovecraft ou Maupassant. Mais le plaisir est là, et ce fut
un régal de les relire, si longtemps après, et de les découvrir
avec un autre regard. J’avais même oublié la chute de la seconde
histoire, qui fut une nouvelle révélation pour moi ! Que demander
de mieux ?


Malgré
ce format court, Rivière a su prendre son temps et dilater ses
textes grâce à sa collaboration avec Andréas dont les dessins
apportent une magnifique touche fantastique complémentaire au récit.


Si
bien que ces cinq nouvelles, ma foi, se dégustent lentement mais
offrent le temps de la découverte, de l’immersion. Au fil de la
lecture se pose alors une question essentielle: quelle est la part du
réel dans cet album ?


Ces
noms, Barlow
,
Theresa Neele
, Roussel, Pol Delmotte et la maison de Pierre Loti ont un sens, ils s’ancrent dans un réel paradoxalement méconnu –
en tout cas par moi -. Alors ne cliquez sur les liens précédents
qu’après avoir lu les Révélations Posthumes, sinon, vous pourriez
trop en découvrir…




Ce
fantastique à l’ancienne fonctionne d’autant plus que c’est Andréas
qui appose sa patte sur ces histoires courtes. Et avec quel talent !
Il choisit un style totalement réaliste mais base son graphisme sur
un dessin tout en traits. Leur sens, la distance les séparant, leur
absence permettent de donner une forme concrète à ses planches.
Andréas va à contre-courant de ce qui se fait d’habitude. Ces
dessins, au lieu de chercher un dynamisme, se dirige vers un
immobilisme marqué.


Ce
tracé au trait – affectionné par l’auteur – crée un premier
trouble, surtout imposé par exemple par le blanc infiniment vide des
yeux alors que tout le reste du corps prend son relief avec ces
traits. De plus, cette absence de mouvement renvoie à des
photographies anciennes. Chaque dessin s’impose comme le reste d’un
passé, un témoignage qui dégage plus qu’une simple illustration du
texte.


De
même que Rivière écrit et nous offre dans le non-dit un message
qui nous attire vers le fantastique, de même Andréas dans les
vides, les non-dessinés, les attitudes figées, recrée aussi un
non-dit, un sous-entendu flagrant et inquiétant.


Toute
la BD est en noir et blanc. Aucune couleur, donc. Selon les
histoires, les pages sont noires ou blanches, chaque récit est
introduit par un page découpée en cases verticales, dont une seule
comporte un dessin lié à l’histoire qu’on va découvrir. Autour le
vide. Ce choix renforce le côté ancien des histoires et nous attire
vers le passé.


Cette
BD n’est pas un recueil de textes illustrés mais bien une Bande
Dessinée. En effet, Andréas nous sert un cadrage totalement BD. Les
cases sont découpées, s’enchaînent. Les choix des cases de
différentes tailles, horizontales, verticales, se mêlant les unes
aux autres imposent un style BD et non roman illustré. En creusant
plus loin, on se rend compte qu’à chaque histoire, Andréas garde ce
style curieux, figé, photographique mais qu’il modifie son cadrage
selon chaque histoire. Ce qui modifie sensiblement l’ambiance
mystérieuse flottant dans chaque nouvelle.


La
mise en scène joue sur des détails occupant parfois une case
pleine, comme un moyen d’attirer notre attention sur quelque chose
qui ne semble pas important. On se demande sans cesse quel sens a
cette image ? Pourquoi ce gros plan sur ce regard ? A qui sont ces
yeux ? Et l’angoisse s’insinue doucement au fond de nous. Et toc, les
deux auteurs atteignent leur objectif, nous faire trembler le temps
d’un dessin ou d’une phrase…




Alors,
si vous souhaitez redécouvrir le goût des contes fantastiques
d’antan, ouvrez grand les yeux et osez ces très originales
Révélations Posthumes. 
Zéda influencé dans sa vie de tous le sjours par l’étrange… 


Strip de Zéda STILL LIFE pour les 7BD du mois



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David
Davidhttp://www.davidneau.fr
Scénariste pour le jeu vidéo, le podcast et le cinéma, auteur-réalisateur de court-métrages animés, auteur dessinateur la BD numérique "Zéda, l'Odyssée du quotidien", enseignant à l'ICAN en BD numérique, et chroniqueur BD bien spûr. Sans oublier passionné de musique et de... BD ! Tout est dit.

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