mercredi 27 mars 2024

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Dormir c’est mourir de Gabri Molist chez Bang ediciones

Dormir c'est mourir de Gabri Molist chez Bang Ediciones

Titre : Dormir c’est mourir

Scénario & dessins : Gabri Molist
Editions : Bang Editions
Année : 2021
Nombre de pages : 264

Résumé de « Dormir c’est mourir » de Gabri Molist : 

Et si dormir c’était mourir ?
Chaque soir notre personnage est traumatisé par cette possibilité. 
Cet homme, serveur dans un restaurant et peu considéré par autrui, a la terrible peur de mourir. 
Et il est persuadé que dormir c’est mourir. Du coup chaque nuit, il met tout en ouvre pour ne pas dormir… 
Mais un jour, accablé de fatigue suite à une journée de travail harassant, il a bien cru voir son heure arriver. 
Il consulte son médecin dans la foulée et lui raconte sa peur. 
Le docteur lui stipule qu’il est en parfaite santé, mais lui conseil de consulter un psychologue. 
Notre héros va donc commencer une thérapie avec Agnés psychologue d’un certain âge. 
Elle lui ouvrira de nouvelles perspectives…

Mon avis sur « Dormir c’est mourir » de Gabri Molist :

Quelle curieuse BD ! 
Gabri Molist s’inspire de son expérience personnelle pour nous livrer cette étrange réflexion autour du sommeil, et cela ne laisse évidemment pas indifférent.

Dormir c'est mourir de Gabri Molist chez Bang Ediciones page 26
Page 26 extraite de la BD


Le scénario de « Dormir c’est mourir » de Gabri Molist :


Ceux qui comme moi aime dormir profondément dans un bon lit bien douillet, s’interrogeront sur cette phobie peu commune qu’est l’hypnophobie, et dans le cas de ce récit, elle est très étroitement liée à la tanatophobie (la peur de mourir).
Elle est difficilement compréhensible et assez rare, mais elle existe bel et bien, et l’auteur l’a vécu. Il nous raconte ainsi joliment et de manière très humoristique son épreuve.
Il se porte ainsi un regard très autocritique.
Gabri Molist nous évoque donc brillamment ses angoisses quotidiennes accompagnées de ces terribles symptômes : Anxiété, fatigue voire épuisement, insomnies… 
Cette peur fait des ravages et peut toucher n’importe quel quidam, voilà pourquoi l’auteur a choisi un personnage commun et plutôt banal. 
Cela permet aussi de s’associer au protagoniste tout en gardant une certaine distance.
Enfin, lorsque l’individu succombe à Morphée, son aversion prend la forme d’un monstre pouvant être effrayant au premier abord, mais qui bien vite se révèlera très croquignolesque.
D’autre part, il est intéressant de voir le regard porté sur la psychanalyse suivie par le protagoniste. 
On y découvre une interprétation particulière à mi-chemin entre le sérieux, la folie et le charlatanisme, mais comme une évidence, elle influence grandement notre héros qui y cherche une solution miracle et un espoir de guérir.
Six séances, suivies de manière plus ou moins assidues et toujours de façon très farfelue, y sont décrites. Elles conduiront évidement au graal… ou pas.
C’est une histoire des plus originale qui marquera évidement le lecteur.

Dormir c'est mourir de Gabri Molist chez Bang Ediciones page 9
Page 9 extraite de la BD


Le dessin de « Dormir c’est mourir » de Gabri Molist :


On ne peut pas dire que le trait de l’artiste soit véritablement étoffé. Bien au contraire, la ligne est des plus simpliste. 
Cependant, la grande force de ce roman graphique réside dans le conceptuel, dans les ambiances et les contrastes entre conscience et subconscience.
A ce jeu-là, Gabri Molist excelle et déborde d’imagination. 
Il use d’une ligne clair très épurée et schématisée pour illustrer la vie réelle, et donc la conscience, collant à l’image singulière et peu enthousiaste qu’il a voulu donner à la vie du héros.
Pour le subconscient, les nuances sont plus étoffées, avec des aplats de gris, de noir et parfois même avec profusion et pétarade de couleurs comme ci il éprouvait une grande joie dans son rêve.
Mais au-delà des couleurs et ou jeu d’ombres et lumières, l’auteur use d’une autre opposition remarquable : celle des formes géométriques.
Dans le monde réel, tout parait rectiligne, morne, carré et rangé, et dans les songes, petit à petit s’installent des formes géométriques plus variées, arrondies, ou bien des enchevêtrements de lignes et/ou figures diverses… Bref tout parait plus fun dans le subconscient.
Tout semble se bousculer, s’animer, s’enjoliver à partir du moment où le rêve prend le dessus.
On comprend alors que l’artiste a longuement réfléchi ses compositions, ses jeux entre case, son découpage, ses artifices visuels pour embellir sa phobie. 
Ça en devient magique et ludique. Cela égaye l’histoire, approfondi le coté rigolo des situations, et minimise l’effet du sujet abordé.

Dormir c'est mourir de Gabri Molist chez Bang Ediciones page 19
Page 19 extraite de la BD

En final c’est une œuvre drôle dans son ensemble à la recherche graphique creusée et atypique qui vous maintiendra éveiller de bout en bout.

Ciao
Yann
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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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