Bienvenue à nouveau sur le blog 7BD.fr !
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L’année 2014 s’est ouverte sur un hiver plutôt doux. La neige n’a pas encore pointé le bout de ses flocons et les pavés ne suintent pas ce verglas qui ralentit si bien tous nos trajets pédestres.
Ce qui a l’avantage de me permettre d’arriver sans encombres et surtout sans dérapages incontrôlés aux locaux de Dargaud pour une nouvelle rencontre.
Aujourd’hui, dans la petite salle de réunion, attablés à quelques chaises du groupe de journalistes, rédacteurs et chroniqueurs de tous poils, se tient un trio de choc venu des quatre coins (ou plutôt trois) du monde : Montréal, Rennes et Paris…
En effet, face à nous, donc, Régis Loisel, Serge Le Tendre et Vincent Mallié attendent nos questions pour parler du quatrième tome du second cycle de la Quête de l’Oiseau du Temps, intitulé Le Chevalier Bragon.
La couverture ne vous dévoile pas ce qui attend Bragon !
Faut-il rappeler que la Quête de L’Oiseau du temps, premier cycle, avait fait rêvé tous les amateurs de BD que nous étions, et que, j’espère, nous sommes toujours ?
L’histoire captivante, les dessins magiques et les charmes de la petite Pelisse n’y étaient pas pour rien. D’ailleurs, la BD a décroché, entre autres, le prix jeunesse à Angoulême (un prix jeunesse pour Pelisse, coquin de sort !).
Régis Loisel explique qu’il n’aime pas l’Heroic-Fantasy standard, habituelle qui régnait à l’époque, et qu’il voulait faire autre chose. Avec Letendre, ils ont travaillé à créer un monde cohérent, fantastique, mais pas spectaculaire. Ils ont veillé à ce que le bestiaire reste simple. Pas d’animaux dotés de myriades d’yeux, de crochets dans tous les sens ou à la peau constellés de piques irréelles.
Loisel, dessinateur instinctif, a avancé à la sensation, sans analyse. Quand cela ne marchait pas, il prenait une autre direction.
Ce qui surprend encore plus, c’est quand Loisel nous rappelle qu’à la fin du premier cycle, est déjà noté « fin de la première époque » !
Régis Loisel, plus souriant que le Rige
Nos deux auteurs savaient depuis le début qu’il y aurait une suite à cette quête. La matière était si dense, et les pistes si clairsemées, que l’envie et les éléments étaient là pour raconter comment les rêves de Bragon s’étaient heurtés au mur de la réalité. Mais Le Tendre et Loisel avaient besoin de souffler, de partir dans d’autres directions. Et il leur a fallu douze ans pour lancer ce second cycle.
Loisel étant pris par son adaptation de Peter Pan, il ne voulait pas ‘engager dans le dessin de ce second cycle. Le Tendre reste donc aux commandes du scénario avec son acolyte mais les deux hommes ont alors travaillé avec Lidwin pour le Tome un « L’ami Javin », puis avec Aouamri pour le Tome deux « Le Grimoire des Dieux » et avec Vincent Mallié pour les tomes trois et quatre « La Voie du Rige » et « Le Chevalier Bragon ».
Vincent Mallié était emballé quand on l’a contacté et il a vite réalisé le poids que représentait ce travail. S’il échouait, les fans l’incendieraient. En effet, Vincent Mallié a vu comment les Fans se réappropriaient la série, et comment ils voyaient les choses. Mais il fallait avant tout respecter l’histoire.
Pour tout cela, le travail sur le tome trois a été rude. Mallié devait trouver ces marques, trouver l’unité avec les auteurs précédents, trouver son style pour cette histoire. Heureusement, tout s’est passé dans l’échange avec Loisel et Le Tendre, garants de la cohésion de leur univers.
Vinent Mallié, bien plus drôle que le Rige
Vincent se rappelle que pour ce tome trois, il est passé du stade de lecteur à celui d’auteur.
Et il est arrivé sur un gros morceau, car le Rige faisait son apparition. Et le voilà face à un personnage immuable, mythique et surtout très difficile à faire bouger. La pose sur la couverture du tome trois a soulevé de nombreuses interrogations. Jusqu’à aboutir à la plus adaptée au personnage : attitude simple, souvent le plus dur à réaliser.
Loisel évoque son premier contact avec le Rige. Quand Le Tendre lui a donné ce nom, le dessinateur a tout de suite pensé à une raideur, une rigidité qu’il a retranscrit dans le dessin du personnage. Pour lui, un pont se créait avec Erich von Stroheim dans la Grande illusion, bloqué dans sa minerve rigide et se tournant comme un bloc.
Quand Vincent Mallié a repris le personnage, il a senti que le Rige faisait maintenant partie des codes de la Quête. Il ne pouvait pas prendre des postures grandiloquents, dynamiques. Le dessin de Mallié devait se rapprocher de poses stylisées simples.
Pour le Tome quatre, Vincent Mallié avait trouvé ses marques, la pression était différente que celle ressentie pour son arrivée sur la série. Il ne fallait pas pour autant se reposer sur ses acquis. Et le dessinateur a à nouveau tout donné. D’ailleurs, avec Loisel et Le Tendre sur le dos, qui le poussaient jusqu’au bout.
Scénaristiquement, Le Tendre tenait à continuer à jongler entre les codes du conte et la violence de la réalité. C’est pour cela que ce tome quatre réserve encore de belles surprises narratives que je me garderais bien de vous dévoiler.
Un extrait, qui ne dévoile rien, à part le magnifique travail de nos trois auteurs !
Vincent Mallié retire aujourd’hui de cette nouvelle aventure le souvenir d’une expérience incroyable. Et aussi le besoin de s’exprimer ailleurs, dans d’autres histoires, d’autres manières.
Le tome quatre est sorti. Maintenant, il va faire son chemin jusqu’au cœur des lecteurs. Mais l’aventure continue car avec la sortie, vient le temps des dédicaces, des tournées, des rencontres…
Et l’avenir dans tout cela ?
Celui de la Quête repose essentiellement sur la suite de cette seconde époque, qui devrait comporter six tomes. Et plus tard, la création d’une troisième époque, Après la Quête !
Elle serait composée d’un grand tome racontant la mort de Bragon, vieux, aux portes de la folie. Loisel reprendrait le dessin pour ce crépuscule du chevalier.
Et seulement après, peut-être, pourrait venir le temps des adaptations. Les auteurs ont déjà été contactés mais ils ne veulent pas changer la fin de l’histoire. Modifier certains points pour pouvoir, par exemple, donner lieu à une série, pourquoi pas ? Mais hors de question de toucher au fond, à l’essentiel, et la conclusion de l’histoire fait partie de ces fondamentaux.
Et puis, comment lancer une adaptation cinéma ou télévisée sans connaître la fin de l’histoire ?
Quant à notre trio d’auteurs, leur futur est bien chargé.
Le Tendre travaille avec David Khara à l’adaptation en BD de son roman « Les Vestiges de l’Aube ». Touché par cette rencontre avec l’auteur et par cette étrange histoire d’amitié entre un vampire et un policier après le onze septembre, Le tendre a décidé, sur la demande de l’auteur, de s’embarquer dans ce nouveau périple. Le tome un sortira en mars, chez Dargaud. En Avril, paraîtra le Tome deux de La griffe Blanche, avec Taduc, toujours chez Dargaud. Et l’auteur a également dans les bacs un projet avec Guillaume Sorel, mais pas chez Dargaud…
Serge Le Tendre, bien plus chaleureux que le Rige
Régis Loisel, lui, va finir Magasin Général avec un ultime tome de cent vingt pages. Puis il retrouve Vincent Mallié et Jean-Blaise Djian pour travailler sur le prochain tome du Grand Mort chez Vents d’Ouest. Ensuite le dessinateur va repartir pour finaliser… Un court métrage qu’il a réalisé et pour lequel il doit retourner quelques scènes. Et encore après (et oui, ils ne s’arrêtent jamais, nos auteurs favoris), il dessinera un album de Mickey, à l’ancienne, ambiance années trente, en strips noir et blanc.
Vincent Mallié sait que le Grand Mort l’attend mais à ce stade d’une sortie, il a du mal à se projeter dans le futur. Intrigué par les parutions, comme à son habitude, il parcourt les librairies, se livrant à quelques espiègleries d’auteurs…
Alors, oui, rendez-vous chez votre libraire pour vous procurer le tome quatre de cette quête. Et si, une fois sur place, vous apercevez un homme qui feuillette une BD et la repose innocemment sur la pile voisine, celle d’une autre série, souriez et allez lui dire bonjour, c’est peut-être un auteur inquiet ou juste un peu joueur qui vient aider sa BD à trouver son public; et pour vous, ce sera peut-être l’occasion d’une belle rencontre.
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