jeudi 18 avril 2024

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Au coin d’une ride de Thibaut Lambert aux éditions Des ronds dans l’O

Au coin d'une ride de Thibaut Lambert aux éditions Des ronds dans l'O
Titre : Au coin d’une ride
Scénario et dessin : Thibaut Lambert
Editions : Des ronds dans l’O
Année : 2019
Nombre de pages : 46

Résumé de Au coin d’une ride:

Eric, homme d’un certain âge, a rendez-vous dans une maison de retraite médicalisée, afin d’y confier son compagnon George, atteint par la maladie d’Alzheimer. Il est convaincu qu’il s’agit là de la meilleure solution car ce dernier n’est plus gérable.
La séparation est difficile, d’autant plus lorsque le directeur de la maison demande à Eric de cacher sa relation amoureuse avec George aux autres pensionnaires.
George sera placé dans une chambre « double » et aura un colocataire.
Eric de son coté, s’apercevra que le vide laissé par George sera tout aussi difficile à supporter…

Mon avis sur Au coin d’une ride:

Thibaut Lambert nous offre là une belle leçon d’humilité.
Il réussit à évoquer admirablement, en un seul ouvrage, quatre sujets sociétaux presque tabous : la démence de la maladie d’Alzheimer, l’isolement des vieilles personnes, les relations amoureuses à différence d’âge importante et l’homosexualité.
Cette histoire en devient ainsi pleinement chargée en émotion.
Au coin d'une ride de Thibaut Lambert aux éditions Des ronds dans l'O page 6
Extrait page 6 de la BD

Le scénario de Thibaut Lambert sur Au coin d’une ride :

Thibaut Lambert nous décrit avec une grande modestie une simple histoire d’amour dans toute sa complexité, d’autant plus si plusieurs facteurs sont plus ou moins mal vus ou mal gérés par la société actuelle.
Tout est basé sur un jeu subtil d’émotions fortes, se voulant être maladroitement dissimulées en présence d’éléments externes à la relation.
On devine admirablement bien la gêne du protagoniste principal, Eric, quant aux regards des autres sur lui et sur son compagnon, à travers sa réserve et sa frustration à ne pouvoir exprimer pleinement ses sentiments en public.
De son côté, le deuxième protagoniste, George, est lui aussi superbement bien décrit : Bipolaire comme peuvent l’être les personnes souffrant d’Alzheimer et, en ajoutant à cela, une certaine exubérance et indifférence du à son âge avancé.
Le cocktail formé par ce couple peu commun est ainsi détonnant mais émouvant.
L’auteur nous touche aussi car la maladie (Alzheimer mais aussi d’autres maladies comme cancers et compagnie) qui peut toucher un conjoint est une véritable épreuve à supporter à la fois pour le malade comme pour sa moitié.
Ce genre d’évènement peut avoir des conséquences catastrophiques pour un couple, mais il est révélateur de « vrai » amour. Chaque moitié souffre et supporte l’autre malgré le mal-être.
Et cela peut arriver à n’importe qui….
Outre ces sujets « sérieux », l’histoire est ponctuée de touches d’humour fort bienvenues, à l’image de ces trois petites vieilles commères ou du colocataire André…
Une belle et tendre histoire très humaine !

Au coin d'une ride de Thibaut Lambert aux éditions Des ronds dans l'O page 4
Extrait page 4 de la BD

Le dessin de Thibaut Lambert sur Au coin d’une ride:

Le dessin de Thibaut Lambert sert habilement le scénario.
Il est simple, au trait épais, parfois grossier (sans connotation négative), semi-réaliste.
L’auteur ne s’embarrasse pas de détails superflus et focalise sa ligne sur les personnages.
Ce choix est évidement judicieux car dans ce scénario tout est question d’émotions et de sentiments, et seuls les protagonistes peuvent les porter…
Bien que l’épaisseur du trait soit bien prononcée, les visages et les gestuelles des personnages sont très expressifs. Les émotions se révèlent… c’est là tout l’art de la suggestion par l’image.
Le lecteur interprète sans même se poser de question. La projection est réussie.
Les couleurs franches et unies apportent un peu de chaleur à cet environnement maussade qu’est la maison de retraite.
Ceci dit, l’unicité (absence de dégradé et variante de tonalité) fige l’image et permet de conserver cependant un certain spleen contextuel.
Il n’y a que peu d’effets ou d’artifices graphiques, le découpage en gaufrier fonctionne bien et la mise en page reste claire et aérée.
En bref, le dessin aussi simple qu’il soit, porte de manière très juste cette romance compliquée.
Cette BD est à découvrir.
Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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