mercredi 27 mars 2024

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Et pourtant elles dansent… de Vincent Djinda

Et pourtant elles dansent... aux éditions Des Ronds Dans l'O

Titre : Et pourtant elles dansent…
Tome : one-shot
Scénario et dessin : Vincent Djinda
Editions : Des Ronds dans l’O
Année : 2019
Nombre de pages : 280

Résumé de l’éditeur :

Marie-Noëlle, Denise, Asyath, Odile, Lizana, Emi­na ou encore Augustine et d’autres, toutes femmes réfugiées en France, se retrouvent à l’association Femmes en Luth à Valence et se sont confiées sur les raisons qui les ont contraintes à quitter leurs pays, souvent pour leur survie, laissant parfois leurs proches et leurs biens derrière elles. Portant le poids d’une culpabilité qui ne les quittera pas, elles évoquent les violences subies, les tortures au tra­vers de leurs témoignages, affichent leur courage et transmettent malgré tout un message de paix. Elles chantent, dansent, peignent et sourient ! Présent dans l’association, Vincent Djinda les a accompa­gnées durant une année.

Mon avis :

Qu’est-ce que j’aime le trait de Vincent Djinda !
Il m’avait déjà séduit pour son roman graphique Zia Flora avec Fred Paronuzzi au scénario.
Et il revient cette fois-ci, seul aux manettes, avec une BD reportage des plus poignantes et touchantes.

Et pourtant elles dansent... aux éditions Des Ronds Dans l'O extrait 1
Page extraite de l’album

Le scénario :

Cette œuvre est une succession de témoignages des femmes de l’association « Femme en Luth » de Valence.
Chaque histoire narrée par ces héroïnes du quotidien est des plus dures et des plus inimaginables pour nous, petits caucasiens privilégiés assis au fond de notre fauteuil.
Nous sommes vraiment loin d’imaginer et de connaître toutes les atrocités vécues par ces courageuses dames…
Et elles nous livrent cela, simplement, comme ça, avec leurs mots, souvent difficiles à trouver à cause d’une différence de culture et/ou d’ethnie, mais surtout très difficiles à entendre.
A la lecture de ce livre, nous ne pouvons pas rester insensibles à l’histoire de chacune de ses guerrières de la vie, et l’on s’interroge fortement aussi sur les émotions que le jeune auteur qu’est Vincent Djinda a pu rencontrer au cours de ses nombreux échanges.
D’ailleurs, ce n’est pas innocent si le système de narration est tel que l’on ne voit jamais les questions posées par l’auteur !
Cette technique de narration est intrigante au départ, puis au  fil du récit, nous l’occultons totalement et nous nous passons, sans aucun problème de compréhension, des questions.
Seules les réponses apportées comptent, et aux échos des paroles de ces dames, on comprend parfaitement qu’elles étaient les interrogations.
Les âmes sensibles n’arriveront probablement pas au bout de l’ouvrage, car plus on avance, plus les expériences contées sont dramatiques, catastrophiques, inconcevables… mais elles sont réelles.

Et pourtant elles dansent... aux éditions Des Ronds Dans l'O extrait 2
Page extraite de l’album

Le dessin :

Je trouve dans le dessin de Vincent Djinda énormément de similarité avec celui Jérémie Moreau (fauve d’or d’Angoulême 2018).
Et ces deux auteurs se connaissent d’ailleurs très bien, car il me semble qu’ils ont travaillé ensemble à l’école de cinéma « la poudrière » de Valence.
Le trait de Vincent Djinda est vif et épais, simple, mais tellement expressif et élégant.
Il y a quelque chose d’indéfinissable et d’intangible dans ces lignes, ces courbures etc…, mais c’est tellement beau, et cela révèle d’autant plus la beauté du cœur de ces dames.
Les tons gris sépia permettent un certain recul sur le récit, illustrant inconsciemment le passé et le fait que l’on ne peut pas revenir en arrière.
La technique du lavis est superbement maîtrisée apportant de belles nuances de teintes pour jouer sur les ombres et lumières.
L’auteur a aussi la délicatesse, ou le génie selon le point de vue, d’égailler les scènes par les turbulences enfantines des garnements de ces mamans à l’image de Gift, ce petit bout toujours curieux, joueur et débordant de vie et d’énergie.
Les mises en scènes sont simples, avec des alternances de plans, essentiellement entre gros plan et plan taille apportant ainsi un beau réconfort visuel lorsqu’une vue d’ensemble ou un effet  de perspective est pratiqué.
Ce jeu de plans rapprochés est évidemment des plus logiques pour illustrer des entretiens dans un lieu unique, une sorte de huis clos. Et Vincent Djinda le réalise à merveille avec un œil de réalisateur cinématographique.

Et pourtant elles dansent... aux éditions Des Ronds Dans l'O extrait 3
Page extraite de l’album

Vraiment, ce livre est exceptionnel.
Le travail de l’auteur est juste remarquable et admirable.
Il s’est lui aussi illustré par son courage à écouter avant tout, et puis retranscrire ces histoires folles et cruelles de ces réfugiées.
Et elles se sont confiées simplement, sans même se plaindre un seul instant, sur leurs difficultés, leurs sévices, leurs expériences, leurs espoirs…
Et elles continuent de vivre, de danser…


Ciao
Yann

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Yanndallex
Yanndallex
Je suis évidemment un passionné de BD depuis ma jeunesse. Un malheureux accident de vélo ma valu quelques jours d’hospitalisation. Ainsi ma famille, pour me faire passer le temps à l’hopital, m’offrit des exemplaires de la série des Tuniques Bleues. Cette série a été une révélation ! J’étais émerveillé de pouvoir lire des histoires humoristiques liées à des évènements dramatiques (la guerre de sécession, le racisme etc…). Je me régalais à suivre les aventures de mon personnage favori le caporal Blutch. Puis vint la pleine adolescence pour découvrir des séries plus sérieuses, ou toujours humoristiques, d’héroïque fantasy, SF ou policières (XIII, Thorgal, la quête de l’oiseau du temps, le grand pouvoir du Chninkel etc…). J’y ai découvert ainsi des styles graphiques plus travaillés, détaillés, réalistes, poétiques etc… une deuxième révélation pour m’ouvrir progressivement à la bd adulte. A ce jour j’aborde chaque nouvel ouvrage comme une surprise, une promesse d’une belle histoire, que l’on aime, ou que l’on n’aime pas. J’ai pris conscience au cours des années qu’une histoire illustrée de 48 pages, ou plus, n’était pas si facile à créer de manière scénaristique mais surtout graphiquement. Le talent n’est pas inné, et à chaque vignette, je contemple d’autant les années de travails des auteurs. J’admire les techniques graphiques (que je ne soupçonne parfois pas du tout), les choix de couleurs ou du noir et blanc, le travail sur les mises en lumière, la conception des mises en scène, le choix des plans, des effets, des perspectives, le découpage élaboré, les transitions des plans séquences etc… Bref mon œil s’est avisé, mais je n’en reste pas moins admiratif du travail réalisé et des sacrifices réalisés par chaque artiste pour offrir du plaisir à son lectorat, et cela même si l’histoire ne m’a pas forcément plu. J’aime aussi souvent à chercher d’où a pu venir l’idée de l’histoire, très souvent inspirée de fait divers, ou de l’histoire avec un grand H. Je suis aussi toujours émerveillé par la diversité des sujets traités par ce média. Cette disparité permet des livres souvent très intimes avec des témoignages poignants et durs, mais aussi de s’enrichir culturellement, s’ouvrir à des expériences inattendues, parfois loufoques et hilarantes, etc… Et elle nous promet encore de grande œuvres !!

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